Yo, paraît qu’il fait froid chez vous, comprend pas, ici il fait 30 degrés.

Destination la ville de Kengtung pour essayer d’organiser 3 jours de trek puis passage de la frontière thaï qui est en principe ouverte aux étrangers. Selon le bouquin, Kengtung voit passer peu de touristes. Tu veux réserver ton hôtel la veille, complet, donc ça sera une chambre en sous sol à 45$. T’as jamais payé aussi cher. T’appelles aussi un guide mais pas dispo mais il va te mettre en contact avec un de ses potes, bah, Inchboudha. A part ça, il y a peu de touristes.

T’es le seul touriste dans l’avion à part un couple et leur guide attitré. C’est pas avec eux que tu vas pouvoir faire qqchose. Finalement, un mec t’attend à l’aéroport, le copain du guide qui lui est aussi un guide. Comme il raccompagne un groupe de touristes à l’avion, il est avec sa tenue traditionnelle en noir et des pompons multicolores. En fait les hôtels sont complets car il y a pas mal de thaïs qui viennent le week-end. Selon le guide, les femmes visitent les pagodes et les hommes visitent les birmanes.

Je vous passe tous les détails mais il y a un couple de français (incroyable, on les trouve partout ces français) qui veut aussi faire du trek. En fait, ce sont des petites balades à la journée pour aller voir des ethnies différentes. Interdiction de dormir sur place. C’est un peu moyen, ce genre de trek car faut pas qu’on arrive, style coucou on est les touristes de base, on vient faire des photos. On a discuté avec le guide, il a deux de tension, ça va pas être sportif cette histoire.

Il y a un petit lac dans la ville avec un immense bouddha debout. Autour du lac, plein de petites échoppes où on fait cuire des brochettes. Les deux français n’aiment pas. C’est la première fois depuis que tu es en Birmanie que tu trouves les locaux moins souriants, ça fait bizarre.

Coup de pot, il y a une fête au monastère. Dans la cour du monastère plein de petites échoppes pour dîner, un bingo pour gagner une marmite… Débarquent des groupes de jeunes de différents villages transportant des grands bambous qu’ils installent au milieu d’une cour. En fait, ce sont des feux d’artifices artisanaux, c’est le concours de celui qui aura le plus explosif. Et quand ils les allument, t’as pas intérêt à rester à côté car plein de morceaux enflammés retombent sur le sol. Mais t’as des gamins qui jouent dessous. Étonnant qu’il y ai pas encore eu des blessés.

Premier trek, on va dans des montagnes pour visiter 4 villages d’ethnie akha. Le guide nous a demandé d’apporter des bonbons pour les enfants. Même pas en rêve! Après 1h de tuktuk on est au pied de la montagne. En cours de route, on s’est arrêté pour acheter de la bouffe pour le repas, c’est là que t’as découvert que les français se plaignaient de tout : la bouffe va pas, le tuktuk va pas… Les femmes akha portent encore leur tenue traditionnelle, en particulier leur parure sur la tête. Elle est faite de pièces en argent qui coûtent très chères. En fait, elles ont leur banque sur la tête. Mais les villageois sont très pauvres, ils nous demandent même du savon. En fait, ces parures datent de plusieurs dizaines d’années à l’époque où ils cultivaient de l’opium. Ben oui. Le triangle d’or… Maintenant que c’est officiellement interdit, ils survivent comme ils peuvent avec quelques rizières.

Avant d’arriver au premier village akha. On croise 3 jeunes et leur mère avec sa fameuse parure en argent. Tu sens que ça démange les français de faire des photos. Du coup, ils donnent des bonbons aux gamins qu’avaient rien demandé et ensuite prennent des photos. No comment. Plus tard, sur le chemin, le guide file des bonbons aux gamins. Les français viennent te voir en te disant que c’est pas bien de donner des bonbons aux enfants. Tu t’es retenu…

Effectivement, ça a été distribution de bonbons, biscuits et de savon. Toi t’avais rien amené. Les habitants s’arrêtent pour te demander des trucs. Depuis ton premier jour en Birmanie. On t’a jamais rien demandé. C’est vrai que par rapport à tous les autres villages que t’as vus, ici ça fait très pauvre. Généralement, t’as toujours une petite échoppe qui vend quelques babioles. Ici rien.

Le premier contact est assez froid mais en fait, il faut rentrer dans une maison et là, le contact est plus facile. Ils distillent quand même du riz. Ça leur rapporte le double de distiller le riz que de le vendre normalement. Histoire de participer à l’économie locale, t’as acheté une petite bouteille fait local, derrière la maison. C’est censé faire 50 degrés. T’espères que ça va pas faire fondre le plastique de la bouteille. À ton retour, c’est dégustation obligatoire, bon, ça pique un peu.

Les femmes fabriquent un peu d’artisanat. Toi, t’achètes une écharpe car c’est un moyen de les encourager à faire qqchose plutôt que de demander du pognon. Au début, les français trouvaient ça moche. Sont cons, on s’en tape. T’achètes un truc plutôt que filer tes bonbons à la con. En plus, ça va pas te ruiner. C’est même pas cinq euros. Finalement, ils ont acheté mais c’est moche selon eux. T’aimes pas, tu dis pas que c’est moche. Les petits villages sont en haut des collines, il y a un mélange d’animiste, bouddhiste, chrétien et protestant et ça se passe bien.

Deuxième jour, on va voir des ethnies lahu-shi. Environ 1h de tuktuk pour arriver au pied des collines mais avant il faut traverser un ruisseau de 2m de large et max 20cm de profondeur. En gros, on va risquer notre vie. La française voulait descendre du véhicule car elle avait peur. Deux de tension est doué pour les langues, il en parle sept car chaque ethnie parle une langue différente et aucune parle la langue officielle de Birmanie. Sans lui, aucun moyen de communiquer avec les gens. Par contre pour la marche il a plus de mal. Comme il a vu qu’il avait du mal à nous suivre, il nous fait aller le plus loin possible avec son tuktuk, histoire de marcher le moins possible. Les lahus qu’on va rencontrer portent encore leur tenue traditionnelle. Pantalon ou jupe bleu et haut blanc. Ça représente le ciel et les nuages. Cette fois-ci, t’as apporté des savons. Les français ont apporté encore des bonbons mais ils les ont filés au guide car ils ne veulent pas les donner aux enfants. Alors pourquoi les apporter ? Bon, ils ont aussi apporté des biscuits.

Les deux villages lahu qu’on voit sont composés de 10-15 maisons sur pilotis en haut des collines. Ils sont encore plus pauvres que les akha. Il n’y a quasiment aucun homme car ils sont dans les rares champs. Le contact est vraiment pas facile et ils nous regardent sans vraiment nous regarder. Ils ont étalé sur des nattes du riz à sécher et un petit garçon faire fuir les poules qui veulent bouffer le riz. Quand il s’arrête, elles reviennent. Tu le remplaces en faisant des grands bruits pour faire fuir les poules. Ça a un peu déridé les locaux, pas habitués à voir un touriste faire fuir les poules. On mange chez l’habitant. En fait, on fait réchauffer chez eux ce qu’on a apporté, des simples noddles, le truc de base vraiment pas cher. On doit venir avec notre bouffe car on peut même pas leur acheter à manger, ils ont rien. Et faut aussi imaginer la française manger un truc venant du village, ahah. Elle voyage avec des abricots secs bio et du fromage de France.

Ouais, à chaque fois qu’on va commander des noddles à emporter, c’est le stress pour eux. Ils vérifient ce qu’il y a dans les pâtes et la française se limite maintenant à des avocats et tomates achetés au marché. Tous les gamins nous ont rejoints dans la maison pour nous regarder manger, plus par curiosité que par envie. Si, en fait, ils attendent la distribution de bonbons. On est gêné pour manger car même des noddles de base, ils en ont pas. On avait deux avocats qu’on a pas osé sortir. Comment veux tu partager 2 avocats avec 20 personnes.

Ils nous ont offert du riz. Tu en as mangé un tout petit peu, histoire de ne pas être impoli mais ils ont rien à manger, tout juste du riz et du piment et tu vas pas en plus le leur bouffer. Ils ont qqs poules et des chiens qui finissent parfois dans les gamelles pour les grandes fêtes. Oui, c’est la seule viande sur quatre pattes. On leur a donné des savons et des biscuits pour les enfants. Ici pas d’écoles. Rien. Ils ont jamais vu un médecin. Alors qu’ils sont à 15 km à vol d’oiseau de la ville où il y a tout. Ils sont devenus bouddhistes alors des moines viennent deux fois par an mais apparemment ils montent pas jusqu’au village, ce sont les villageois qui descendent. Ben oui, 1h30 de marche en montée. C’est dur.

À 1h30 de marche plus bas dans la vallée, il y a un village palaung et c’est le jour et la nuit. Il est entouré de rizières et tu sens, que sans être riche, le village est beaucoup plus prospère.

Dernier jour de balade pour aller voir des villages Ang. Les femmes portent des tenues noires et se noircissent les dents à la laque pour être plus belles. Mouais, faut aimer. Certains villages sont habitués à voir des touristes donc on nous attend avec de l’artisanat. Comme t’es invité dans une maison pour boire le thé et découvrir leur quotidien, tu leurs achètes une écharpe. Maintenant t’en as un sac plein.

Ils t’offrent aussi des cacahouètes qu’ils viennent de faire griller. Les français veulent pas goûter, par contre de retour en ville, dans un bar au bord du lac, ils commandent des cacahouètes avec leurs bières. Va comprendre. Dans une maison, une femme venait d’avoir un pitchoun, il y a juste 6 jours et ici pas de clinique. L’accouchement se fait à la maison et dés les premiers jours on l’habitue au riz.

Pour le shampoing, ils gardent l’eau qui a servi pour la premier fois à laver le riz.

Demain, t’as cinq heures de bus pour arriver à Tachileik à la frontière, puis t’as 1h30 de bus pour rejoindre la ville de Chiang Rai en Thaïlande. Là, t’as un bungalow avec piscine pour 15$ qui t’attend.

Ps : C’est quoi encore ce bordel à Bangkok ? Ça manifeste dur là-bas apparemment.