Le trek incontournable en Tasmanie, c’est l’Overland Track qui se passe dans la région du Cradle Mountain. Bon ben tu t’es inscrits 4 mois à l’avance car il n’y a que 36 personnes par jour qui peuvent le faire.

En principe tu marches entre 5 et 6 jours et tu es autonome, donc tu dois transporter ta bouffe, le matos pour le faire cuir, ta tente et tout ce qui va avec. Résultat en comptant 2 litres de flotte t’es largement au dessus de 20 kg. T’es pas encore remis du raft donc ca risque d’être folklo. S’il pleut pas quand tu fais ce trek c’est que t’as pas fait le bon…Ca promet.

Il y a plusieurs refuges où tu peux dormir mais ils ont pas une capacité de 36… faut pas arriver trop tard.

La veille, dans ton dortoir, t’as un gars qui a débarqué et qui va aussi le faire. Il s’appelle Sin (prénom raccourci car il est indien), tu lui as proposé de le faire ensemble en espérant qu’il marche bien. La veille du départ t’as acheté de la bouffe déshydratée, des barres de céréales et des tortillas avec du fromage et salami. Voilà tes repas pour les 5 prochains jours.
Départ le lendemain en minibus. Sur les petites routes de campagne il y a énormément de walhabis écrasés.

Arrivé à l’entrée du parc t’as l’impression d’être à Disneyland. Plein de bagnoles et des gros bus style all inclusive. C’est quoi ce bordel? Le bureau des inscriptions, c’est la boutique. Il est où Mickey? T’as hésité à acheter un bonnet en forme de diable de Tasmanie… Y a un guichet spécial pour ceux qui font l’Overland, le reste c’est pour ceux qui viennent à la journée faire une marche. Le minibus nous amène au point de départ. C’est pas compliqué, du moment où tu es sorti du bus jusqu’à l’arrivée au premier refuge, il s’est jamais arrêté de pleuvoir.

Il y a plein de chemins de traverses à prendre, comme l’ascension du mont Cradle mais vu le temps pourri, impossible d’y aller donc l’idée c’est d’arrivé dans les premiers au refuge ‘waterfall valley’ histoire d’être sûr de dormir à l’abri de la pluie vu le peu de confiance que t’as dans ta tente. Sauf que le père Sin même s’il marche plutôt bien, il a tendance à s’arrêter pour regarder un paysage où tu vois pas à 20m.
En fait, tu marches très souvent sur des planches de bois 30 cm au dessus du sol, à la fois pour protéger le sol et éviter de marcher dans le bourbier. Étonnement il y a plein de merde (et toutes différentes) de bestioles sur les planches, comme si c’était plus agréable pour elles de le faire sur du bois que dans l’herbe. En fait la question est de savoir si c’est eux qui chient sur nos planches ou si c’est nous qui marchons dans leur chiotte. Ouais, imagines tu rentres chez toi et tu trouves plein de traces de pas boueux dans tes toilettes, tu serais pas top ravi. En tout cas t’as une photo d’un pris en flag.
Et ça serait con de déraper sur une merde de wallabi et de se péter le coccyx…
Sur le premier jour, pas la peine de vous décrire les paysages, t’as quasiment rien vu, t’es juste pressé d’arriver, de toute façon t’es dans la brume.
Côté équipement, t’es pas arrivé avec le matos adapté. Certains ont des grosses chaussures de marche imperméables, d’énormes guêtres, des surpantalons étanches. Ils arrivent, ils enlèvent leurs couches extérieures, ils ont pas un poil de mouillé. Toi, tu trempes une feuille de sopalin dans l’eau et tu la ressorts, c’est exactement comment t’étais en arrivant au chalet, matos de baltringues. Il y a un poêle mais il ne marche que s’il fait moins de 10° dans le refuge. Bon ben tout restera mouillé.
T’es arrivé le premier au refuge donc tu étrennes ton réchaud histoire de prendre un truc chaud. Le refuge est vite complet et tout le monde se fait sa popote. A 19h tout le monde a mangé son plat déshydraté et c’est l’heure de se coucher. Le mécréant qui est installé juste à côté de toi fait concurrence avec le bruit d’un moteur diesel. Sa voisine secouait son matelas histoire qu’il se tourne et arrête de ronfler.
Ah oui, selon la park ranger, demain peu de pluie mais après il devrait faire plutôt beau. Et deux jours plutôt il y avait de la neige au niveau du refuge. Là, t’étais vraiment pas équipé.
2 jours auparavant il y a eu une tempête, plusieurs groupes ont fait demi tour. Une nana qui dormait sous la tente est tombée en hypothermie et à du être secourue.  Encore un charlot qu’est venu avec du matos de merde… Ouais, ici côté météo ça rigole pas.
Jour 2
Avec Sin, on a décidé de faire deux étapes dans la journée soit 24 bornes.
Sin voulait partir à 7h du matin, à 8h30 il était pas encore prêt… En fait dès que qqun se lève ca réveille tout le monde du coup tout le monde se lève et se fait sa popote.
Incroyable, pas de pluie, du coup t’as pu un peu regarder autour de toi. Sin a sorti son surpantalons imperméable alors qu’il pleut pas et qu’il a pris cher hier…

Autant sur la Franklin river tout était vert, ici c’est la fête des couleurs, des baies rouges, des arbustes verts et oranges. Les arbres perdent leur écorce et cela donne plusieurs couleurs de tronc. Parfois on a l’impression de marcher dans la taïga ou la garrigue, parfois tu traverses des forêts où tous les troncs semblent torturés et couvert de mousse.  Il y a plein de lacs (ouais, vu la flotte). Ca doit être encore plus joli quand il y a du soleil mais c’est pas encore pour aujourd’hui.

T’as lâché Sin pour plier le trajet en 5h30 au lieu des 8 prévues. En chemin tu t’es arrêté au refuge de

l’étape que tu voulais sauter, il y a avait le park ranger. Sur le coup, t’as cru que c’était le fils du père noël avec son bonnet et sa veste rouge et sa grande barbe. Il attendait un hélico pour rapatrier un mec qui avait le cœur qui battait trop rapidement…

Arrivé au refuge ‘Pelion’, il y a un groupe d’américains qui parlent très fort et une belge qui désespère de manger au McDo et de se mettre en pyjama…
Sur le chemin qui se transforme parfois en ruisseau, tu trouves une écrevisse. Elle irait bien dans la gamelle avec les nouilles mais si le ranger te choppe, t’es mort.

Sinon, tu vois enfin des wallabis. Ils broutent tranquillement autour du refuge. En fait un wallabi c’est un peu comme un lapin qui a fait un stage à Tchernobyl.. Ils sont pas trop sauvages.

Dans le chalet y a un panneau indiquant de faire attention car il y a serpent tigre qui traîne dans le coin des toilettes. Ce soir, tu vas éviter de boire du thé histoire d’éviter des sorties nocturnes.
La nuit tu t’es levé histoire de te débarrasser du top plein de thé et tu tombes nez à nez avec un opossum. La bestiole est tranquillement assise sous la véranda et espère trouver de la bouffe.
Jour 3
On devait partir à 8h, Sin à son sac à dos plein de flotte. Bon on est pas parti…
L’idée aujourd’hui est de s’arrêter à mi chemin, laissez nos gros sacs, et faire l’ascension du mont Hossa (le plus haut sommet de Tasmanie) et le mont Pelion Est. Tous les parks rangers nous ont prévenu, quand on laisse nos sacs, il faut faire attention et ne pas laisser la bouffe accessible à cause des oiseaux, ouais des piafs. Y a des sortes de corbeaux qui savent ouvrir les fermetures éclairs, ouvrir les fermetures des sacs et te piquer ta bouffe. Impressionnant. Quand on est arrivé, on a mis les caches sur nos sacs, tourner les sacs pour qu’ils accèdent à rien. A peine on était parti on les a entendu piailler. Sans déconner, si les bestioles arrivent à ouvrir ton sac, t’en chopes 2-3 et l’année prochaine tu fais sensation à l’émission ‘la France a un incroyable talent’ en les présentant comme les enfants cachés de Mike Gyver!!!

Comme c’était un peu brumeux t’as perdu le Sin en route et t’es allé d’abord sur le pic Pelion. T’es monté avec deux autres gars au sommet en priant pour pas te vautrer et en redescendant, t’as vu Sin qui avait rejoint un autre groupe qui avait pris le mauvais chemin. A un moment donné tu peux pas faire nounou non plus…

Avec un américain qui galopait, t’es parti sur le mont Hossa. Arrivé au sommet, grand soleil. Ca y est il est enfin là. Tu découvres la chaleur et la transpiration. Des gros pics rocailleux au loin et de la forêt partout, parfois des rangées d’arbres blancs morts qui tranchent avec tout ce vert.
Grosse déception à la descente, les sacs n’ont pas bougé. En fait, comme il y a toujours du monde, les piafs ne se pointent pas. Putain t’as raté une occasion de faire le tour du monde avec ton numéro.
Une petite heure de marche pour arriver au refuge Kia Ora. La plupart ont monté des tentes, toi c’est l’option refuge avec les ronfleurs.
Le Sin est arrivé bien après sur les genoux. T’attends qu’il récupère un peu avant de lui proposer demain de doubler la distance…
Pendant que t’écris cette partie, deux israéliens à côté de toi front la popote. Ils trimballent des oeufs, des légumes frais, 1 kg de sel, 1 litre d’huile, des sauces. Tu m’étonnes qu’ils se traînent. Toi t’as deux paquets de noddle pour le matin, une tortilla avec du fromage et salami pour le midi et un paquet de bouffe déshydraté pour le soir, et quelques barres de céréales pour la route.
Grosse affiche dans le refuge pour ceux qui dorment dans les tentes. Il y a des wallabys extrêmement insistants qui n’hésitent pas à rentrer dans les tentes s’il y a de la bouffe même s’il y a du monde, tout le monde a ramené son sac à dos dans le refuge.
Incroyable ce coin, tous les animaux veulent te chourer ta bouffe. C’est pas eux qui se trimballent 20 kg sur le dos.
Jour 4
La nuit a été très froide et ce matin il fait moins de dix degrés. Ceux qu’ont dormi sous la tente se sont pelés…

Sin était partant la veille pour doubler la distance mais ce matin il a mal au crâne et a mal dormi, donc t’es parti sans lui et t’as marché à ton rythme.

Très grand soleil mais manque de pot toute la matinée tu fais que marcher dans une forêt très dense et le soleil ne perce pas la canopée donc tu te pèles. 7h de marche sans pause, la plupart du temps dans des forêts de très grands arbres. En fait tu marches surtout sur les racines des arbres et au bout de 7h t’as les chevilles en compote.
Pas d’écrevisse cette fois sur le chemin mais un petit serpent tigre qui a eu plus peur que toi. Apparemment c’est jour de ballade chez les serpents tigres car tout le monde en a vu aujourd’hui.
Y a aussi des oiseaux (pas les corbeaux voleurs de bouffe) style perruches multi couleur.
Le refuge est sombre et blindé de monde. Un merdier pour dormir.

Ah ouais, ici pas de mosquées avec son
barbu qui appel à la prière à 2h du matin ou une église qui fait sonner ses cloches. Ici, t’as le ‘Ricardo time’: Toutes les nuits tu te réveilles vers minuit pour une pause toilette et après tu tournes sans arrêt sur ton matelas qui fait bruit de chips car tu peux plus dormir avec ton mal de dos. Enjoy!!
Jour 5
Il y a deux ballades à faire, le labyrinthe et acropolis. Vu le peu de temps qu’il te reste t’as décidé d’enquiller les deux dans la journée. Manque de pot le temps est couvert. En fait tu marches dans les forêts quand il fait super beau et quand tu fais balades avec des paysages t’as un temps de merde. Faut pas se plaindre, une australienne est venue 6 jours l’année dernière elle a pris 6 jours de flotte. Elle est contente car cette fois elle en a pris que 2.
La ballade du labyrinthe t’amène dans un coin avec de plein de petits lacs, en arrière plan le lac St Clair.
Pour ceux qui veulent faire l’Overland track, il faut vraiment faire ces deux balades. Ou sinon c’est possible de partir du lac St Clair et rejoindre le refuge Pine Valley sans avoir besoin de payer le pass pour l’Overland track. Plein de gens font ça.
Pour l’acropolis, ça commence par 45 minutes de montée sans le moindre faux plat. Déjà t’es sur les genoux et y en a un qui coince. Puis tu marches sur des planches et tu vois en face de toi ce qui reste à monter. Et la tu te dis que la redescente va être terrible. Encore 45 minutes à grimper entre  les rochers avec un passage où tu peux pas te permettre de te rater. Arrivé enfin là haut le ciel s’est un peu dégagé et t’as une magnifique sur toute la région. Pour ceux qui viennent faire l’Overland c’est le truc à pas rater mais faut une bonne condition physique. La descente a été cauchemardesque

Tu pensais trouver Sin au refuge mais que dal alors que certains l’ont vu sur le chemin pour venir au refuge.

Jour 6
Certains qu’avaient dormi la veille sous la tente sont venus cette nuit au refuge vu le froid. La nuit les gens laissent leur sac à dos pendu en hauteur à des crochets. Apparemment pas assez haut car un opossum est arrivé à ouvrir le bas du sac à dos et faire un ravage dans la bouffe. Pas de quoi monter un numéro de cirque, tous les opossums sont capables de le faire ici. C’est dans leurs gênes.
2h de marche pour rejoindre le refuge Narcisssus où tu retrouves le Sin. Il s’est fait mal au genou en venant au refuge précédent et il a préféré finir tranquillement. On est au bord du lac St Clair, grand soleil, eau transparente à attendre le petit bateau qui nous ramène à la civilisation. Certains marchent tout le tour du lac mais ceux qui l’ont fait disent que c’est pas top.
Gros hamburger frites et coca à gogo. Retour à la junk food.
Des sortes de corbeaux se sont pointés pendant ton repas, pas farouches les bestioles. T’as montré un morceau de gâteau à une des bestioles qui s’est approchée à moins d’un mètre de toi et tu l’as mis dans ton sac que tu as fermé. Que dal de chez que dal. Il a préféré sauter sur la table et piquer le trognon de pomme qui restait.
Ils annoncent trois jours de tempête à partir de demain. Apparemment sur les trois dernières semaines t’as eu la meilleure fenêtre météo, pour une fois.
Demain location de bagnole, conduite à gauche et pour ceux que ça intéresse, voilà les prochaines étapes approximatives.  L’idée étant de chercher les bleds perdus et dormir à la belle étoile.
  • Corinna
  • Marrawah
  • Parc de Narawntapu
  • Bay of fire
  • Bicheno
  • Freycinet
Bosser pas trop
Ricardo, le gars qu’aurait pu passer à la tv grâce à des piafs
ps : je crois que vous allez avoir très froid bientôt….