Yo,

10h t’es à Coyhaique, la seule vraie ville de la région. Tu pensais que c’était calme en Patagonie. Tout les banques sont bunkerisées. A 10h du matin tu pleures sur la place centrale tellement il y a eu du lacrymo balancé la veille. Trop tard pour chopper un bus. Tu pars en direction de la sortie de la ville avec tout ton barda. Dans une montée, t’as à peine sortie ton pouce qu’une bagnole s’arrête. Le mec a vu un vieux en baver dans la montée et il t’a embarqué sur 50 bornes. Le paysage a beaucoup changé, toute la vallée a été déboisée et t’es au pays des vaches. Y a un petit côté suisse. Prochaine intersection , tu fais semblant de marcher avec ton merdier. La 3ème voiture t’embarque et te laisse à 6 bornes de ta destination. Au bout de 3km, une voiture s’arrête plus loin et fait marche arrière pour venir te chercher. Tous ceux qui t’auront pris sont des locaux, les touristes étrangers rien à foutre.

Te voilà à villa cerro Castillo au pied du Cerro Castillo. C’est le futur ‘Torres del Paine’. Le sommet est découpé en plusieurs aiguilles. Il y a un chemin pour monter jusqu’à la lagune. Il est 13h30 et tu ne peux prendre le chemin que jusqu’à 12h. Ensuite ils considèrent que t’as pas le temps de monter et revenir. Demain, ils annoncent un temps de merde  et il y a de grande chance que le chemin ne soit même pas ouvert.

Le forecast météo a changé, beau le matin, neigeux l’après-midi. A 7h30 t’es devant l’entrée mais il y a un panneau indiquant fermé pour cause de mauvais temps. Ces cons ont même pas vérifié les forecast. Ça tombe bien, le droit d’entrée est exorbitant et il y a un 2eme chemin plus loin soit disant géré par Conaf. T’as juste 6 km de piste inintéressant à te taper en plus. Côté météo, ils ont annoncé grand soleil, euh, on voit même pas les aiguilles du cerro Castillo.

Tu t’embarques enfin sur le chemin, des garennes courent partout mais impossible d’en trouver en civet dans les restos. T’arrives à une immense tente en pensant que ce sont les bureaux de la Conaf. Que dal, le chemin est privé. C’est une concession faite par la Conaf et le prix exorbitant est le même qu’à l’autre accès. Et encore, t’as la chance d’être un étranger et de payer deux fois le prix normal. Quand ils disent que le cerro Castillo est le nouveau torres del paine, ils doivent parler des tarifs d’entrée. Pour ce prix, le mec t’indique que plus haut il y un passage sur des rochers et que si c’est venteux, il faut faire demi tour. Oui bien sûr, et tu me rembourses ton braquage ?

Ça monte dans la forêt puis t’arrives à ce fameux endroit où il y a un panneau te disant de faire demi tour en cas gros vent. Mouais, du vent, il doit y en avoir tous les jours ici. En plus t’avais pas tes lunettes, t’as pas vu le panneau.. Et vu la taille des pierres, c’est pas une bourrasque qui va les faire dégringoler sur ta tronche. T’as bien 1 km de montée sur ce terrain. Tiens, ça manquait, il commence à neiger, ça rafraîchit les mollets. Ouais t’es en short, vu le forecast annoncé.

De là, entre 2 nuages, t’as une vue sur toute la région Castillo . T’as d’autres pitons rocheux mais caché par les nuages. Par contre, toutes les aiguilles rocheuses au dessus de toi qui forment le cerro Castillo, tu les verras pas.  Si tu continues le chemin, tu fais une boucle qui te fait redescendre par le chemin de l’autre concession, et on t’a prévenu. Faudra raquer à nouveau. Tu peux faire 4 jours de treks en partant d’un chemin à 50 bornes d’ici et qui lui est vraiment géré par la Conaf. Faut imaginer ceux qui se sont tapés les 4 jours De marche en autonomie et en arrivant juste à la fin tombent sur les gus qui les ponctionnent. Seule solution se retaper 4 jours dans l’autre sens.  T’es redescendu, il est 13h, grand soleil sur le cerro Castillo. Hein, elle est ou là neige ?

Retour à ton activité préférée, la crampe du pouce. 14h30, t’es en position en bord de route. 16h30… Ah, enfin, le cerro Castillo est sous les nuages ! Toi, toujours en train d’attendre. Un couple de chiliens en vélo s’arrête à côté de toi et décide de faire du stop aussi. Madame a pas l’air motivé vu le temps pourri pour faire les 100 bornes pour rejoindre Puerto Tranquillo.  Déjà que seul, les bagnoles s’arrêtent pas, avec 2 charlots en vélo, ça va pas aider. Au bout de 15 minutes, ils repartent. 2 minutes plus tard, 2 jeunes nanas avec des gros sacs à dos rappliquent et se mettent 2 mètres derrière toi pour faire aussi du stop.

Véridique. Les 2 nanas qui sont en tenue de trek, se maquillent chacune leur tour. Et elles s’appliquent. Puis elles se disent qu’être juste à côté d’un charlot, ça va pas les aider, et décident de s’écarter de 20 m. Un camion passe, t’as même pas essayer de lever le pouce, il les a embarquées. Ça faisait pas 15 minutes qu’elles attendaient. On est pas tous égaux face à l’adversité. Bon, t’as regardé dans ta trousse de toilette, pas de rouge à lèvres et même pas une jupe.

Le couple en vélo revient et se poste 20 mètres plus loin.

Une voiture s’arrête pour faire descendre 3 auto stoppeurs chiliens. Les mecs s’écartent en amont de 100m. Un minivan passe, ils se font embarquer. Putain, tu dois vraiment avoir une sale gueule. Mais le mec qui les a pris, s’arrête et te prend aussi. Alleluia ! Que des patagoniens dans la bagnole. 110 bornes de piste à faire  Il se met à pleuvoir, 2 minutes plus tard, on crève. Ils se mettent sur un côté de la piste où il sera impossible de changer la roue. 5 minutes plus tard, on change de place. Bah, changer une roue sous la pluie, c’est toujours sympathique. Finalement on repart, si on crève à nouveau, ça va être un poil compliqué vu que le prochain signe de civilisation est à 50 bornes.

Malgré tous les déboires t’es finalement arrivé à 20h à Puerto Tranquillo où il n’y a que des touristes. Bizarrement, tu croiseras les 2 minettes maquillées qui semblent être arrivées après toi, va comprendre.

Vu la population du resto, tu dois dîner dans une annexe d’un Ephad. Même les chiens qui traînent dans la rue sont tout vieux.

Petit point sur le stop, à par les 2 jeunes en minivan qui t’ont pris, jamais le moindre touriste étranger en bagnole ne t’a pris. Ah, ça, ils te font tous signes désolé alors que leur voiture est vide. Et c’est souvent les patagoniens avec des vieilles bagnoles qui ont eu la gentillesse de s’arrêter ! Rendons à César ce qui est à César.

Petit point sur la bouffe Patagonienne. La patate est très présente. Le merlu en papillote à la Patagonienne : un feuille d’alu, une bonne couche de patates, un morceau de merlu, des morceaux de tomates et d’oignons, emballé c’est pesé.

Puerto tranquille, les gens y vont pour voir une sorte de grotte de marbre accessible en bateau. Mouais, pas convaincu par les photos et vidéos. T’as préféré faire du stop dès 9h du matin. T’as un compagnon qui attend avec toi, Amigo qu’il s’appelle.

On doit être 8 étalés sur la route à attendre le chaland. 4h plus tard, pas un n’est parti donc t’as choppé le bus.

En fait, tu passes ton temps à attendre et t’as plein de coin inaccessible sans transport privé. Et dire que certains ne voyagent qu’en stop.

Paysage sur la route entre P. Tranquillo et Cochrane

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