Salamat pagi, (bonjour)

Au fait, je ne vous ai pas dit mais je suis à Bornéo : Un peu de géographie, Bornéo est une île qui appartient à 3 pays : Le sud est indonésien, le nord est malais et un minuscule bout est le sultanat de Brunei. La partie malaise se divise en 2 régions, Sabah et Sarawak. Je quitte Sarawak demain pour Sabah. J’ai passé une journée dans Kutching (qui veut dire Chat en Malais), il y a des statues de chats un peu partout et même un musée leur est destiné. On est aux portes de la jungle mais il y a quand même MacDo et KFC…mais c’est une jolie petite ville coupée par une rivière avec un front de rivière où on peut se balader et manger des brochettes de jenesaisquoi.

La ville ça va un peu, alors je suis partie en balade. J’ai fait 2 jours dans un parc national Bako plein de singes. Quand tu t’installes pour déjeuner il faut surveiller les alentours car des macaques se pointent à toute vitesse et te pique de la bouffe dans ton assiette. J’ai beau avoir une super condition physique (Jamila, je n’accepterai aucun commentaire inutile et désobligeant…) mais marcher dans la jungle sous une chaleur et une humidité si forte, ça te tue. Encore heureux qu’il y a une superbe plage de sable orange dans une petite crique au bord de la mer de Chine, pour faire un break. L’eau doit être à 28 degrés…un régal. Ces 2 jours ont été l’apéritif car je suis parti ensuite pour 4 jours dans la jungle, la vraie.

J’étais avec 4 anglais de 20 ans qui ont passé leur temps à parler de boysband (no comment mais bon…). On devait rejoindre sur une rivière les habitants d’une LongHouse appartenant aux Ibans (400000 à Bornéo). Une LongHouse est une grande maison de 120m de long sur 50 de large où ils vivent tous ensemble. Pour y accéder, 4 heures de bus (50ff, hé, la caissière en chef de Santa Azur spécialisée sur Chamonix, faut revoir les prix de tes bus….) puis 3 heures de pirogues à moteur (les pirogues, c’est 20m de long sur 1m de large). Enfin, tu te sens dépaysé. Et enfin tu arrives chez les Ibans. On a passé 4 jours à se balader dans la jungle, à remonter des rivières dont tu vois pas 50 cm de fond et infestées de sangsues (j’étais en maillot de bain qui partait du genou et il y en a une qui est arrivée à se coller sur ma fesse droite. Incroyable !!! Le guide de la longhouse nous a fait les repas cuits dans des bambous.

La nuit, il nous a proposé de nous balader avec des lampes torches et d’aller chasser. Ouais, enfin chasser c’est un bien grand mot : Remonter de nuit une rivière (de l’eau jusqu’a mi-cuisse) à la recherche de proies, pas des lions, pas des tigres, encore moins des singes mais des….grenouilles. La chasse à la grenouille. Super chasseur. Enfin, les grenouilles, ce ne sont pas nos reinettes, elles font la longueur du bras et certaines ont la peau venimeuse et il faut surtout pas les toucher. Alors comment trouver une grenouille dans la nuit, c’est simple, la lumière reflète leurs yeux d’une couleur orange brillant !!!

Quand on est arrivé à la longhouse, on a eu le droit à la cérémonie de bienvenue (il faut savoir que c’est pas organisé par un Tour Operator donc très peu de personnes y viennent car trop loin, c’est un Iban sur Kutching qui propose le trip), ils dansent puis on doit faire comme eux : ça consiste à marcher en rond en cadence en battant des bras….. J’ai discuté un peu avec le chef (il ne sait pas son âge car ceux qui ont plus de 30 ans sont nés dans la jungle et la notion d’anniversaire leur est inconnue) et il m’a montré quelque chose au plafond. 3 crânes humains noircis. Il faut savoir qu’il y a 100 ans, les Ibans étaient des coupeurs de têtes et ils gardent ces têtes pour montrer qu’ils étaient de terribles chasseurs. Tu fais moins le mariole.

Le chef a voulu me mettre la pression en me montrant les crânes et en me faisant comprendre que c’est lui qui avait tué les gens avec une sarbacane. Le chef m’a officiellement invité à revenir quand je veux dans la longhouse et pour le temps que je veux, donc si dans les prochaines années certains veulent aller se dépayser, je vous ferai le guide. Pendant ce temps les anglais parlaient boysband… Oui, j’ai oublié de vous dire qu’une des anglaises s’est pointée pour marcher dans la jungle en paréo et sandales…encore un boulet… Elle appelle le guide en lui montrant une sangsue sur la jambe, et le guide lui répond ‘tu as de la chance !’. Elle demande pourquoi elle a de la chance. Lui : ‘tu n’as qu’une seule sangsue’. Au fait, mes nouvelles pompes, c’est de la daube, elles n’accroch

ent rien sur terrain mouillé (ça tombe bien pour Bornéo) et je me suis vautré plus d’une fois.

Quand on est revenu, la longhouse était en branle bas de combat, un singe était venu 2 fois agresser un enfant. Ils ont donc organisé une chasse et j’ai demandé à y participer. Au début, ils étaient pas motivés (et j’ai compris ensuite pourquoi…) mais finalement j’ai accompagné 5 chasseurs. J’ai beau être le touriste de base, c’est pas un singe grand comme 3 pommes à genoux qui va me faire peur, mais bon, j’ai pris mon couteau au cas où… Nous voilà donc partis, les chasseurs avaient des coupe-coupes et des sarbacanes. J’ai discuté avec un des chasseurs qui m’explique que s’il y a un problème, je dois plonger par terre. Je lui demande pourquoi, et bien par ce que les fléchettes sont empoisonnées et qu’une fléchette perdue pourrait m’atteindre et qu’elle tue un homme en 15 minutes et le singe en 30. Je lui dis que je suis étonné qu’un singe comme un macaque prenne plus de temps à mourir qu’un humain. Et là, je réalise qu’il y a une erreur dès le départ, c’était pas un macaque mais un orang-outang de 2 mètres qu’on allait chasser. La donne était plus la même…et mon couteau pouvait tout juste servir à lui nettoyer les ongles. Là, tu fais moins le fier !!!! La tension a commencé à monter, les chasseurs se sont un peu écartés et je suis resté 2 mètres en retrait. On regardait dans le haut des arbres quand le singe a déboulé à toute vitesse. Moi, j’ai obéi aux consignes, j’ai plongé au sol….Le singe a envoyé balader un des chasseurs contre un arbre et a disparu. 1er round, 1-0 pour le singe, le chasseur KO, côtes brisées. Je me suis dit, et si j’allais parler boysband… Bon, on a continué. Le singe a surgi de nouveau, j’ai plongé de nouveau. J’ai entendu le bruit de fléchettes, des cris puis plus rien. 1 chasseur avait le bras droit qui faisait un triangle et 1 autre pendouillait sur une branche. En moins de 15 minutes, il y avait déjà 3-0 pour le singe. Bon, j’arrête mes conneries, je suis un peu en avance pour le 1er avril 2003 mais ça me faisait tellement plaisir….A part l’histoire du singe, tout le reste est vrai et les gens sont super accueillants. J’espère que je vous ai fait rigoler….

Allez A+