Le guide avait dit qu’on risquait d’avoir quelques problèmes pour traverser la rivière et tu le sens pas à prendre des risques. En plus, ces derniers jours, il a plu donc ça va pas simplifier l’affaire. Il faut donc partir très tôt. Donc, après 3h de marche, t’arrives au bord de la rivière et effectivement, vu certains cadors du groupe ça va pas être simple ; Vu le courant, le fait d’avoir un bâton de marche pour lutter contre le courant aurait été fort utile, mais quand on est con…

Le chef muletier, arrivé au galop, cherche déjà un passage pas trop mouvementé. C’est là qu’il a pris son surnom Gengis Khan. En slip, un bonnet en laine en train de tenter différents passages. Le guide dit : ‘on va attendre que le niveau baisse’. Mouais, s’il pleut en amont, c’est pas prêt de baisser. 1 heure après les mules arrivent et passent sans trop de problèmes (c‘est vrai qu’elles ont 4 pattes, ça stabilise). Maintenant que tout notre matos est passé, on a plus le choix. Les aides cuistots s’engagent, aidés par les sherpas. Une glissade et hop, une partie de la hotte est partie avec le courant. Résultat, 1 bâton de marche et la sandale du sherpa (on lui donnera l’argent pour en racheter une paire) ont disparu. Mais surtout, une perte phénoménale : le PQ.

On voit des locaux remonter la rivière sans trop en baver mais notre guide ne veut pas essayer de descendre la rive pour essayer de trouver un autre passage. On reste où on est ! Finalement, le guide décide de tenter le coup : On a deux possibilités, soit on passe sur l’ambulance tenu par Gengis Khan, soit on passe à pied tenu par 2 locaux.

Ça fait en tout 2 heures que tu poireautes, t’en as marre, t’es le premier à te lancer à pied. T’as de l’eau boueuse par endroit jusqu’en haut des cuisses et t’as 2 gars pas très grands qui essayent de te tenir. Finalement, c’est un peu impressionnant mais une fois que tu es dedans, ça passe sans problème. Gros dilemme pour celui qui avait sauté de cheval lors de la balade précédente. Une telle trouille des bourrins, le choix est cornélien. Finalement il passera à pied. Va lui falloir un paquet de lingettes après pour se nettoyer les jambes… Faudra reconnaitre le courage de Gengis Khan qui a traversé, en slip, plusieurs fois la rivière glaciale pour tenir le cheval ! En fait, la rivière était de la rigolade, juste après c’est presque 1000 m de dénivelé qu’on se prend. Prés de 7 heures de marche aujourd’hui.

2 jours après rebelote, cette fois-ci, il pleut en plus. Tout le monde passe avec l’ambulance, marre d’enlever ses chaussures et de ressortir trempé. On se reprend 1000 m de dénivelé. Le chemin est par moment extrêmement boueux et comme c’est très pentu, t’arrives pas à monter, tu recules par moment. Par contre, tu aurais un bâton de marche, ça aurait été plus facile, mais bon… Tout le monde en chie, mais le pire est pour les aides cuistots, certains sont pieds nus et à quatre pattes pour essayer de monter. Un cauchemar. En plus, tu te dépêches pour passer les endroits difficiles avant les mules. Car une fois les 20 mules passées, le chemin sera encore plus impraticable. Plus loin, un autre type de boue, elle te fait pas glisser mais elle te colle. T’as 2 kg supplémentaires à chaque pied.

Le reste de la très longue journée (environ 8h de marche), entre les villages de Tange et Chhuksang t’offrent des paysages exceptionnels. On est à 4000m et en contrebas, ce sont des aiguilles de couleurs différentes. T’as déjà pas mal bourlingué mais jamais vu un truc pareil, c’est exceptionnel. Le seul regret est le manque de soleil et les nuages. T’as des passages où un faux pas et t‘es 500 mètres plus bas.

On est 3 à marcher devant (on doit avoir au moins 1h d’avance sur le reste du groupe) quand un sherpa, Bichal, nous rejoint. Il doit nous rester 1 heure de descente et histoire de déconner, on part en courant. Va courir dans les pierres, sans bâton (et oui, on y revient toujours) avec plus de 7 heures de marche dans les pattes. La moindre erreur et c’est la gamelle avec une cheville tordue. C’est le genou gauche (souvenir du marathon) qui a mis son véto en cours de route et tu lâches la course à 10 minutes de l’arrivée. Tout ça pour arriver 1h 30 avant les autres et pour t’occuper, tu montes les tentes…Au village de Yara, le responsable des mules, Gengis Khan, qui passe plus de temps sur l’ambulance que tous les touristes, avait décidé de récupérer un chaton pour ces enfants. Seul hic il reste encore 3 jours de marche pour revenir à son village. Donc, il fout la pauvre bête dans une des poches de son petit sac à dos et part, comme d’habitude, au galop. Quand il passe devant toi, tu entends le pauvre chaton hurler. Ça doit être le chat qui a le plus voyagé au Mustang. A un moment, un des sherpas l’a mis sur son sac à dos et la pauvre bête a pu voyager à l’air libre. Pas sûr, qu’il va avoir une vie facile. Arrive ce qui devait arriver, le chaton a en a foutu plein le sac…Du coup c’est un des aides muletiers qui porte le chat mais il le tient en tenant les pattes avant dans une main et les pattes arrières dans l’autre. Super heureux, le chat le fait savoir. Ce jour là, tu marches à coté du muletier et du coup, tu te dévoues pour porter le chat. Malgré un précédent lavage au savon, la bestiole pue comme c’est pas possible.Donc, tu le portes mais ça l’empêche pas de miauler (moins souvent quand même). Et t’arrives au village de Muktinath avec une bestiole blanche qui miaule. Les gens se retournent, amusés et te font ‘miaou’. Donc voilà ton arrivée triomphante !

Miaou man