Yo,

Ça y est, c’est parti pour 1700 km de remontée d’une petite partie de l’Amazone soit plus ou moins 36h non stop de speed boat confortable avec fauteuils en simili cuir, clim avec la température d’un congélateur, la TV juste au dessus de ta tête et vitres teintées pour pas être dérangé par les paysages. Du coup tu t’es installé à l’arrière, dehors, ce qui permet de voir défiler les berges, d’entendre parfaitement le moteur et de profiter de l’humidité.  Ça démarre très fort, ils ont oublié de fermer une vanne où t’es installé. L’eau sort à gros bouillon et inonde tout. C’est un des passagers qui s’est dit que ça devait pas être normal et a foncé fermer la vanne. Du coup, ils sont descendus dans la salle machine voir le moteur. Vu les cadors, avec un coup de pot, on va peut-être tanker une girafe qui s’est perdue et traverse le fleuve…oui, la girafe d’Amazonie maîtrise le crawl.

Goooood morning amazonia, radio amazonian-Ricardo vous offre un point de la situation après les 8 premières heures : Petit point météo avec ces quelques photos qui ne sont pas en noir et blanc. Les commentaires sont superflus.

Petit point trafic : fleuve dégagé, circulation fluide, peu de bouchons prévus dans la journée même à la sortie des horaires de pêche, par contre attention à la chaussée humide voir très humide.

Côté paysage, comment dire, bon, t’es pas sur un bateau touristique qui fait des stops pour te montrer des spots avec des bestioles, t’es sur le TGV de l’Amazone. Donc, des berges avec du vert, du vert et du vert qui bouge très vite. Parfois des grands arbres qui tôt ou tard finiront sous forme de parquet occidentale. Faut pas se le cacher, c’est assez monotone. Y en a encore des bisounours qui vont écrire que t’es blasé… Ne me dites pas que si vous vous tapez 6h de TGV au milieu des champs de maïs, vous allez passer 6h à regarder pousser les épis avec émerveillement. Même un japonais se lasserai à force. Ici, c’est pareil, mais tu remplaces le maïs par un truc plus vert et tu passes la durée de 6h à 36h. Ok, les St Thomas, vous voulez une preuve?  Voilà donc, offert par amazonian Ricardo, 2 extraits de 15 secondes. Les berges vues de loin et de près.

Et surtout à repasser en boucle pour les amateurs de film mi expérimental mi documentaire.

Kinnary, Gabriel, si ça vous manquent les heures sans fin sur un fleuve, je vous file les infos et en janvier vous venez ici plutôt que d’aller à Cuba abuser d’un pauvre voyageur en fin de circuit. Ça marche ? Et ainsi Kinnary aura le temps d’écrire les scénarios de la prochaine saison de GOT. Ouais, en fait personne n’est mort, c’était qu’un rêve…

Alors oui, parfois, apparaissent quelques maisons/petites communautés sur pilotis en bord de fleuve et étonnement des poteaux électriques, parfois, quelques pirogues et barques de pêcheurs en train d’installer des filets mais y a pas foule.

Et puis de rares stops dans des villes perdues sur le fleuve où quelques personnes montent ou descendent. Une petite vidéo d’une bled afin de vous faire voyager et rêver. La dernière vidéo est le bled Bananal en cas où qqun chercherez un coin reposant. N’hésitez pas à faire péter le nbr de vue sur YouTube.

 »Goood morning Amazoniaaaa »’, ici Radio amazonian-Ricardo pour un point de situation en cette belle et nouvelle journée : 6h du matin, la chaussée reste, bien sûr, très humide et en cette heure matinale aucune circulation dans les deux sens. Aucun bouchon non plus prévu sur les dix années à venir. Côté météo, on ne change pas une équipe de nuages qui gagne. Et côté paysages, comme d’hab, appréciez ces berges recouvertes de trucs verts à fort potentiel de planchers. Si vous ne retrouvez pas vos lunettes de soleil, ce n’est pas grave vous n’en aurez pas besoin. Profitez de la vue, il ne vous reste plus que 12h de navigation.  C’était Amazonia-Ricardo, la radio qui vous accompagne sur vos longs trajets.

Tu t’attendais pas avoir autant de monde sur ce type bateau car le billet est pas donné pour le niveau de vie du pays, 160 euros. T’espérais pouvoir échanger avec d’autres passagers mais le bruit du moteur est assourdissant et surtout personne ne parle un peu anglais. Tu te disais, le pays est entouré de pays qui parlent espagnol, peut-être que tu vas pouvoir t’en sortir avec ton baragouin espagnol. Que neni, ici c’est le portugais à la sauce brésilienne, point barre. Donc pas facile car tu pipes rien de rien. Faut reconnaître que si t’habites au milieu de l’Amazonie brésilien, les autres langues vont pas te servir tous les quatre matins. En fait, c’est pareil en France, qu’est ce qu’un chauffeur de camion dans un trou comme Bernay par exemple, a besoin de parler l’anglais.

36h c’est un peu long… et dire que t’avais imaginé prendre l’option 7 jours. Et pour l’instant t’as pas fait la moitié et encore, t’as fait la partie la plus directe.

Te voilà enfin arrivé dans la région des 3 frontières. T’es arrivé du Brésil dans la ville de Tabatinga qui est collée à la ville Colombienne Leticia. Et de l’autre côté du fleuve t’as le Pérou qui sera ta prochaine direction. L’objectif étant toujours d’arriver à Quito en Équateur, inchallah bien sûr.

Tu t’attendais à l’ambiance un peu ‘particulière’ des villes frontières surtout dans des endroits un peu perdu mais que dal. Plein de restos, de bars sympas, ambiance décontractée. Tu t’es installé côté colombien car ça semblait plus vivant et ça sera plus facile côté discussion. Ta guesthouse a une piscine dans le jardin. Holà vous emballez pas, leurs chiens viennent boire dedans. Vous en connaissez des chiens qui boivent de l’eau chlorée?

En plein centre ville, tu as un petit parc avec des arbres. Vers 17h15 des piafs débarquent de la jungle par paquet de dix pour s’installer dans les arbres de ce parc. Puis tout s’accélère, ils arrivent pas centaines puis par milliers. C’est un tourbillon de piafs qui cherchent à s’installer. Ça piaille comme c’est pas possible. Les arbres se recouvrent d’oiseaux. Tu penses que ce sont des feuilles mais non ce sont des piafs. C’est le délire. Apparemment c’est pas simple de trouver la bonne place car ça s’engueule. En tout cas, c’est un peu la roulette Leticienne (c’est quand t’as 50 piafs qui passent au dessus de toi) quand t’es dans le parc à cette heure, surtout si t’es proche d’un arbre. Y a des fientes de piafs partout mais partout donc c’est vite d’être couvert de merde. A certains endroits c’est même irrespirable.

4h plus tard, ça piaille encore. Une fois bien installés, peut-être qu’ils se racontent leur journée : « alors Brice, c’était comment cette journée ? Pas mal, j’ai revu Bricette, on s’est trouvé une petite mare qui peut faire jacuzzi…. » Ouais, donc plein de trucs intéressants dans ce genre. Et va comprendre pourquoi, tous les soirs ils rentrent en ville. Le bruit des bagnoles leur manque peut-être? C’est quand même pas la trouille de passer la nuit dans la jungle ? Tu le fais bien toi alors que t’es un charlot de la ville. Si un jour, vous allez au nord de la Malaisie à Kota Bahru, c’est pareil mais avec des chauves-souris. L’aéroport est même fermé tellement ça peut être dangereux pour les avions.

Dés que tu te rapproches des berges, changement d’ambiance avec des maisons en bois sur pilotis.

T’es retourné à pieds côté Brésil acheter ton billet de bateau pour Iquitos. C’est pas la même ambiance, pas sûr que tu te baladerais le soir dans le coin alors que côté Colombie aucun problème. Mais c’est vrai que le soir t’as un flic tous les 100m. T’as quarante sortes de police et armée ici, la brigade de la jungle et même la police ‘ambiantal’, va savoir, en tout cas ils aiment les paresseux. En plus t’es logé à 50m de la prison. Et Non !! Adnana, j’irais pas demander s’ils vendent de l’artisanat dans la prison. Côté artisanat, t’as trouvé un objet grandeur nature, ça intéresse quelqu’un? Oui, on peut pas toucher dans le magasin mais une fois acheté…

Le truc le plus étonnant ici, c’est la gestion des visas. T’es arrivé du Brésil, t’as fais ton tampon de sortie du Brésil mais t’es pas allé faire celui de l’entrée en Colombie alors que tu dors plusieurs nuits en Colombie. Et tu fais, en Colombie, ton visa d’entrée au Pérou juste à côté du guichet des visas de sortie de Colombie sans que ça pose problème.

Ca serait con de faire toute la traversée du bassin amazonien sans s’arrêter. Donc tu pars vendredi 5 jours dans la jungle avec une agence locale Colombienne. On est ?? (ouais ?? Car c’est pas clair à la veille du départ ). Indiana Jones prêt à se perdre dans la jungle mais que neni. C’est un truc un peu pépère. En fait, tu contactes plein d’agences à l’avance, quasiment aucune ne te répond sauf pour te donner des réponses sans rapport avec tes questions. Et sur place, y a pas de touristes qui veulent s’embarquer sur plus d’une ou deux journées donc tu te rabats sur ce qu’il y a.

https://forestours.com/tour-packages-5-days-zacambu-lodge-and-tupana-aru-u/

Et ouais.. Super, tu vas te retaper un paquet de bateau/pirogue. Gabriel, grosse erreur de débutant, j’ai oublié de demander s’il y avait un toit sur le bateau.

T’as quand même cherché si tu t’étais gouré côté timing météo. Le meilleur moment pour les treks du côté de Manaus, est octobre. Et bien putain, t’es pas tombé loin, juste 5 mois de différence. Et côté pluie, t’es moins mauvais c’est à partir de juin que les précipitations baissent. T’as aussi demander à la guesthouse pour le soleil. Ouais, ils ont en eu jusqu’à ton arrivée.

Petite devinette : A quoi on reconnaît-on un pays qui s’y connaît en moustique ? Un pays où tu peux acheter du DEET en spray anti-moustique. Ouais c’est agressif pour la peau, la nature… Mosento en comparaison c’est du talc pour bébé, mais au moins c’est efficace. Et ici, t’en trouves partout!!!!! Pour les ‘eco’ responsables qui se pointent avec de la citronnelle ou un autre produit genre à l’aloe vera, sachez que les moustiques détectent cette odeur et savent qu’il n’y a que les touristes qui ont l’utopie d’avoir confiance et donc c’est comme un appel pour eux.

Amazon boat people Ricardo

Ps : au fait Delphine, c’est pas toi qui voulait à une époque faire la traversée du Pacifique sur un cargo ? Euh, je vais pas être dispo à cette date…