On descent de la pirogue pour aller chez le chaman Raïba. Il est de la famille du guide Sarhul mais ils ne se sont pas vu depuis 10 ans. Faut reconnaitre qu’on est dans un bled perdu.
Faut aussi savoir que les gens nous attendent pas donc à chaque fois on débarque comme des fleurs. On est toujours bien accueilli mais les gens sont pas curieux. Il y a plus de 6 ans qu’un touriste est venu chez lui et même ces enfant qui ont 3 et 5 ans ne semblent pas surpris de voir des blancs.
Des voisins passent et en profitent pour taxer des clopes. Les gens parlent entre eux comme si on était pas là. Le champion de l’immersion s’installe avec eux. 20 minutes plus tard, il se lève, n’a pas échangé un mot mais a lâché un paquet de clopes…
Repas en famille, ici, même pas de cuillères.

Le lendemain on part en pirogue au village. Un ruelle en béton (oui en béton) traverse le village, une trentaine de maisons, une école, une église vide et un magasin quasiment vide et un hôpital en construction. Bienvenu à Sakudaï.

Comme t’as super mal au genou gauche, t’as demandé à Sarhul si c’était pas possible de faire une séance de guérison. T’es dans une maison avec plein de chamans  ça devrait être possible. Ola!!!!! Trop dangereux ! Il sait pas qu’elle magie ils pratiquent, peut être la magie noir mais faut pas poser la question. Donc pour l’instant côté chaman, c’est zéro pointé.
C’est con y aurait eu l’autre baltringue de chaman qui pue du Vietnam, lui en 30 secondes, il t’aurait réglé ton problème de genou…
Il pleut, t’attends, tu regardes les gens fumaient tes clopes en écrivant ces lignes.
D’un autre côté, ils sont très serviables. T’as vu des cocotiers plein de noix de coco. Ici, ils ne boivent pas l’eau de coco. Tu demandes si c’est possible d’en avoir une. 2 minutes plus tard un gars est monté au cocotier pour t’en ramener une et faire une paille avec un petit bambou.
Certains enfants ont un petit flacon autour du cou. C’est une potion secrète pour les protéger des mauvais esprits.
Imagine le touriste ‘luxe’ qui parvient jusqu’ici. Déjà il en chie grave et ensuite on lui taxe des clopes pendant qu’il poireaute, le luxe. Tu fais la remarque au roi de l’immersion qui du coup s’inquiète et va discuter avec Sarhul sur les activités potentielles.
Comme c’est notre dernier soir chez Raïba et qu’il y a beaucoup de monde chez lui, il tue le cochon. Mais avant il lui parle, lui dit qu’il ne le tue pas par plaisir mais il en a besoin. Puis  c’est un non chaman qui égorge le cochon sur le pas de porte. Les 2 petites filles de 3 et 5 ans se dépêchent de venir voir la mise à mort. Ensuite il est empalé et mis dans le feu pour brûler tous les poils. Et c’est la découpe à parts égales. C’est la petite fille de 3 ans qui tient les pattes pendant qu’un gars les coupe avec la machette….

Ça parle beaucoup, en particulier Raïba qui est incapable de se taire 10 secondes et l’homme immergé fait acte de présence et don de ses clopes.

Sarhul semble mal à l’aise. Il fait croire que Wati est sa femme car il semble qu’elle intéresse plusieurs gars de l’Uma. il pourrait vouloir la garder… Elle a tellement la trouille qu’elle a gardé ses mégots de cigarette de peur qu’ils s’en servent pour faire de la magie noire…
Le lendemain on refait en pirogue le trajet inverse. Il est 7h30, la brume matinale est en train de laisser apparaître le soleil à travers la jungle. C’est superbe. 2h plus tard, plus assez d’eau, il faut marcher. Comme on a plus de bouffe, t’as négocié pour qu’Amoleï porte ton sac. Ton genou a démissionné et craque à chaque pas. Tu voulais porter celui de Wati mais elle a pas voulu. Dans la galère, elle a pété le bracelet de sa montre, perdu son collier mais elle resiste toujours pieds nus. Respect !
6h de marche plus tard (même galère qu’à l’aller donc pas la peine de revenir sur toutes les agressions ) on sort enfin de la jungle pour rejoindre le village de Matotonan, 1500 habitants.
A suivre….
Ricardo non immergé