On est dans le parc Kruger. C’est toi qui conduis, Delphine en copilote (mais sans la responsabilité de la carte) et Guy est prêt avec son appareil photo. Coup de chance, ça fait pas 20 minutes que l’on roule, qu’à 2 mètres du bord de la route 2 lions se reposent à l’ombre, une carcasse de buffle à coté d’eux. Par contre ils en ont rien à foutre des voitures qui sont à côté.

Le parc Kruger, ce sont des grandes routes goudronnées mais aussi des routes en terre avec des limitations de vitesse. Tu es autonome, les voitures peuvent rouler sur toutes les pistes ouvertes, il faut simplement que tu sois revenu dans un camp avant 18h. Par contre, tu n’es pas autorisé à descendre de la voiture sauf dans les camps ou à certains endroits. Bien sûr t’as un panneau qui t’indique que c’est à tes risques et périls. Au début, tu n’es pas très confiant, tu t’écartes que de 2-3 mètres mais après, inch allah. Le seul truc à savoir, c’est qu’il faut fermer tes fenêtres car il y a des singes Tapie (oui, ils sont voleurs). Tous les touristes ne le savent pas. Le premier coup, on est mesquin, on a rien dit. Ça faisait pas 30 secondes que les touristes étaient descendus de la bagnole qu’une sorte de macaque était déjà dans la bagnole. Le seul moyen de le faire sortir (faut se méfier, c’est petit mais avec des dents aiguisées) a été d’ouvrir le hayon arrière mais il a pas filé tout de suite, il a choppé une banane avant de s’enfuir. Pas con le singe.

Donc, la naissance d’Hamilton : Tu conduis et Guy se sent une âme de photographe animalier. Il a 2 objectifs donc il change à chaque fois et en plus une petite caméra et enfin son Blackberry pour faire des photos et les envoyer tout de suite à ses amis. Chaque bestiole est prise sous tous les angles avec les différents appareils. Et comme tu conduis, il te demande d’avancer un peu plus, de reculer pour avoir un meilleur angle… Putain, t’as oublié ta casquette de chauffeur et les gants blancs. Delphine, beaucoup plus sobre fait qqs photos avec son Iphone. Toi, tu conduis donc c’est pas simple de faire des photos.

Alors quand il y a une girafe ou un éléphant c’est l’euphorie, ça mitraille dans tous les sens. Ah le bon vieux temps de la pellicule photo qui coutait chère et limitait les excès.

Les girafes sont un peu craintives mais les éléphants en ont rien à foutre de toi. Tu t’arrêtes à 2 mètres d’eux, c’est comme si tu n’existais pas. Ben oui, tous les animaux du parc sont nés alors qu’il y avait déjà des bagnoles qui circulaient dans le parc. Donc pour eux, une bagnole est juste un élément naturel du parc. On a même été bloqué sur la route par un troupeau de buffles. Ils étaient là tranquilles, s’arrêtant en plein milieu de la route. Au début, tu sais pas trop, tu t’arrêtes à une bonne distance. Au bout de 10 minutes, tu te rapproches à moins de 50 mètres. Guy est content il peut faire de plus belles photos. 10 minutes plus tard, qqs buffles sont passés mais va comprendre pourquoi, ils aiment s’arrêter sur la route, histoire de discuter, prendre un café… Tu te rapproches encore mais il y a encore des retardataires qui sont pas pressés. De l’autre coté du troupeau, il y a aussi d’autres bagnoles qui voudraient bien passer. Bon, il doit rester une douzaine de buffles, donc tu te décides d’avancer lentement, très lentement. Ils s’écartent à peine. Tu dois passer à même pas un mètre d’eux. Guy voulait qu’on s’arrête pour faire des photos. Ouais bien sûr, on ne sait pas comment ça peut réagir ces bêtes-là et t’aimerais pas qu’elles viennent t’enfoncer la bagnole.

Notre premier camp est Olifant. En surplomb de la rivière Olifant la vue est superbe. On a dû y arriver vers 15h00. Donc on a roulé en plein cagnard et à 15h, comme on en avait marre de la bagnole, on est resté au camp au lieu de ressortir vers 16h pour tenter de voir des bestioles qui elles, moins connes, évitent la chaleur et sortent quand il fait moins chaud. Mais c’est vrai qu’elles ont pas la contrainte de se lever tard et de prendre un petit déjeuner pendant 1 heure… Le camp est plein. On a voulu tenter le resto du camp vers 20H30, on était les seuls clients et la bouffe dégueulasse. Tout le monde est déjà couché car ils se lèvent tôt eux…

Le lendemain, on est allé faire 1 heure de marche avec des rangers au bord de la rivière Olifant. Le départ était à 9h00 donc largement le temps pour un petit déjeuner. On est que tous les 3 avec 2 rangers armés au cas où on tomberait face à une bestiole un peu agressive. Les rangers n’ont pas le droit de tirer sur un animal à plus de 20 mètres qui est le périmètre de sécurité. Au cas où on verrait un lion qui viendrait vers nous, il est formellement interdit de courir car le lion automatiquement te prendrait pour une proie. Guy a pas compris pourquoi ce matin, on lui a mis un collier de saucisses autour du cou…

On marche en ligne, les 2 rangers devant. Ils ont fait des stats : 85% des attaques sont faites par devant. Les places les plus risquées sont la 3ème et la dernière. La dernière se comprend mais pourquoi la 3ème ? Le premier qui passe réveille l’animal, le 2ème a le temps de passer avant que le l’animal saute sur le suivant.

On a discuté plus tard avec un allemand qui faisait une balade dans la savane dans une réserve privée (donc bcp plus de chance de voir des bestioles). Il était le dernier à marcher. 2 fois il entend du bruit derrière lui mais tout le monde est concentré sur ce qui passe devant : 2 rhinos. Il se retourne quand même et à moins de 2 mètres de lui un léopard qui était en train de le suivre. Il a prévenu les autres et du coup le léopard est parti en passant à un mètre d’eux. Les rangers avaient jamais vu ça !!

Revenons à notre balade. On est tombé sur une carcasse d’hippopotame. C’est la saison sèche, donc moins d’eau dans la rivière et il est possible que la mort soit liée à un combat entre 2 hippos. On entend parfois les hippos brailler. C’est l’hippo qui est l’animal responsable du plus de morts humains. Oui, il n’aime pas trop qu’on le fasse chier… donc on s’approche lentement de la rivière au cas où un des hippos serait dans le coin. Tu sens à la tension des rangers que l’on ne déconne pas trop avec ces bestioles.

Aucun hippos au bord de la rivière, ils sont tous dans la flotte de l’autre coté donc on peut s’approcher mais toujours vigilant. Les hippos nous regardent, juste les yeux et les oreilles qui dépassent de l’eau. Guy fait ses photos, une reconversion peut-être ??

Le ranger nous montre dans la boue une superbe empreinte d’un léopard. Tu te dis que tu ferais bien une photo. Les 2 rangers continuent le chemin, Guy passe ensuite et marche juste à coté de l’empreinte. Tu te dis merde, sur la photo, j’aurais l’empreinte du léopard mais aussi celle de la pompe de Guy. Pas encore trop grave. Puis Delphine s’avance et marche en plein sur l’empreinte du léopard. Ok, super ! Tu peux ranger ton appareil photo c’est pas aujourd’hui que tu feras une photo.

Retour au camp, et on reprend la bagnole en direction du prochain camp Satara. Toujours les mêmes bestioles : girafes, éléphants, zèbres, gnous, impalas et autres antilopes mais pas un félin ou rhino à l’horizon.

Puis, tu vois plusieurs voitures arrêtées et les gens regardent dans la direction d’un arbre qui est à plus de 100 mètres. Certains ont des gros objectifs. Guy est largement battu. A l’œil nu tu vois rien mais avec ton appareil photo de daube tu as un zoom numérique X50. Donc, tu fais une photo sans trop savoir quoi viser en ensuite tu regardes. Effectivement, sur une des branches à l’ombre, il semblerait qu’il y ait un léopard.

Satara est le plus grand camp, aucun charme, aucune vue sur les alentours. Histoire de faire quelque chose on est allé faire une sortie en voiture avec les rangers. Eux sont autorisés à avoir des voitures complètement ouvertes, pas de portières, rien mais tu es surélevé. Départ à 16H pour retour à 20H ce qui nous permettra de voir des animaux qui sortent plutôt la nuit. Le ranger qui fait office de chauffeur se la pète et nous demande quels animaux on voudrait voir, genre il suffit de demander et il va nous les trouver. Tout le monde cite des félins, toi tu demandes un dauphin…

Point important il faut savoir que dés que le soleil disparait il fait super froid. Pour cette sortie en bagnole, on fournit aussi des couvertures. Toi, t’as mis ton Damart, ta polaire et t’as prévu aussi la veste gore tex. Delphine se moque de toi. Et bien au retour, t’auras été le seul à pas avoir eu trop froid. On a pas prévu le coup, on aurait dû embarquer une petite bouteille d’alcool histoire de se réchauffer. Jusqu’au coucher du soleil on a pas vu grand-chose à part les classiques antilopes que plus personne ne regarde maintenant. La nuit tombée, on a 4 projecteurs que des touristes projettent sur le bord de la route pour espérer voir qqchose. Aucune bestiole, incroyable ! Soit le ranger nous a amené dans un coin désert, soit c’est le jour de congé des bestioles. Retour bredouille au camp et dire que 3 heures plus tôt l’autre con te demandait quels animaux tu voulais voir.

Il est 20H, on a faim, on essaye à nouveau le soir la cafétéria, la bouffe est encore plus dégueulasse. Mais demain, on a réservé un bungalow où le matériel de cuisine est fourni, donc on fera un braï, le BBQ local.

Le parc propose aussi des marches le matin, seul problème, il faut se lever très tôt car le départ est à 5h30. Guy, même pas une fraction de seconde a imaginé y aller. Oula, être prêt à 5H30 ça veut dire se lever à 4h30, prendre une douche, se raser, partir marcher sans avoir pris un petit déjeuner… totalement impossible !! Delphine a hésité, mais 5h30 est trop tôt. On a abordé un jour la notion de se surpasser. Pour elle, se lever tôt fait partie de ses surpassements…

Donc, le lendemain matin tu es le seul à y aller, on est une dizaine de courageux. Un des 2 rangers est l’autre con de chauffeur de la veille.

Les camps n’ouvrent les portes qu’à 6h mais les rangers peuvent sortir avant. A 5h45, il y a déjà des voitures de touristes qui font la queue pour sortir au plus tôt pour essayer de voir des bestioles. Incroyable !!! Il y a des gens, des fous certainement, qui se lèvent tôt. Peut-être sont ils venus spécialement dans le parc pour voir des animaux, eux. Nous non, on est venu dans le parc pour se lever tranquillement plus tard, prendre une bonne douche, un bon petit déjeuner, faut pas déconner, on est en vacances. Et puis, les animaux, pff au pire, on les verra au zoo de Vincennes…

Donc, on est dans la bagnole des rangers qui nous emmènent vers le lieu où on va faire 2 heures de marche. Sur la route, on croise un lion qui traverse nonchalamment la route. Ah Guy, t’as raté qqchose, mais je suis sûr qu’au même moment tu dois rêver de croiser un lion… On arrive un peu tôt et les rangers attendent qu’il fasse complètement jour pour qu’on descende de la bagnole. Hors de question de marcher sans une visibilité totale. Ils vérifient plusieurs fois leurs fusils.

Comme la première fois, on marche en ligne, les 2 rangers devant. Toi tu fermes la marche. Bon tu regardes de temps en temps en arrière, au cas où… La balade est sympa, on voit qqs girafes qui se laissent moins approcher que quand on est en bagnole. Puis on s’approche (à 20m) d’une mare de boue, les rangers ne voient rien d’inquiétant. Au bout de 30 secondes, un gros rocher gris se met à bouger, c’est le dos d’un hippo pas très content d’avoir été dérangé, il part dans le bush. Pendant les 10 minutes qui ont suivi, les rangers ont regardé que dans la direction par où était parti l’hippo. Un lion serait venu de l’autre coté, il passait tranquille. Rappel, on ne déconne pas avec les hippos.

Les chiottes d’un rhino.

Puis on a un cours sur la merde de rhino. Important la merde, ça permet de comprendre beaucoup de choses sur les bestioles. Voilà comment ça fonctionne pour les rhinos. Le rhino qui est propriétaire du coin fait ses merdes à un endroit bien précis mais écrase tout pour bien l’étaler et pisse partout autour.

Toi, t’es un jeune rhino qui passe par là et tu te dis que t’aimerais bien être copain avec l’autre rhino, donc tu fais une petite crotte dans un coin et pareil un petit pissou sans en foutre partout. Par contre, si t’es un gros rhino qui aimerait bien récupérer le territoire de l’autre, tu chies et pisses partout !! Et quand le proprio des chiottes repasse, en fonction du merdier que tu as foutu dans ses chiottes, il sait te retrouver à l’odeur et s’expliquer avec toi.

Bon, à pied, on n’a pas vu de rhino mais au retour, on en a vu 2 au loin.

Retour à Satara où Guy et Delphine ont dû prendre un bon petit déjeuner et on part pour le dernier camp Letaba. Ce coup-ci t’as laissé ta casquette de chauffeur à Guy, histoire que tu puisses toi aussi un peu profiter du paysage et faire qqs photos. Au fait, avec Delphine, on avait dit à Guy qu’on ne voulait pas la clim dans la bagnole. Le premier jour, ni vu ni connu, il l’avait mise, on s’en était aperçu qu’à la fin quand on commençait à avoir froid. Quand tu es à l’arrière dans la bagnole tu peux te mettre où tu veux pour éviter d’avoir le soleil, mais quand tu conduis, t’as pas le choix. Alors quand Guy se plaint que le soleil tape trop, t’as envie de lui dire que si on roulait plus tôt le matin, on aurait pas ce petit désagrément…mais bon…ça n’imprime pas….

Coup de chance sur la route, à une centaine de mètres un rhino, pas suffisamment prés mais assez pour le mitrailler de photos.

Officiellement il y a 9000 éléphants dans le parc mais officieusement, il y en aurait le double.

Le camp Letaba est au bord d’une rivière où qqs animaux viennent s’abreuver. Il y a même des impalas qui sont à l’intérieur du camp. Il y a aussi bcp de singes voleurs. Les bungalows ont des frigidaires extérieurs, il est demandé de retourner les frigidaires portes vers le mur pour que la nuit les singes ne puissent pas ouvrir la porte et piquer la bouffe.

Il y a une piscine au camp Letaba. Donc on bulle autour de la piscine au parc Kruger. Quitte à la jouer comme ça faisons la totale, tu vas t’acheter une glace à la boutique. En attendant de payer, une abeille vient te piquer (c’est la seule du coin, en hiver, il y en a pas en principe, putain). Ce soir, on fait un braï, on a tout pour faire la cuisine, le BBQ est juste devant la porte du bungalow. Donc on va à la boutique acheter du bois et de la viande. Comme Guy n’est pas du genre à tester autre chose que ce qu’il connait (on a acheté du biltong de springbok, de koudou, d’autruches, il a même pas voulu goûter), on achète sans lui dire des steaks de gnous. On va aussi faire des patates dans la braise. La boutique est très bien achalandée car le braï fait vraiment partie de la vie quotidienne des sudafs. On commence à faire démarrer notre feu vers 19H30 alors que tous les autres ont déjà fini de manger (ben oui, ils vont se lever tôt). Malgré qqs inquiétudes, on s’en sort plutôt bien, peut-être un peu trop cuit. Guy a mangé du gnou sans le savoir, ça l’a pas tué…on lui a dit que le lendemain. Faut bien qu’il s’ouvre à autre chose, sinon tu restes en France à manger tes danettes au chocolat et boire de l’eau gazeuse…

Une petite anecdote, Delphine sort de la douche en disant qu’elle n’a eu que de l’eau froide, toi t’es passé avant et tu as eu de l’eau chaude. T’essayes de comprendre pourquoi. Elle te dit qu’elle a tourné le robinet où est marqué ‘C’ pour ‘Chaud’. Euh Delphine, ici on parle anglais ou afrikaner, ‘C’ est pour ‘Cold’… Elle est retournée prendre une douche chaude…

Demain fini le parc Kruger, on part pour un autre parc au Mozambique, le parc Limpopo qui jouxte le Kruger. On y va pour 3 jours de marche.