Yo,
Goooood morning Amazoniaaaaa. Vous voilà de retour sur votre radio préférée. Comme d’habitude un petit point circulation : si lors de vos précédents voyages fluviaux vous aviez l’impression d’un fort trafic, rassurez vous, vous ne serez pas ennuyé par la vue d’un bateau ni même d’une pirogue.
Que le français moyen qui geint à chaque fois sur la météo soit content, il aura enfin du soleil mais bien sûr avec des nuages et quelques gouttes de pluie.
Ne vous inquiétez pas (trop) si votre bateau passe par dessus des troncs d’arbre, vous êtes dans un modèle 4×4.
Côté décoration florale, vous retrouvez de la jungle sur chaque rive avec parfois quelques minuscules villages. On ne change pas un paysage qui pique les yeux.
Ah nous avons un auditeur qui a une question :  »Euh, ouais, je m’appelle Ricardo, français et fier de l’être et je comprends pas un truc. Sans déconner, c’est partout pareil ici, que du vert, de la jungle ça fait des journées entières qu’on voit que ça. Les mecs sont pas orientés business ici. C’est quand même pas compliqué. Les americanos doivent bien avoir un fond de napalm qui traîne quelque part, t’en balances 2-3 bidons histoire de nettoyer le terrain. En plus avec un peu de chance t’auras du singe grillé au dîner. Ensuite, c’est super simple. Tu coules une immense dalle de béton, tu fais des belles places de parking et puis tu importes la grande gastronomie française avec un Campanile, un Hypopothamus voir même un Flunch pour les plus aventuriers. Si tu veux faire un peu plus exotique, t’ouvres une pizzeria Pino et un MacDo pour les amerloques. C’est ça que veulent les gens, du béton, de la grande bouffe, des choses connues, quoi. Pas 3-4 cons de singes qui font des cabrioles dans un arbre, y en a plein le zoo de Vincennes. Et là tu vas faire du touriste de masse, du vrai, celui qui porte un bob et qui suit en groupe un autre gars qui tient une pancarte. Hein c’est pas une bonne idée, ça ? Et puis tous nos produits toxiques qu’on arrive plus à refourguer aux pays pauvres, pourquoi on vient pas les balancer ici dans le fleuve, on le fait bien dans la Seine? C’est pas 10 dauphins roses qui vont nous enmerder. En plus rose… Quand on a une couleur pareille, on la ramène pas »
Ah nous avons un 2eme auditeur en ligne :  »Ouais, c’est Brice de Bernay. C’est quoi cette histoire de vouloir copier exactement ma ville. Le parking, le Flunch, le Campanile, on les a à Bernay et ça doit rester à Bernay.!! On veut pas perdre nos 10 touristes annuels. Au fait qui peut me dire le contraire de yes en anglais? »

Voilà, c’était la radio Amazonian-Ricardo qui remercie ses auditeurs pour leurs commentaires inutiles. Profitez de ces 2 derniers jours de bateau au Pérou sur le Rio Napo.

Dans la bible Lonely Planet est écrit que ce trajet pour passer du Pérou en Equateur est celui le plus reculé, difficile, vraiment pour les aventuriers, genre la dernière frontière avant l’inconnu. Waouh, ça met la barre haute. T’es super motivé, enfin tu vas rentrer dans le dur. Mouais, le charlot qui a écrit ça à du venir ici il y a 30 ans où il est jamais passé à l’office du tourisme d’Iquitos. Déjà tu pensais que tu serais le seul clampin sur le bateau hors les locaux. Et non, il y a 2 espagnoles et la sœur hollandaise de Bugs Bunny, ouais, elle voyage avec son kilo de carottes qu’elle passe son temps à grignoter. Si même une lapine passe par ici…le côté survivor..  Et ensuite tout est organisé. Le seul hic, t’as 2 bateaux par semaine donc faut pas se rater côté créneau horaire.

Stop à un petit bled, Santa Clotilde, pour passer la nuit. Ouais ce bateau ne navigue pas de nuit, déjà que de jour il tape les troncs d’arbres. Tu t’attendais à un trou mais non, une vrai route qui va tu ne sais où, plein de tricycles, de motos. Sans déconner, on est dans la jungle à plus de 7h de bateau express de la grande ville et t’as autant de circulation qu’à Bernay un mardi matin. Manque plus qu’un Flunch et on est bon. Comme partout à cette époque, les mecs qui ont leur baraque en bord de fleuve ont dû installer des pontons temporaires pour passer de maisons en maisons. Tous les gens te disent bonjour dans la rue. Les maisons sont très simples et comme partout, le plus beau bâtiment est l’église. T’as un vrai terrain de foot avec des gradins (oui Linda et Bruno, un vrai terrain de la taille d’un terrain de foot. Pas comme votre arnaque à Isla del sol….) et vu la taille des gradins, ils doivent au moins jouer en Nationale.

Le prix du billet de bateau comprend l’hébergement dans une hospedaje (guesthouse), t’as donc même pas à chercher où dormir, all inclusive. Sur la photo, c’est vrai que ça donne pas trop envie de traîner dans la chambre. En vrai, c’est plus, comment dire… chaleureux… faut rajouter les moustiques et une chaleur pas possible. Et encore, t’as pleuré pour changer de chambre et en avoir une avec fenêtre.
Comme il y a l’électricité de 18 à 23h, le bar/boîte de nuit qui est à 30m de ta fenêtre a un créneau horaire limité pour attirer le chaland et met la musique à fond. Le fils du patron de la guesthouse veut certainement lui faire concurrence en mettant de la musique encore plus fort dans sa chambre qui est à 5m de la tienne. Double vitrage ?? Ahaha. Quitte à pas dormir, t’es allé jeter un œil au bar. Des spots bleus et rouges dans tous les sens, une musique forte à t’arracher les poils du nez mais pas un pekin à l’intérieur.
Côté photos du bled, non tu t’es pas trompé, c’est bien ces photos que tu voulais afficher. Y a un côté…artistique (en particulier celle avec le tabouret rouge) que tout le monde ne peut pas appréhender. Encore merci Gabriel pour ces précieux conseils. National Geographic les juge trop avant gardiste pour eux. (Kinnary, c’est une blague).

A 7h on t’apporte le petit déjeuner. Alors ça y est, vous vous dites, le bougre il fait une grasse mat, on lui apporte son petit dej dans sa chambre, avec un croissant, un jus de fruit… Et après il se plaint que c’est trop plan plan. Presque! A quelques détails près… Déjà, tu t’es levé à 3h du matin pour embarquer à 3h30 pour les dernières 12h de bateau. Ton petit dej, c’est une feuille de bananier qui contient une boule de riz bien grasse, un échantillon de poulet et un ersatz d’œuf dur. Ils ont remplacé le cappuccino par un verre de coca. Mais par contre, c’est vrai, on te l’a apporté à ton siège. Que les médisants en particulier une qui commence par un K, se taisent.
Et contrairement à ce que tu pensais, on est effectivement parti de nuit sans lampe juste avec la lumière du clair de lune. Pas sûr qu’on passe un permis bateau ici.
Merde, tu viens de rater l’émission radio d’Amazonian-Ricardo mais c’est toujours la même chose qui est radotée.
Sur cette dernière parti du trajet, le bateau est devenu facteur, livreur Amazon premium. On livre du pain ou de la bière, tout dépend des besoins vitaux de chaque communauté. Là, plus de routes, plus de motos, juste quelques maisons sur pilotis mais étonnement souvent des pylônes électriques. Les gens secouent leurs vêtements en bord de fleuve pour attirer l’attention du pilote et embarquer sur le bateau, ouais faut pas le rater.
Pause repas à un Campanille local, le seul restofleuve que t’auras vu. Le seul plat du jour de la tortue avec du riz et haricots. T’as toujours pas compris ce qu’il y avait à manger dans la tortue. Au moment où le bateau s’écarte, un excès de gentillesse de ta part, tu dis qu’il manque les 2 espagnols. Ils ont une sacré dette car sans toi, ils étaient bons pour attendre 5 jours le prochain. Au moins ils auraient été nourris.
T’es enfin arrivé à Pantoja, le dernier bled côté péruvien, la frontière de l’ultime, où même Indiana Jones n’a jamais eu le courage de venir. Mike Horn t’a même demandé de faire du repérage pour lui (Kinnary, c’est une blague).
On peut passer la frontière que par bateau et pour plus de fun, ils ont installé le bureau de l’immigration en haut d’une colline… On est obligé de passer la nuit ici car trop tard pour passer la frontière et surtout, le bureau de l’immigration côté équatorien sera fermé. Là, y a vraiment pas grand-chose, on a même eu du mal à trouver un endroit pour dîner.
Les autres ne veulent pas mettre 4$ pour une chambre et sont partis planter leurs tentes dans un champ.
Que 2h de pirogue pour rejoindre Nuevo Rocafuerte en Equateur. Le mec nous a dit qu’on allait voir en chemin des singes, des dauphins roses, des anacondas, des perroquets, waouh. Sauf qu’on est dimanche et qu’ils sont tous à la messe à part une bande de singes qui étaient en retard… Des anacondas. Pff
Nuevo Rocafuerte est en construction, il bétonne le bord de fleuve. A part ça rien de particulier.

Ricardo easy Survivor