Ça y est, c’est le grand départ. Minuit, tout le monde s’équipe (4 couches de vêtements : T-shirt technique, polaire n°1, polaire n°2 et veste Gore Tex) et on part avec le guide et 3 assistants qui sont là au cas où certains d’entre nous veulent faire demi tour. Les porteurs roupillent dans la tente mess, ils vont enfin se reposer un peu.

Objectif : 6 heures pour faire atteindre le sommet à 5895m pour le lever du soleil. Nous voilà parti avec les lampes frontales, des barres énergétiques plein les poches et bien évidemment l’indispensable appareil photo du parfait touriste.

J’ai jamais marché aussi lentement mais c’est obligatoire si on veut y arriver. On a aussi un caisson oxygène mais apparemment, on ne pourra pas l’utiliser car le terrain est trop en pente… Nous, on galère pendant que le guide chante et danse en marchant. T’as envie de le frapper mais t’as pas la force. Au bout de 4h tout le monde est dans le coma, à cause du froid, de la fatigue, de l’altitude. Il y en a un qui vide ses tripes. Celui qui marche devant moi est en train de s’endormir, il faut parfois que je le retienne pour ne pas qu’il tombe en arrière. Dés qu’on fait des pauses de quelques minutes on s’endort à moitié.

On s’est pris un peu de neige mais coup de chance, il n’y a pas de vent sinon on en aurait vraiment bavé !

On nous a dit que si on arrivait à Stella Point, le plus dur serait fait et on était sûr d’arriver jusqu’au sommet, donc motivation pour Stella Point. On marche dans le clair-obscur sans savoir si on est encore loin de se fameux Stella Point. Dernière grande montée et enfin on arrive sur un replat où on voit l’intérieur du cratère (et oui, le kili est un volcan). A ce moment les guides nous félicitent, eux ça fait 100 à 200 fois qu’ils montent. Tout le monde est content, le plus dur est fait et en plus les guides sortent de leur sac des thermos de thé et des biscuits. Je m’attends à des remarques de votre part sur le côté luxe… C’est vrai qu’atteindre le somment n’est plus un problème mais c’est une longue marche sur le cratère, dans la neige, et ça n’en finit plus. Ok j’ai signé pour en chier, c’est normal que j’en bave !

Finalement à 6h du matin, on arrive au sommet. On est en avance pour le lever du soleil, on est crevé mais content et tout le monde y est arrivé. Que se passe t-il ? Premier trek où il n’y a pas de boulet ! La poisse aurait enfin tourné. On voulait se faire prendre en photo au sommet en train de jouer aux cartes et envoyer la photo au Guiness Book, mais bon, pas suffisamment motivé pour la photo. On attend quelques minutes le lever du soleil et on se fait vite fait-bien fait, prendre en photo et on se casse pour redescendre. Quelques photos sur le glacier avant que celui-ci disparaisse complètement dans 20 ans.

Et oui, j’ai oublié de préciser qu’il y a 2 heures de descente pour revenir au camp Barafu et on se retape encore 3 heures pour redescendre à une altitude de 3200 mètres afin de ne plus avoir d’effet de l’altitude.

Sur les derniers 200m de la descente, histoire d’être complément dingue, avec un des autres on part en footing, c’est vrai, on n’avait marché que 15 heures depuis le veille.

Ça sera la seule nuit où j’aurais vraiment dormi, complètement crevé.

Ricardo version Indiana Jones…

APS_