Toujours direction le sud.  Voilà les dernières étapes sur la route australe.

Cochrane, dernière ‘petite ville’, oui il y a une banque. Le nouveau parc Patagonia est à 30 bornes. Vu ton succès en stop, t’as décidé de faire plus proche. Le parc Tamengo n’est qu’à 5 bornes sur une route pas du tout fréquentée et t’es pris en stop… Un pouce magique !

La balade  de 25 bornes se fait dans une petite partie du parc Tamengo, en partie le long de la rivière Cochrane. Sur un malentendu, tu peux tomber sur un huemul, une sorte de cerf local. Bon, les huemuls avaient pas trop le temps ce jour pour poser pour des photos mais un huemul sympa a laissé des crottes souvenirs sur le chemin. T’as pris quand même une photo. Le plaisir de partager avec vous ce que tu vois.

Oui, faut pas croire que tu vois des lagunes incroyables au quotidien. Toi aussi t’es dans le trip métro-boulot-dodo. Il est juste un peu différent :

– ton métro, c’est le bus ou la crampe du pouce

– ton boulot, marcher dans la gadoue en évitant les merdes de huemuls sous la grêle et la pluie

– et pour le dodo, faut imaginer ces cons de chiens qui font la sieste toute la journée pour aboyer toute la nuit devant ta fenêtre où tu es sous 5 couvertures histoire de ne pas avoir froid.

Alors, vous n’imaginez pas le plaisir de se mettre en terrasse au soleil en revenant juste de 25 bornes de trek où t’as pris de la pluie, beaucoup de vent, plusieurs fois de la grêle et max 3 rayons de soleil pendant 2 minutes. C’est vrai, plutôt que d’avoir du soleil, des paysages colorés et transpirer, c’est quand même beaucoup plus sympa de marcher dans un environnement grisâtre pour courir se mettre à l’abri d’une averse de grêle. Oui, beaucoup plus sympa! Et puis le lendemain quand tu prends le bus, bien assis sur ton siège, tu peux enfin voir les montagnes dégagées. Franchement quel intérêt d’aller marcher en montagne sous la flotte quand on peut être tranquillement assis dans un bus, hein ?

Caleda Tortel, un petit village dans un fjord. Les bagnoles s’arrêtent à l’entrée du village et on passe en mode piéton. Le village longe le bord du fjord et on circule à pieds uniquement sur des passerelles de bois. Ils ont construit des petites places sous forme de grand pontons au dessus de l’eau.

C’est sympa d’y buller quand il pleut pas. Oui, il tombe entre 3 à 4m de flotte par an. Ça laisse peu de place au soleil. L’église ? Tu l’as pas vu !

Tu peux aller sur l’île ‘de los muertos’. En 1900, des travailleurs ont été abandonnés sur l’île et plusieurs sont morts. Ouais, il reste quelques croix en bois. Ils ont fait tout un chemin, sur passerelles bien sûr, pour voir ces croix. Et c’est devenu un monument national. Mouais, mouais, mouais, ça fait plutôt penser à un mec de l’office du tourisme qui s’est dit qu’est ce qu’on pourrait trouver pour occuper le chaland qui est venu jusqu’ici.

A 21h débarque dans la guesthouse un italien en vélo. 9h de vélo en grande partie sous la pluie. Le gars est dégoûté, il pensait que d’ici il pouvait prendre un bateau pour rejoindre un autre village. Et non, il a fait 30 bornes pour rien.

Soirée franchouillarde, t’as acheté du pain, du vin rouge, du saucisson et ce qu’ils osent appeler du camembert. Une sorte de truc qui ferait même se retourner dans sa tombe un camembert industriel comme ‘président’.

Village de Villa O’Higgins, 500 habitants environ, terminus de la fameuse route australe. Ensuite il y a plus rien. Bienvenu au bout du monde.

Un des rares restos est tenu par un couple de français très sympa. Ils te disent qu’ils sont pas cuisiniers à la base. Pas besoin de le dire, ça se voit l’assiette. Même mister Chapichapo qu’a jamais gagné un concours de cuisine ferait mieux. Ils proposent une fondue bourguignonne. Waouh, au fin fond de la Patagonie, une fondue bourguignonne, tu signes tout de suite. Pour toi, on fait cuire la viande dans l’huile. Mais non, ici c’est un bouillon. Impossible de faire un griller cette pauvre vache qui s’est sacrifiée et tu te retrouves avec des morceaux de bœuf bouilli. Il manque la gelée à la menthe pour te retrouver en Angleterre dans les années 80.

Alors, t’as poussé jusqu’ici car tu veux ensuite faire la traversée pour rejoindre el Chalten en Argentine.

Le principe est de prendre un bateau pour traverser le lac puis t’as 16 bornes de marche ou de cheval (mais tu peux pas le bouffer à la fin du trek) puis soit tu reprends un bateau où tu te retapes 20 bornes en longeant un lac et enfin il reste 40 km de bus. Tout ça pour passer en Argentine et arriver à El Chalten, point de départ des treks autour du fameux Fitz Roy.

Ça c’est la théorie quand tout se passe bien.

Déjà, ton genou gauche a posé un préavis de grève. 16 bornes de marche dans la boue avec 27 kg sur le dos, il considère qu’il faut être con à bouffer du foin pour s’engager dans cette histoire.

Ensuite, le bateau que t’as réservé est en panne moteur. Il y a une 2ème compagnie, c’est complet. Donc tout va bien.

Ricardo au boulot