Salut les vasa tomate,

La tourista t’a fait rester éveiller une grande partie de la nuit… On doit faire 8h de piste defoncée, soit 200 km. Si ton médicament bouche-trouducul marche pas, ça va être compliqué 8h de bagnole avec un stop intempestif toute les dix minutes.

La région du Makay s’est récemment ouverte aux touristes et les quelques villages que l’on passe semble super pauvre. Les paysages sont incroyables : d’immenses vallons d’herbe rouge orange avec des tâches de vert des feuilles des arbres, du gris clair des arbustes et parfois des étendues noires d’herbe brûlée. Un festival de couleur. Et si tu regardes l’herbe face au soleil elle est rouge et sinon elle est jaune. Rajoutez en arrière-plan d’immenses blocs de granit, certains en forme de pyramide et vous pouvez imaginer qu’on en prend plein les yeux. Ah oui et aussi des baobabs. Sinon ça va à Paris avec la canicule? Ici, enfin un coin où on a chaud.

On est dans la région de l’ethnie Bara connue pour ces fameux voleurs de zébus, les Dahalos. Du coup, la plupart des paysans se baladent avec un fusil qui semble fait maison. On a dû prendre un bac pour traverser le fleuve Mangoki. Et le guide qui se la joue en disant qu’il le traverse à la nage. Donc tu lui dis d’y aller mais là plus personne.

Pour info, soyez rassuré, le médicament a fait effet. mais on est plus ou moins tous malades. Sur la piste, on croise un pickup et un camion protégé par deux militaires armés de kalach. Bizarre.

Stop déjeuner dans la ville perdue de Beroroha. Pendant que Gandhi n’est pas là, le chauffeur nous dit que la voiture qu’on a vu précédemment a été attaqué par des dahalos pour leur voler leur argent, leur rhum mais cette fois ils ont tué personne…ah ça va alors. Et sur la route il a vu deux dahalos se cacher. Il les a reconnus à leur fusil et leur grigri à base de cornes de zébu.

On a passé 5 jours à se balader dans un dédale de canyon de sable blanc. La plupart des plantes et arbres sont endémiques. On a mixé des balades dans le canyon entre des parois de 100m de haut et des balades au sommet des canyons avec des vues exceptionnelles. Des lacs dans des canyons avec des crocodiles mais pas la trace d’un lémurien. Les camps sont installés au bord de petite rivière où on peut se laver. Ça aurait été idyllique sans ce guide, qui même s’il connaît bien la région et la flore, est saoulant en se vantant de tout. Il connaît tous les dialectes du pays, il est le bon samaritain, il aide tout le monde, c’est le sauveur, et le pire c’est que sur les six vasas, y en a quatre qui boivent ces paroles. C’est lui qui a créé de toute pièce le dernier camp où on va dormi, c’est plus Jésus, c’est Dieu. Pendant qu’il pérore à la fin du dîner, t’es allé te réfugier dans ta tente.

Kinnary, Gabriel, rappelez-vous le guide au Tchad, ici c’est pareil. Il fait des pauses à des endroits où lui seul peut être assis à l’ombre. Toi tu restes debout à l’ombre ou assis au soleil. Personne ne dit rien, bon toutou. On a aussi un pisteur, Stanislas, l’instit principal du village. Sacré pisteur, faut pas trop lui poser de questions sur les traces. Mouais, toi qui t’attendais qu’il sache te dire l’âge de la bestiole en voyant une empreinte de pattes, que dal. Il est surtout champion pour trouver la piste de la table où on prend l’apéro. On n’est pas installé depuis deux minutes à table (oui, chaque jour les porteurs nous construisent une table et des bancs version Koh lantah) qu’il est déjà là à taper dans les biscuits apéro et le rhum (oui c’est rhum tous les soirs, à 2 euros la bouteille…) Malgré ça, 20h30, tous les soirs tout le monde est couché. ah c’est la fête.

Tu dors à la belle étoile et coup de chance il se met à pleuvoir.

Il y en a une championne des questions cons (et c’est une instit), en voilà un florilège avec des réponses que tu t’es retenu de faire. Le contexte : On est au bout du monde où les gens ont des vies très difficiles, ou il y a pas l’électricité, il y a pas grand-chose.

– ils ont internet à l’école? Oui et ce sont les cofondateurs de Facebook…

– le pêcheur sur le lac il vient parce que c’est paisible? Euh non il vient car il a besoin de bouffer…