Yo
De retour au sud du pays après cet intermède de 15 jours au nord du Chili.
La Patagonie. Alors, chaque chilien a sa propre version d’où commence la Patagonie. T’as à peine plus d’un mois en Patagonie. C’est super court vu la taille de cette région entre l’Argentine et le Chili et surtout le peu de transport publique. Donc on va dire que c’est du repérage. Tu reviendras beaucoup plus longtemps avec ta voiture dans quelques années.
C’est parti pour la fameuse route australe. Ça commence très fort, le bus est bloqué 3h par une manif d’une trentaine de femmes et d’enfants. Comprends pas! Un mardi matin, les enfants devraient être en train de bosser dans une usine à fabriquer des baskets Nike. Et les mamans, au lieu de buller en bord de route, elles devraient courir voir un diététicien. Ok, il fait froid, il faut 1 couche de gras pour se protéger. Mais 1 couche, pas 5 ! Bon, toi t’es à 1,5 couche, oui, t’es pas habitué au froid.
Côté paysage, t’es passé d’un monde très minéral à des forêts, des rivières, des montagnes au sommet enneigé, parfois quelques petites maisons en bois mais ça reste très sauvage. Tu connais ni le Canada ni les pays nordiques, mais ça doit être le même genre de paysage. Des photos ? Avec un temps aussi gris et derrière une vitre embuée d’un bus, ça donne rien ou ça.
A propos de nuage, le nom maori de la nouvelle Zélande signifie le pays du long nuage blanc. Patagonie, ca signifie quoi wiki Franky? Le pays des déclinaisons du gris?

Côté bord de mer, il y a énormément de fermes d’élevage de saumons. Il n’est pas importé en France. Ouais, il transpire l’antibiotique et d’autres saloperies. On préfère les antibios norvégiens… Vive l’Europe !

Le début de la route austral est coupée par des bras de mer. Seule solution les ferrys. Ça permet de voir les autres voyageurs. Fini les jeunes de 20 ans venus pour se dorer au soleil et picoler de la bière. Dés qu’on est dans des environnements plus rudes, ça vieilli d’un coup. Autant à Iquique, tu passais pour un vieux con, autant ici t’es un ‘jeune’ idiot.
Une fois le dernier ferry passé, on roule sur une piste, une vraie tranchée dans un mur végétal, des énormes fougères, puis des grands arbres. La végétation est super luxuriante, pas étonnant vu la flotte qui tombe.
20h, avec plus de 3h de retard, t’arrives enfin au bled de Chaiten. Incroyable, le minibus qui va jusqu’à Futaleufu, ta destination finale, a attendu le bus. Ils sont organisés les patagoniens !
Les montagnes, celles qui sont pas cachées par le nuage, sont couvertes de cascades. Sur un même flanc de montagne, t’as du en compter plus d’une vingtaine. Je vous ai déjà dit qu’il pleuvait beaucoup ici ?
Côté route, tu t’attendais pas à ça. A part 20 minutes de piste une belle route bien goudronnée, une twingo passe sans problème.
T’es monté jusqu’à Futaleufu car c’est un spot de rafting où tu peux taper du class V. Sauf que vu la pluie tombée ces 10 derniers jours, le niveau de la rivière est trop haut et juste une petite portion est ouverte. De toute façon, il y a pas de vraie bonne saison pour venir. La rivière arrive d’Argentine où il y a un barrage. Donc même en plein été, les argentins peuvent ouvrir le barrage pour avoir de l’électricité et foutre en l’air la saison de rafting. Gros coup de pot, journée grand soleil. On est 9 clients et 2 seulement en ont déjà fait. T’as une belge, terrorisée, qui doit certainement prier intérieurement et se demander pourquoi elle a accompagné son mec sur le bateau. Elle demande où est l’endroit le moins dangereux. Euh, sur la rive. 2h pour descendre une douzaine de rapides. L’autre gars qui en avait déjà fait a eu la même impression. Quand ils ont le choix, ils nous font passer par les passages les plus calmes. Les prières de la belge ont été écouté, pas un gus à l’eau, pas un retournement de raft, que dal.

Sinon Futaleufu, mais bien sûr qu’il y a sa place centrale et son église. Y a même une roue à aubes comme attraction touristique sur la place centrale. Ouais, y avait un moulin à une époque.

T’es logé chez l’habitant. Ça permet de voir la décoration traditionnelle. Oui ça peut être sympa dans un chalet en bois dans les Alpes. Dans un appart en béton à Paris, pas sûr, peut être à Bernay?
Alors, le plus compliqué en Patagonie c’est le transport. Si t’as pas ta voiture, c’est compliqué. Tu veux aller direction le sud, le prochain bus est dans 2 jours… La seule solution, c’est le stop. Donc t’as pris, un bus qui t’a laissé à villa Santa Maria, un bled a une intersection. Et t’es là, le pouce lever à attendre l’âme sensible qui va s’arrêter. A chaque fois que t’as loué une bagnole, t’as toujours pris les gens en stop. Tu te dis qu’il y aura bien un retour d’ascenseur.  Au pire, tu dormiras dans le village.
12h45, le pouce est prêt !
Mouais, mouais, mouais… le principal problème est la circulation. En 30 minutes t’as vu passer 5 bagnoles et camions. Avec ta coupe de cheveux de sortie de prison et ton air ‘sympathique’ ça n’aide pas. Faudrait peut-être que t’essayes une jupe.
T’as une bagnole de touristes qui passe devant toi et qui s’arrête 100m plus loin. Bon… Puis elle fait demi tour. Cool, tu te dis, ils regrettent et viennent te prendre, sympa. Que neni, ils s’étaient trompés de direction.
Finalement au bout de 30 minutes, un local, dans un petit camion t’embarque mais le bougre s’arrête 20 bornes plus loin au milieu de nulle part. Oh putain, autant au village, au pire tu dormais chez l’habitant, autant au milieu de nulle part part, ça se complique.

Quelques photos en cours de route, à travers la vitre du camion. Les paysages, en plus avec du soleil, sont superbes.

Finalement un jeune couple russo-hollandais dans une camionnette transformée en mini van habitable (ouais, ils ont mis un canapé clic-clac à l’intérieur et acheté un réchaud), t’a embarqué jusqu’au charmant village de Puyuhuapi où à peine sorti du van, une mamie t’a alpagué pour te montrer son hospedaje.
Puyuhuapi, tu comprends pas, t’as trouvé la place centrale mais pas son église. Tout se perd en Patagonie !
Alors pourquoi Puyuhuapi ? T’es à 20 bornes du parc national de Queluat. Ton idée, prendre un minivan d’un local qui t’emmène à l’entrée du parc, aller jusqu’au glacier puis faire du stop pour aller à ta prochaine destination Coyhaique à 200 bornes. T’adores les plans qui se déroulent sans accrocs comme dirait Hannibal. Jusqu’à l’entrée du parc tout va bien. Tu laisses ton gros sac à dos de 20 kg à l’accueil et tu pars faire la balade. T’as une immense lagune d’une couleur jaune/verdâtre assez particulière qui provient de l’eau du glacier Ventisquero Colgante. Le chemin dans la forêt te permet d’arriver en face du glacier. Même au mirador, tu restes quand même super loin mais la vue du glacier qui surplombe une falaise avec les différentes cascades est assez magique.
Tu serais bien rester plus longtemps mais t’as réalisé que t’as oublié ton GPS à la guesthouse de Puyuhuapi. Putain, ça veut dire redescendre où t’as laissé ton sac. Marcher 3 bornes avec tes 2 sacs soit 27 kg, rejoindre la route et lever le pouce. La vache, y a quasiment aucune bagnole qui circule. Coup de pot, tu choppes un minibus qui te ramène au village. Tu récupères ton GPS et te voilà à nouveau le pouce lever pour repartir dans l’autre sens. Comment on dit ‘gros connard’ en espagnol ? En 1h t’as vu passer 5 voitures. Que les gens ne s’arrêtent pas, y a pas de soucis mais qu’ils te fassent des grands ‘coucou’ de la main avec un grand sourire alors qu’ils ont de la place dans la caisse, ça énerve un peu.  Ça t’a démangé de remplacer  le pouce par l’index.
Résultat, tu repasses la nuit à Puyuhuapi (toujours sans son église) et prend un bus à 6h le lendemain matin.
Hitchiker Ricardo