800 bornes soit 12h de bus et ferry pour rejoindre Ushuaia. Côté paysage, c’est du morne plat jusqu’à 50 bornes avant Ushuaia.
Franchement, c’est la fameuse route australe chilienne entre Puerto Montt et Villa O’Higgins qui pique les yeux, pour le reste, c’est le genre de route à t’endormir au volant. Au pire tu peux compter les moutons et les nuages.
La terre de feu, Ushuaia, rien que d’entendre ces noms mythiques, t’es déjà en train de voyager.
Grâce aux vacances de monsieur Hulot et son fameux gel douche, on a tous imaginé Ushuaia. C’est encore mieux !!
Imaginez les vieux trappeurs de Patagonie revenir d’expéditions avec leur traîneau et leurs chiens épuisés. La gueule burinée par le froid, Ils s’habillent encore de manteaux et toques de castor. La région est encore très sauvage. Le soir il ne faut pas trop s’aventurer hors de la ville car des bandes de loups traînent et hurlent à la mort. La plupart des maisons sont faites de troncs d’arbres, les rues en terre boueuse. C’est l’ultime aventure.
Ahah, vous l’avez gobé ? Putain, on en est loin et même très loin de ce côté pittoresque. Si un journaliste décrit Ushuaia comme ca, portez plainte, il ment plus qu’un politicien.
Désolé de casser l’ambiance. C’était peut-être vrai il y a 100 ans mais maintenant c’est juste une petite ville portuaire comme les autres. Y a même des remontées mécaniques pour aller skier en hiver!
La ville, très touristique, est à flanc de montagnes. Une grande rue remplie de boutiques de souvenirs, de magasins de sports mais aussi plein de chocolateries et même un hard Rock café. Bienvenu au bout du monde.
Le nom reste légendaire et c’est le point de départ pour aller en Antarctique.
Le port est remplie de bateaux de croisière direction l’Antarctique, apparemment 400 par an. T’avais pensé essayer de chopper une cabine sur un de ces bateaux. Généralement ils cassent les prix pour les places restantes. Ça reste quand même, à prix cassé, 8000$ pour 10 jours dans une cabine partagée.
Une agence t’as proposé de partir sur  »la croisière s’amuse » mais version chinoise. C’est sur ces croisières chinoises que les prix dernières minutes sont les moins chers. Et Étonnement, ça n’intéresse personne. T’as réfléchi, quoi, 1/4 de secondes et t’as sauté sur l’occasion pour dire non.
Sinon autre solution, trouver un voilier. Oui, on peut partir dans l’Antarctique sur un voilier. Je vous en parle plus tard.
T’as continué à faire rire tous les vendeurs de souvenirs avec ta recherche de magnets avec un saumon. En parlant de saumon, t’as demandé où tu pouvais en acheter du fumé. Oula, il est très cher. Euh, pourquoi ? Il vient des fermes d’élevages au Chili à Puerto Montt, bourré d’antibiotiques. Chapichapo, tu préfères par un magnet avec un antibiotique ?

Chien qui attend son tour devant un resto chinois

Parmi les dizaines d’excursions possibles, t’as décidé d’aller avec la seule agence qui te permet de descendre sur l’île Martillo et de marcher au milieu des pingouins. Savez vous qu’il y a 2 sortes de pingouins ici ? Vous avez le classique blanc et noir, qui bulle sur son île. Et un autre, plus urbain, avec une grande parka rouge et plein d’écussons ‘Antarctica’ qui, sorti de son paquebot, déambule dans la rue. Oui, au prix où tu payes ta croisière, t’as le droit à une parka que tu portes fièrement dans la rue.
Avant d’aller voir les pingouins, tu as le droit à un premier stop pour te montrer que les arbres sont couchés par le vent. Oui, c’est vrai, tu confirmes et ça vaut la peine de prendre un tour pour voir des arbres couchés!!
2ème arrêt à un petit musée perdu au bout du monde. Ils récupèrent les animaux marins morts genre dauphin, baleine, orque pour les étudier. Le plus compliqué, enlever la chair sur les os pour reconstituer les squelettes. Ils cherchent des volontaires, minimum 1 mois sur place, si ça intéresse qqun.
On est sur la propriété de la première estancia construite en Patagonie en 1860 et des brouettes.

http://www.estanciaharberton.com/historiaenglish.html pour ceux qui n’ont pas en confiance en wiki Franky.

Pas très grande, juste 20.000 hectares incluant une quinzaine d’îles dont celle squattée gratuitement par les pingouins. Ouais, le proprio est sympa, pas de loyer pour les bestioles à plumes.
Pendant qu’un groupe visite le musée, un autre va sur l’île, résultat on est un petit groupe de 20 dont la guide, certainement une ancienne gardienne de prison, a l’impression d’avoir de grandes responsabilités. T’arrives en zodiaque sur l’île et attention, pas un pet de travers sinon le maton t’en met une. On a le droit à 1 heure sur place et faut rester groupir sinon…
Déjà, l’île, les pingouins auraient pu en choisir une accueillante, une vulgaire plage de galets, un peu de verdure, mais pas le moindre bar ou restos, rien. Ils doivent s’enmerder grave les pingouins ici. Mais bon…
T’as 2 sortes de squatters sur cette île. T’as le pingouin Magellan qui lui creuse son nid dans la terre. Ça doit copuler grave dans le coin car il y a des rejetons dans quasiment tous les nids.
On est censé rester sur le chemin et à 3 m des pingouins. Hé, la cheftaine frustrée, on fait comment quand le pingouin a construit son nid directement sur le chemin ?  Il y a un voilier qui s’approche avec des pimpims en ciré jaune venus faire des photos, tu t’écartes de 2 m du groupe, tu te prends une remarque par chefaillon. Tu lui as faire comprendre d’aller se faire pendre. On se parle plus depuis…les 3m, c’est plutôt 15m que t’as mis entre elle et toi.
Parfois les bestioles s’engueulent, ouais la notion de territoire est importante pour eux.
T’as une 2éme sorte de pingouins, le papou. Plus grand, un bec très orange mais lui ne creuse pas de nids, feignasse, il le construit sur le sol en ramassant tout ce qu’il trouve. Donc attention, interdiction de ramasser la moindre plume ou brindille qui traîne, c’est comme si tu leurs volais potentiellement une brique de leur baraque. D’après ce que raconte la pénitencier girl, parfois quand ils ont pas pondu d’œuf, il le remplace par un cailloux.
Et enfin, la 3ème sorte de pingouin, le pingouin rouge. Il est beaucoup plus grand, se dandine avec un sourire niais/béat. Il utilise ses grandes pattes avant pour tenir un drôle d’appareil et faire des selfis. Mais lui aussi se prend une mandale verbale par le sergent major s’il s’écarte du troupeau.
On est sur la plage en train de mater comme des voyeurs les pingouins magellans nus qui bullent les plumes à l’air quand débarque un gros bateau. Des dizaines de personnes à l’avant pour essayer de photographier les pingouins. Quand tu vois la bataille sur le bateau pour essayer d’être bien placé pour faire la photo, t’es content d’être sur la plage. A ce moment t’as un pingouin papou qui a rappliqué à toute vitesse sur la plage pour s’asseoir et mater le bateau. Il attendait peut-être une livraison Amazon?
T’as pris l’option retour par un bateau, histoire de naviguer sur le canal Beagle. Tu peux voir le phare d’Ushuaia, apparemment une icône de la ville.
Puis t’as un rocher couvert de merde de piafs qui sert de refuge à une bande de grosses feignasses. D’abord, tu vois le rocher, puis tu les sens et enfin tu les vois. Des lions de mer qui nous regardent autant qu’on les regarde. Un peu comme les vaches avec les trains.
Dernier stop, 2 petits îlots. Le premier est couvert de petits piafs blancs qui s’envolent dès que le bateau s’approche. Ils sont des milliers et pas contents car ils gueulent.
Le 2ème îlot, 100m plus loin est le HLM des cormorans blancs et noirs. T’as pas 50 cm entre chaque nid. C’est le genre de piaf que quand le piaf meurt, il se réincarne en campeur qui pose sa tente à 1 m de celles des autres. Par contre, eux mais rien à foutre du bateau.
C’était la journée à pingouinland..
Côté gustatif, si tu es en manque de cholestérol, tu peux essayer la pizza avec des frites dessus. Sinon, t’as l’énorme crabe royal qui semble incontournable. Tu pensais demander s’il y avait du pingouin à déguster mais c’est comme demander à manger du dauphin, c’est mal perçu. Par contre, personne ne défend ces pauvres crabes !
Face à Ushuaia, de l’autre côté d’un bras de mer, le Chili avec l’île de de Navarino. La traversée se fait en gros zodiaque. Les rares qui s’embarquent y vont pour faire le trek le plus australe du monde, le trek de los dientes de Navarino. Et là, c’est pas Torres avec ces refuges et douches chaudes.. Tu y pars demain.
Ah oui, côté voilier, tu t’es pointé comme une fleur au ‘yacht club’ ‘local et taper le bout de gras avec les capitaines de bateau. Bien sûr, ici c’est un business, faut pas espérer se faire embarquer gratis comme matelots. T’as trouvé un voilier qui part pour 20 jours en Antarctique. 4 jours de traversée, 4 jours retour et le reste t’es sur place et tu vas taper le bout de gras avec les pingouins et autres bestioles.
Le capitaine s’appelle Piotr, un polonais et tu serais le seul non polonais à bord. Mouais… Et euh, les polonais sont connus comme des grands marins ? Ce qui est rassurant, c’est qu’on manquera pas alcools. (oui, elle était un peu facile mais tu connaissais une polonaise qui en prenait au p’tit déjeuner. Attention grosse référence ciné).
20 jours en mer, et pas dans les mers les plus faciles. T’as jamais dépassé 3 jours de bateau, tu risques de pleurer et nourrir les poisscailles.
Et puis, s’il y a la moindre merde, genre il faut jeter du lest, d’après vous qui sera ‘sacrifié’ par la bande de polonais ?
Bon, on verra à ton retour du trek de los dientes de Navarino rien est fait pour l’instant. Ceux qui ont reviennent ont pris cher coté météo. Pas grave, la flotte, t’as pas des pompes mais des palmes. Ca va être sympa le réveillon de Noël sous la tente.
Pingouin chéfaillon Ricardo