Le Groenland est un pays de poisson, la plupart des locaux vivent de la pêche, à chaque village il y a une conserverie, donc on s’était dit qu’on allait se régaler tous les soirs car certains avaient amené le matos nécessaire. Un des gars avait amené une canne à pêche mais à part des rascasses immangeables, pas une touche. Le guide a essayé, lui le spécialiste des régions polaires mais il est revenu bredouille, son excuse, c’est marée descendante. Si c’est pas le bon moment, pourquoi il y est allé alors ?

Thomas avait une traine. On l’a utilisé une fois, pas plus !!! Donc tu défiles la bobine de fil avec son appât et tu laisses 30-40m derrière. Généralement, on est en tête car on pagaye pas mal mais pour ne pas attraper des kayaks avec les hameçons, on s’est mis en queue de peloton. Notre grosse erreur a été de mettre la traine alors que l’on était encore trop prêt de la côte. Les autres kayaks partent devant et on commence à ramer tranquillement pour ne pas les rattraper. Au bout de 15 minutes, tu te mets à appuyer sur la pagaie car ca devient de plus en plus difficile. Thomas fait de même et bizarrement on n’arrive pas à rattraper les autres qui sont 100 mètres devant nous. Pourtant on donne tout ce qu’on a mais on se traine grave. Inquiet, tu regardes dans le kayak pour voir s’il ne prend pas l’eau, on ne sait jamais… Mais non, pas plus d’eau que d’habitude. Donc tu te dis qu’on a attrapé un gros poisson qui nous ralentit mais on ne peut pas vérifier car la ligne est coincée dans la dérive.

Et tu pagayes, tu pagayes, t’en peux plus. Et tu vérifies encore dans le kayak pour voir si t’embarques pas de la flotte. Le groupe devant s’est arrêté et nous attend alors que généralement c’est le contraire. Finalement on les rejoint, complètement épuisé. Le guide décoince notre ligne de la dérive et effectivement, il y a quelque chose de lourd au bout. On avait un énorme paquet d’algue qu’on avait du accrocher au départ et elle a servi comme une sorte d’ancre flottante. Putain ce qu’on en a chié !!! Et une fois décroché, on a rangé sagement la traine. On a arrêté les conneries, et on avait l’impression d’être sur une formule 1 de la mer.

Seul réconfort, on s’est arrêté pour déjeuner dans un endroit ou l’eau (froide, bien sûr) est d’une couleur émeraude, on se croirait à Bora-Bora 30°, en moins.

Résultat, en 10 jours, le seul poisson qu’on a mangé est celui des boites de conserve. Par contre, il y avait des moules et des oursins, il n’y avait qu’à se baisser. Le pire est que le dernier jour, on a croisé d’autres kayakistes qui nous ont expliqué comment il fallait pécher et eux ont attrapé des morues de plusieurs kilos… Profile bas, notre guide sur ce coup!