Salut, la prochaine fois que vous voulez m’empêcher de rentrer en France, essayez de trouver des gars pas trop bras cassés ! Ils ont pas été bons vos bédouins du dimanche…

Visite de Shahara, comme je vous l’avais dit, ça pouvait être chaud, il y a donc en principe la police touristique qui nous attend à Amran pour faire la route jusqu’au pied de la montagne où se trouve Shahara puis c’est le bédouin qui prend la relève.

Déjà, pour aller sur Amran, pas un chat sur la route, toutes les villes sont mortes sauf aux endroits pour voter et là c’est un vrai bordel, impossible de passer. C’est étonnant la conduite yéménite, c’est n’importe quoi, ils s’engueulent tous, ils sont armés et jamais un mec descend de la voiture pour se friter.

Ah, au fait, j’ai écrit ce passage du funduk de Shahara avec en bruit de fond mon copain le muezzin qui fait son Allah akhbar.

Donc, arrivé à l’entrée d’Amran, chekpoint de la police qui nous fait chier alors qu’en principe c’est à la sortie de la ville qu’on nous accompagne. Finalement, on nous laisse traverser la ville sans escorte. Arrivé à la sortie de la ville au fameux checkpoint, on te fait poireauter 20 minutes. Je me mets dans un coin à l’ombre pour bouquiner, vla qu’un flic se pointe pour me baragouiner sur Zidane, le coup de boule, les élections et Chirac… Finalement, ils nous disent d’y aller mais je ne vois pas de voiture de police. Je demande au chauffeur : L’escorte est devant. Bon, ok. En fait, on les croise roulant dans l’autre sens… Après qu’ils ne viennent pas se plaindre si on se fait enlever. C’est que dans cette région, on est à nouveau au pays du sac à main griffé Kalashnikov… Donc, on fait tout le chemin seul pour finalement arriver où le bédouin nous attendait avec le repas avant de monter au village. Et juste à ce moment, débarque qui ? Nos chers flics qui arrivent juste pour l’heure du repas, quel timing. Ah ça, c’est sûr qu’ils l’ont protégée la bouffe…dans leur estomac… Après ils ont disparu, ils avaient dû s’assurer que la bouffe n’était pas empoisonnée, c’est pour ça qu’ils ont fini toutes les gamelles.

Après, bien évidemment, séance de Qat. Tu penses rester tranquillement assis sur ton matelas entouré des armes des flics, mais non, tu es invité à rejoindre une pièce exprès pour cela, la Madradj en compagnie de tout le gratin du coin : Le cheikh (le mot local pour le capo de tutti capi) de la région et ses sbires. Et donc on t’installe à la meilleure place et chacun te file une branche de Qat. Le chauffeur, considéré comme un grouillot de base est dans un coin sans coussin avec un peu de Qat. Je vous l’ai dit plusieurs fois, VIP au Yémen.

J’ai les contacts des cousins du Cheikh qui étudient la médecine en France. On va se faire des Qat party !!

Ah un truc à savoir, ici quand tu fais la bises à quelqu’un d’important, tu lui fais une bise sur la joue gauche et 3 sur la joue droite. Moi, je me suis limité au Salam Aleykoum de base.

Puis on est monté au village dans le pickup pourrave du bédouin. Je me suis dévoué, je suis monté sur la plateforme arrière, debout en m’accrochant à la barre pour essayer de prendre des photos. Faut dire qu’on longe des à pics impressionnants. J’ai encore tous les os qui tremblent et des photos nazes. Pas ma faute, c’est l’appareil. De toute façon, pour les images, il vous suffit de regarder les infos à la TV…

A se demander combien de bagnoles ont fini en bas. Avant c’était les enfants qui conduisaient mais l’agence ne veut plus car les touristes ont la trouille. Tu m’étonnes, un gamin de 15 ans sur une route où au moindre faux pas, tu plonges…

Pourquoi monter là haut, en fait, tu montes par une route qui est vraiment incroyable et pour voir un pont en pierre du 17ème siècle qui relie deux montagnes au dessus de 1000m de vide. En fin de journée, le bédouin m’amène à un endroit pour voir le coucher de soleil et en attendant on fait quoi ? On qat… Et manque de pot, une palanquée de nuages donc retour au funduk. Une heure plus tard, un énorme orage qui pète dans le village, des grêlons gros comme des billes. Résultat, 1 mort. Ça rigole pas ici !

Ah oui, un truc à savoir, ne jamais qater et boire du thé. Résultat, j’ai dû dormir 2 heures.

Le lendemain, je me suis vengé du bédouin qui m’avait dit de boire du thé. On devait faire une partie de la descente à pied. J’ai demandé à prendre le chemin le plus long et en plus je suis passé devant histoire de le faire galoper avec ses tongs…C’est mesquin mais je me venge avec mes moyens, je ne suis pas armé. En plus, il s’est mal organisé, on est arrivé beaucoup plus haut que l’endroit où la voiture nous attendait… et hop une petite marche de plus.

Retour sur Sanaa. La protection des flics, quels flics ???

Au fait, les élections. Ecrasante victoire du président donc tout va bien.

Alors, à moins d’événements intéressants à vous raconter sur les deux prochains jours, ça devait être mon dernier email. Mais je lirai mes emails samedi inch Allah.

Le bédouin