Direction le sud à el Calafate. Le paysage change complètement, on passe de forêts à de la toundra ou pampa (enfin, un truc qui se termine en ‘a’) à perte de vue. C’est plat, c’est raz et des arbres y en a pas. Toutes ces zones immenses sont privées. Il y a une estancia qui possède 90.000 hectares (non, pas d’erreur sur le nombre de zéros) et elle est même pas foutue de couler une grande dalle de béton pour faire un parking, ouvrir un campanile ou un hyppo. Mais non, de l’herbe à perte de vue.
Autres nouveauté, caractéristique de la Patagonie que t’avais pas encore trop eu, le vent. Ah mais ça souffle grave. Personne a perruque s’abstenir.
Au moins El calafate fait vraie ville mais si elle est très touristique. 18h, tout le monde revient d’excursion. Bon, ce sont pas les mêmes touristes qu’à el chalten. Ici on est plus proche du ‘mentonnais’ qui fait attention à chaque pas. Un coup de vent et hop, la chute avec un col de fémur en miettes.
Côté gustatif, vous connaissez le guanaco? Un cousin de Gérard le lama. Autant sur l’altiplano, la vigogne est intouchable autant en Patagonie, le guanaco termine en ragoût.
Alors pourquoi venir à el calafate ? Son église, sa place centrale? Non, terminé ces conneries. Tu viens ici pour voir le fameux glacier Perito Moreno dit Pepito pour les intimes. Le glacier termine dans l’immense lac Argentine. Alors, avant que wiki Franky raconte des conneries, Perito veut dire expert et Moreno est le nom d’un géographe argentin qui a défendu les intérêts argentins lors du découpage de la frontière dans le coin. Et pour Pépito, euh…. Sinon, le bougre fait quand même 250 km2, 30 bornes de longueur. Par contre il se déplace comme un parisien dans les embouteillages  un jour de grève, soit 2m par jour.
Arrivée sympathique avec une fin d’arc en ciel sur le glacier. Ça pouvait pas mieux commencé.
T’as tout un ensemble de passerelles face au glacier où les gens déambulent qui permettent de voir à la fois les côtés sud et nord du glacier. T’es face à un mur de glace bleu et blanc (oui couleur schtroumph) de près de 60m de haut. Alors, pepito fait souvent du bruit, il grogne. Dés le moindre bruit, tout le monde s’arrête et espère voir un pan de glace se détacher du glacier.

Toi, t’as choisi l’option kayaking. T’as réalisé que tu t’es planté d’un zéro sur le prix de la sortie en kayak. Vu le prix, t’es avec le gratin des touristes, fini ces va nu-pieds d’auto stoppeurs. On est une dizaine de milliardaires, 5 kangourous, 2 America first, 2 locales et l’humble représentant du savoir vivre à la française. On nous a déguisé avec des combinaisons qui permettent de supporter l’eau ‘rafraîchissante’ du lac et on à le droit aussi aux consignes de sécurité en cas où on se retourne. Les kayaks oranges sur le lac couleur avec en arrière plan le glacier, ça en jette. Dommage que tu puisses pas enmener ton appareil photo.

Ils ont peur qu’on s’arrête toutes les 2 minutes. Tu partages le kayak avec un des kangourous. Ils ont mis les 2 plus costauds ensemble. Par moment le vent se lève et souffle très fort provoquant des vagues. Même en pagayant dur, on recule. Faut imaginer les 2 nanas d’Argentine qui avaient déjà du mal quand c’est calme. Tu t’en doutais un peu mais on s’approche pas à 10m du glacier ni même à 100m. De toute façon, chaque fois qu’on s’approche, le vent se lève et nous repousse. T’as des morceaux de glace voir des petits icebergs qui se sont détachés du glacier. Avec le kangourou, on s’est rapproché jusqu’à le toucher. Réprimande du guide, c’est dangereux. Bah, au pire s’il se retourne, on testera l’étanchéité des combinaisons. L’eau fait 4 degrés, ça devrait aller !
Entre le vent et les vagues, les 2 guides ont décidé de rentrer. Ça leur est arrivé une fois sur un vent tourbillonnant que les 7 kayaks de touristes se retournent en même temps. Ils préféraient éviter ce genre de fun.
T’as plusieurs glaciers qui donnent sur le lac Argentino. Histoire de te fondre dans la population touristique t’as décidé de faire une sortie en bateau pour aller voir 3 glaciers. Ça craint, tu commences par une journée de bateau et tu finis dans qqs années sur du 12 jours de croisière en méditerranée avec Bernard Montiel en guest star.
La croisière s’appelle gourmet. Tout un programme. Apparemment gourmet en espagnole ça signifie un sandwich.
Allez c’est parti. On doit être 250 sur le bateau. Petite question. Où pensez vous qu’il y a le plus de monde qui attend ? Non, pas sur le pont pour faire des photos. On est 250 et il y a 2 toilettes. Vous avez trouvé ?
T’as pas trouvé Bernard Montiel mais son équivalent qui raconte la vie des glaciers. T’as aussi le photographe professionnel du bateau qui fait dégager le monde pour photographier ceux qui veulent une photo en faisant le V de la victoire. Apparemment c’est la pause fétiche du photographe, on est un pro ou pas. T’as longuement hésité, c’est le V qui t’a pas convaincu.
Direction le premier glacier Spegazzini. En fait t’as plein de glaciers qui donnent sur le lac et tu peux voir qu’ils ont bien reculés. T’as une tranchée marron entourée d’arbres où se trouvait avant le glacier.
Petit stop pour ramasser des glaçons et ensuite ils te vendent le whisky on rock.
Le glacier Spegazzini fait 80m de haut. En bateau, on peut s’approcher assez près et bien entendu faut se battre pour arriver à faire des photos sans trop de pingouins avec des perches à selfi. Ça ne se voit pas sur les photos mais t’es entouré de selfi people. Alors un coup de pied dans les tibias, un coude dans l’œil du voisin, un croche-pied à un gamin qui tombe malencontreusement à l’eau et hop t’arrives à avoir une place devant.
Gros coup de pot, un gros morceau de glace s’est détaché devant nous mais le froid a ralenti tes réflexes. Bah, au moins vous verrez l’immense tsunami qui nous arrive dessus.
Le 2ème glacier est l’Upsala. Alors, sous prétexte que monsieur est un gros producteur de glaçon, on ne s’approche pas. Soit disant, on pourrait participait tournage du prochain Titanic 2. Ils sont forts pour faire les marioles en ramassant des glaçons pour le whisky mais dès qu’on passe aux choses sérieuses, c’est profil bas. Patagonie, terre d’aventure je t’en fouterais. Bon, on s’approche quand même de 2-3 icebergs afin de consommer de la péloche. Finalement le ciel gris rend pas trop mal en photos.
Histoire de se dégourdir les pattes, tu peux descendre marcher 500m dans le parc national. Attention, c’est pas donné à tout le monde, c’est le seul bateau qui a l’autorisation de débarquer son troupeau. En parlant de bétaillère, le problème qu’ils ont ici dans le parc, ce sont les vaches sauvages.  Lorsqu’ils ont viré tous les habitants pour en faire un parc national, ils ont oublié des vaches. Chaque année un gaucho vient dans cette partie du parc pour essayer d’en rassembler un maximum. Alors, si ça intéresse quelqu’un un boulot saisonnier ? Vous êtes logés dans une jolie maison, des piafs comme voisin; Pour la nourriture, si vous êtes pas foutu d’attraper une vache, ça sera la diète. Végan s’abstenir.
Allez, la croisière s’amuse navigue maintenant vers Pépito, le clou de la journée. Tu l’as vu la veille en kayak avec un grand soleil, ça rend pas exactement pareil.
Pour clôturer la journée, ils passent une chanson apparemment très connue par les argentins, certainement la version locale ‘on fait tourner les serviettes’. Donc tu redescends du pont et tu rates l’énorme pan de glace qui se décroche. Ça t’apprendra à ne pas écouter les grands hits argentins.
Après ces 2 jours, tu peux cocher la case ‘glacier’
Ice Pépito Ricardo