Le flic nous a rejoint à l’hôtel et est sensé être là pour nous protéger mais ça ne le fait pas d’entrée. Il a le regard sournois qui met mal à l’aise.

1h30 de voiture pour rejoindre notre équipe de chameliers, je vous passe les différents contrôles de police, et c’est parti pour 2,5 jours dans les immenses dunes de l’Ubari. Objectif : rejoindre deux lacs au milieu des dunes. On a 2 chameaux pour nous accompagner et un 4*4 pour transporter le matos et la cuisine et qui nous retrouve au camp.

Il est 10h00 du matin, il y a un grand soleil mais on se pèle grave, il faut une bonne polaire, incroyable en pleine journée au milieu du désert. Vers 11H30 au bout de 45 minutes de marche c’est la pause déjeuner…Putain, c’est pas encore comme ca que tu vas perdre de la bedaine.

On est au pied d’une grande dune, pas la moindre ombre. Histoire de t’occuper tu gravis la dune, histoire de dépenser quelques calories car parti comme c’est parti, on va pas marcher beaucoup. Toujours sympa un déjeuner en plein soleil à midi, c’est le vent froid qui nous sauve, sinon on était bon pour cramer.

A 14h00 on repart et plutôt que marcher dans les dunes (effectivement c’est un peu plus dur), on marche sur la piste faite par les 4*4. Bon, il va falloir se la jouer solitaire, t’es pas venu pour marcher sur une piste, sinon t’aurais fait un circuit en bagnole donc tu t’embarques sur les crêtes des dunes à quelques centaines de mètres des autres. Le guide est un peu inquiet au début sur la brebis qui quitte le troupeau mais, à la fin, c’est même lui qui te dira de prendre d’autres chemins.

Le paysage est très différent du désert mauritanien de décembre dernier, les dunes sont très hautes et il n’y pas de buissons ou d’arbustes. C’est pour l’instant que du sable. On arrive au bivouac. Le 4*4 est déjà là mais il manque un sac de couchage, il a été oublié dans la voiture qui nous a amené aux chameliers. Marianne tire la gueule… Le 4*4 ira le chercher et sera revenu en moins d’une heure. Ouais, on ne peut pas dire qu’on soit très enfoncé dans le désert.

Tu montes ta tente, les autres montent celles fournies par l’agence mais il n’y a pas de surtente. Pas grave, il ne va pas pleuvoir… 1 heure après il commence à tomber quelques gouttes. Ça faisait longtemps que t’avais pas eu de la pluie dans le désert.

Le cuistot est très pro, il nous a fait un bon couscous. Par contre le guide est pas trop du genre à parler beaucoup sur la culture libyenne. C’est un touareg (on est en territoire touareg), de père libyen et mère algérienne. Quand c’est pas la saison touristique, il est chauffeur taxi, il a 37 ans et vient de se marier avec une fille de 19 ans.

La nuit n’est pas trop fraiche mais il a plu par intermittence. Tu te réveilles au sec. Malheureusement les autres n’ont pas eu cette chance et leur matelas est trempé, il y en a même une qui avait oublié son matelas au sec sous la voiture et a dormi à la dure… Petit déjeuner à base de vache qui rit. Tu fais passer des messages : En Mauritanie, on avait un super cuisinier qui nous faisait une taguela tous les jours… Par contre au niveau du thé, le chamelier est impressionnant (oui c’est jamais le cuistot qui fait le thé, mais le chamelier), il te fait une mousse, pire qu’une bière.

C’est bizarre de marcher sur des dunes légèrement humides. Le guide dit qu’on a de la chance car c’est la journée la plus difficile (oulà, t’es inquiet grave…) et le sable étant humide on s’enfonce moins. C’est pas faux et en plus on a de la chance car il y a un peu de vent et le sable se soulève moins. Avant de partir, on demande aux gars qui restent au camp (oui, on reviendra au même endroit) de sortir les matelas pour les faire sécher.

On est tous rassuré, le policier est avec nous… On a rien à craindre. On se demande s’il comprend le français

Etonnement, on traverse des dunes mais dès qu’on peut rejoindre la piste, on y va. Toi, toujours à part sur tes dunes. On arrive au premier lac, Mandara, on le voit de loin car il est entouré de dattiers mais il est à sec, enfin à sec, on va dire boueux, pas comme sur les photos du site web de l’agence. Et c’est pas une surprise, ça fait déjà 12 ans qu’il n’y a plus d’eau, mais pas un mot sur le descriptif du circuit. Plus personne n’habite autour du lac, les dattes ne sont même pas ramassées. Mister Kadhafi, dans sa mansuétude, a fortement demandé aux locaux de quitter le désert pour se rapprocher de la civilisation. Il y a juste des vendeurs de bijoux Touaregs à des prix exorbitants. Les pauvres gars, au milieu de nulle part à attendre les touristes. Au fait, c’est étonnant, on était 80 touristes dans l’avion, tu pensais que l’on allait se marcher sur les pieds mais à part 3 voitures, que dal…

Mais c’est pas grave, le lac suivant Um el ma a de la flotte. Tiens le vent se lève, mais ça va, toi qui aimerais subir une tempête de sable… On arrive à Um el ma, le lac est tout en longueur, l’eau est transparente, et d’autres vendeurs nous attendent. Le temps est couvert, de plus en plus de vent. Mohamed, nous trouve un coin à peu près au calme mais pas top alors que tu marches 150 mètres de plus, on est complètement protégé, mais bon trop tard, il a commencé à faire du feu. Ah, encore plus de vent, enfin de l’action.

Après le repas, on fait le tour du lac pour rentrer par un autre chemin au milieu de grandes dunes, incroyable !!! Marianne s’est fait porter pâle et préfère retourner en chameau par la piste. D’autres vont regretter de ne pas avoir fait de même, le policier le premier.

Il nous faudra 3 heures pour revenir au premier lac (à l’aller on avait mis moins d’une heure), en marchant face au vent qui est de plus en fort, en particulier quand tu arrives sur les crêtes des dunes. Histoire de nous faire visiter une vielle mosquée en ruine au premier lac, il nous fait redescendre toutes les dunes puis les remonter. Il y en a qui rigole plus. Toi, t’as tellement de sable dans les yeux que tu mets ton chèche directement devant les yeux. On rejoint les chameaux et c’est le retour pour le camp. Ceux qui pensaient pouvoir s’allonger sur un matelas secs font la gueule, ils ne les ont pas sortis des tentes sous prétexte qu’il y avait du vent.

Le soir le flic et les chameliers font des jeux, le flic n’est pas un touareg, ils lui ont expliqué comment porter le chèche…A ce propos, il a dégusté, il a boité sur les 2 dernières heures. Et oui flic de ville c’est plus cool.

Le lendemain, le soleil est là, pas de vent et 4 heures de marche pour rejoindre notre dernier camp dans l’Ubari, on est presque revenu au point de départ. 1 heure de plus et on était aux bagnoles. T’essayes de faire des photos de montre pour le site FYBAK mais comme tu as un appareil de merde, tu n’arrives pas savoir si tu fais le point sur la montre ou sur le second plan.

On a eu la trouille pendant la marche, le flic n’était pas avec nous, trop mal à la jambe, il est resté avec le cuistot dans le 4*4. Ah, je te jure la sécurité en Libye ne vaut plus rien !!!

Bon, il est 16h, le camp est monté, pas grand-chose à foutre, en face du camp une énorme dune. C’est parti pour y monter seul, les autres préfèrent se reposer…, elle fait plus de 100 mètres de haut.

Lendemain retour aux bagnoles à travers les dunes, incroyable !!