Oui, miracle, tu es dans un endroit (Kolonodale), où tu pensais même pas qu’ils avaient l’électricité et ils ont l’internet le plus rapide d’Indonésie.

Dans ton dernier mail, je partais le lendemain en bus pour Tentena. Déjà, on te dit de te pointer à 8h30 même si le bus est a 9h en cas où miracle, il partirait en avance. Il arrive à 9h10 et le temps de charger les sacs de riz et autre conneries, on part à 10h. Et ca ne fait pas 2 minutes qu’on est dans le bus, que les gars, chauffeur compris, fument comme des pompiers. 5 km plus loin dans un tournant tout simple, ce gros nul de chauffeur est allé tout droit et on a fini en parti dans le bas côté. Il essaye de sortir le bus et il est tellement fort qu’il se fout encore plus dans le bas côté. Les 2 aides du chauffeur (ouais, en plus il a 2 aides) vont sous le bus pour voir ce qui ne va pas et pendant ce temps, l’autre se met à l’ombre tranquillement.

Les indonésiens sont des gens patients et assez fatalistes sur certains points. Au bout de 2 heures, tu leur demandes ce qu’on attend car visiblement il y a un truc de péter sous le bus. Ils espèrent que la compagnie va envoyer un autre bus. Le bureau de la compagnie est à 5 km, ca fait longtemps qu’ils auraient fait quelque chose. T’as craqué quand t’as vu toute la bande de charlot ressortir de dessous le bus et venir s’installer boire un café, peinard. T’as pris ton sac et t’es retourné en ville avec un billet pour le bus du lendemain, même compagnie. N’ayant rien à foutre, t’as loué une moto. 2 heures après c’est l’embrayage qui lâche, quasi impossible de passer les vitesses. Putain de journée!!

Donc le lendemain, c’est reparti avec le bus. Incroyable, on est parti à 8h30. Il doit y avoir 300km, on a mis 11 heures. En fait, à chaque fois que tu prends un passager, ca prend 15 minutes, le temps de charger ses paquets et ses sacs de riz de 50 kg. A croire qu’il déménage.

Je vous passe aussi la crevaison et pas de roue de secours. Finalement, t’en as eu plein le cul et t’es descendu à un village (Pendolo), 80 km avant ton point d’arrivée. Là, on te dit qu’il y a un hôtel mais manque de pot (ca continue), coupure de courant dans le village, donc tu marches seul avec ta lampe frontale sur le bord de la route (oui, en partant à 8h30 du matin, t’es arrivé à 19h30 du soir et il fait nuit). Un jeune t’indique où se trouve l’hôtel, sur une petite route à 200m de la route principale. T’arrives devant l’hôtel qui a l’air désert et tu te dis que ca va pas être simple cette histoire. T’appelles, personne. Et là, tu te dis, qu’on arrête de déconner et tu fonces vers le bus qui s’était arrêté pour la pause diner pour finalement aller dans la ville prévu (Tentena). Mais tu recroises le jeune qui te dit que s’est ouvert donc tu repars avec lui et effectivement, il faut marcher 200m à l’intérieur de l’enceinte pour trouver un mec avec une bougie étonné de voir un touriste débarqué.

Le lendemain, c’est dimanche et ça beau être un pays musulman, les transports en commun et beaucoup de magasins sont fermés. Et t’es resté dans ce village la veille car un local t’as dis qu’il n’y aurait pas de problèmes pour trouver un transport. Que dal!!! Seule solution tu prends un ojek (un mec en scooter) pour faire 50km pour aller à l’intersection de la route principale où tu espères trouver un bus pour aller au bled perdu dont tu ne sais même pas pourquoi t’y vas. Le seul problème, c’est que t’as 20 kg de sac à dos et qu’en plus, à peine parti en scooter il se met à pleuvoir et t’es en short, t-shirt, tongs et sans casque. A la moindre gamelle, t’as besoin de te faire greffer une nouvelle peau.

Arriver à Taripa, t’espères chopper le moindre transport qui t’emmène à Konolodale. C’est mal barré. On te dit d’attendre ‘sebentar’. Ca veut dire ‘un moment’. Mais un moment ici peut durer une journée. Seul solution, tu attends côté du poste de police et forcement il y en a un qui vient discuter avec toi (doit pas avoir beaucoup de touristes qui viennent poireauter dans le coin). Et du coup, lorsqu’un camion est passé, il lui a fait signe de s’arrêter. Le chauffeur, inquiet, est sorti avec ses papiers et certainement du pognon dans la poche (à chaque poste de police, l’aide du chauffeur de bus descend et va donner un bifton. Ici, le job de policier s’achète 8000 euros, après, il le rentabilise). Et du coup  t’es monté dans le camion grâce au flic.

Sur une base 30 km/h pour faire 150 km ca fait une longue journée surtout qu’on crève de chaud. Au moins, à cette vitesse, l’accident tu le vois arrivé. Et après ça, vous appelez ca toujours des vacances??? Tu penses que tu vas aller faire l’australien à Bali, boire de la bière vautré sur la plage et te faire faire des massages.

Pour finalement arriver à ta destination où, incroyable, un couple de français revient d’une ballade dans la jungle où vit le peuple Wana. Et du coup, tu récupères leur guide (sinon impossible d’en trouver un) et demain tu  prends une pirogue à moteur pendant 6 heures pour traverser un bras de mer et remonter le fleuve Morowali. Ils vont t’organiser une séance chamanique, il faut apporter de l’alcool et du tabac.

Là-bas, l’argent leur sert à rien, tu les payes en sac de riz et médicaments!!!

Si tout va bien, si tu ne te fais pas chamaniser, tu reviens vendredi.

Ricardo plein le dos