Avez vous entendu parler de la cérémonie aymara ‘Inlaya elincane’. Bon toi non plus. C’est le patron de la guesthouse à Iquique, un aymara, le gars qui a protégé ta voiture il y a quelques jours qui t’en a parlé. C’est une vieille tradition aymara qui est officiellement interdite par le gouvernement mais comme ça se passe dans les montagnes tous les 2 ans sans une date précise, elle se perpétue encore. Le gars y va et t’a proposé de t’y emmener (oui, protéger une bagnole, ça crée des liens). C’est le dernier des 3 jours que dure la cérémonie. Le touriste non accompagné n’est pas le bienvenu.
Vous avez entendu parler de la baie de Taiji au Japon ? Chaque année, ils y massacrent des dauphins et l’eau devient rouge. Bon, amis des bêtes ou végan, ne lisez pas plus loin, passez au post suivant. C’est bon? Il reste plus que les sans cœur ?
Ouais, donc, c’est le même principe de boucherie mais avec des lamas. T’as hésité à y aller avec le mec mais il emmène aussi un autre touriste. On pourra faire quelques photos de la lagune mais surtout pas des locaux sinon ça lui retombe sur la gueule.
2h30 de route pour rejoindre le petit village de Camina au fin fond d’une vallée. Ensuite il faut un 4×4 car ça devient une piste dégueulasse. Il nous faudra encore 2h30 pour faire juste 60 bornes. Ça donne une idée de la piste. Pendant ce temps. Le patron nous a expliqué d’où vient cette tradition. La lagune est considérée comme maudite. Des aymaras auraient découvert cette lagune il y a très longtemps. Ils seraient venus avec des lamas qui auraient bu l’eau sans problème. Alors qu’eux seraient morts en la buvant. Conséquence, ils se vengent sur les générations suivantes de lama en en égorgeant une centaine. Allo, Gérard? Ouais sur ce coup, t’y es pour rien.
Il paraît que tout la zone est couverte de sang séché depuis des siècles. En plus, y aller le denier jour, veut dire que la boucherie aura laissé des traces fraîches. Vous pensez que c’est déplacé de demander si ensuite on pourra manger du lama au BBQ ?
On est arrivé très en avance, histoire qu’on puisse voir le site avant la cérémonie qui n’aura lieu qu’au coucher du soleil. Près du parking, une vingtaine de lamas dans un enclos qui doivent se douter de ce qui va se passer vu la disparition de leurs congénères.
Il y a juste 3-4 autochtones pas très contents de nous voir mais le patron leur parle et ça se règle assez rapidement. Il nous avoue qu’il fait partie des exécuteurs (ça se transmet de père en fils) et à ce titre il peut se permettre certaines choses. C’est aussi pour ça qu’il veut pas de photos. Lui en train de découper un lama, pas sûr que ça fasse de la pub à sa guesthouse.
Putain, c’est impressionnant. Pour accéder au site, il y a une petite pente, rouge, couverte de rigoles de sang. Rien que ça, c’est déjà stressant. Les mouches pullulent par milliers.

T’as hésité à continuer à monter. En haut de la pente, la lagune. On se croirait dans un film gore. La lagune est rouge mélange d’eau et de sang. Reste juste un coin d’herbe verte où vont être amenés plus tard les derniers lamas pour être égorgés.

Par contre pas de cadavres de lamas. Mal barré le BBQ. L’autre touriste est redescendu vomir. Ouais, on n’imaginait pas ça, on aurait du faire l’impasse sur le petit dej. On va peut être demander à partir avant la cérémonie.  Mais si t’as déjà fait un stage chez ‘Charal’, ça doit pas te changer de ton quotidien.
Le gars nous emmène de l’autre côté de la lagune où l’eau déborde et coule le long de rochers. T’as d’immenses coulées rouges qui datent des dizaines d’années précédentes. A devenir végan. Non, y en faudra plus pour arrêter le saucisson!
Entre temps, d’autres locaux sont arrivés et discutent fermement avec notre ‘guide’ en nous regardant. Le plus important, ne pas ressembler à un lama. On a rangé nos appareils photos, histoire ne pas aggraver la situation. Ça se tend, ça gesticule. Apparemment même un bourreau a des règles à respecter. Le gars nous fait signe de retourner vers la bagnole. Puis il nous rejoint, accompagné de 2 locaux.
Bon, on est pas les bienvenu. On doit repartir et donner nos appareils photos. Ouais, bien sûr, parle à ma main. C’est vrai, on est pas en position de force mais faut pas déconner non plus. L’autre touriste qui a un super appareil leur dit que s’ils prennent nos appareils, il va à la police. Ah ouais au moins tout est dit. Faudrait pas qu’on remplace 2 lamas. Finalement on leur a montré les photos prises pour qu’ils les suppriment. Bon, l’aymara de montagne ne sait pas trop qu’on peut facilement récupérer une photo supprimée…
Vous y avez cru ? Un peu trop gros, non ?
T’as hésité à changer la fin pour aller jusqu’au cérémonie mais ça risquait de devenir vraiment gore
Pour la véritable histoire, attendez le prochain post
Ricardo, romancier raté
ps : Inlaya elincane est du zoulu….