11 janvier – fini le mytho 

Dans la ‘nuit’ un voilier s’est amarré au notre. 8 français en goguette.

Temps couvert, histoire de s’occuper, on part en dinghy sur 2-3 îlots. Promis, plus de photos de manchots (ou presque) ! Sur la neige, ronfle une dizaine d’otaries. En théorie, on doit garder 5 m de distance mais ça va pas être possible pour madame Chechou. Elle veut poser à côté pour la photo bien sûr. La bestiole la regarde en se demandant c’est quoi cette fausse blonde qui va me ridiculiser sur Instagram. T’es encore assez loin quand elle te fait signe de t’accroupir pour paraître moins grand. Ouais, c’est vrai. Toi, tu fais pas 1m40…..puis une fois ses photos faites, elle se lève genre plus rien à foutre de la bestiole.

Chacun s’est choisi son otarie. Tu t’approches lentement, puis tu t’accroupis. T’attends que la bestiole t’ai regardée et considérée que t’es pas un prédateur mais juste un foutu paparazzi. Puis tu t’approches un peu plus sans jamais l’inquiéter. C’est pour dire, sur les vidéos, tu les entends quasiment ronfler, ça sent pas trop la bestiole inquiète. Et ce coup-ci t’es loin de ma mère Chechou donc pas de fond sonore à la con. La seule otarie qui aura bougé est celle que la Chechou a approché. Étonnant…

Retour au voilier et là un phénomène que t’avais pas vu depuis une semaine, un peu de soleil. T’as le droit à ton quota de 2h tous les 5 jours. Les nuages laissent un peu apercevoir les montagnes, ça a toujours autant de gueule.

Depuis le début, tu te la pètes Antarctique mais en fait, t’y as pas encore mis les pieds. A chaque descente à terre, c’est sur une île, jamais sur le continent. Direction Polar point. Un des points d’accès au continent dans ce coin. La plupart du temps le rivage est inaccessible car c’est du glacier ou des falaises abruptes. Manque de pot, une grosse bétaillère est déjà sur le site et on du attendre 4h qu’elle ai fait toutes les rotations pour faire descendre tous ses passagers.

19h30, on est enfin sur le rivage. Une tête au regard pas sympathique sort de l’eau et nous regarde quelques secondes avant de disparaître. C’était un léopard des mers. En hauteur sur le rivage, un manchot esseulé. Le gus a bien compris que s’il voulait revoir bobonne ce soir, il valait mieux qu’il attende avant de foutre ses plumes à la flotte. Sinon, il risque d’être le prochain dîner du mec qui l’attend dans l’eau. Le manchot s’approche de toi et te glisses à l’oreille qu’il votera pour Ségolène si elle rend les léopards des mers végétariens. Ségolène, un vote supplémentaire en échange d’une promesse politicienne ?

Du rivage, t’as un autoroute sur la neige qui monte en direction d’une très petite colline. C’est le chemin que les pimpims du paquebot ont pris aujourd’hui.

On est 8 pour la ballade. Ils ont décidé de faire 2 groupes de 4 et de s’encorder. Principal objectif, ne pas être dans le groupe de Mme Chechou qui s’est déjà collé derrière Chechou. Et puis, sans déconner, on va s’encorder pour marcher sur une autoroute ? Fais chier !

Il n’y a pas assez de raquettes donc 2 personnes, les plus légères n’ont en pas. Et devinez qui en a pas ? Elle fait 1m50 et doit peser 45 kg. Tu jubiles d’avance…
L’autoroute doit faire 500m de long. Ça veut dire quand t’es sur ce type de gros bateau et que tu vas faire une excursion, tu marches 500m. Mais tu bénis le ciel d’avoir choisi l’option voilier. Arrivé au bout de l’autoroute, bonne surprise, on part pleine poudreuse en direction d’autres collines plus hautes permettant d’avoir une vue sur la baie. Avec cette ‘chaleur’ la neige s’est transformée et il faut faire gaffe aux crevasses. Tu comprends mieux maintenant la cordée. Arrivé en haut d’une autre colline, la vue sur la baie avec un fond de coucher de soleil est superbe. Plusieurs ont en marre dont la leader… Mme Chechou bien sûr. Il est 22h30.  T’as hésité, quoi, un millième de seconde à lui proposer tes raquettes et puis finalement…euh, non. Le capitaine s’est dévoué.

Minuit, on est de retour au rivage. Quatre manchots attendent sagement.

12 janvier – en short sur un glacier en Antarctique ? 

Les Chechou sont de corvée aujourd’hui. Au petit dej, tiens, Mme Chechou n’est pas encore levée. C’est Chechou qui s’occupe de tout. Elle a vraiment trouvé une bonne pâte… 2h plus tard la voilà assise tranquillement à jacasser pendant que le pauvre Chechou trime à la vaisselle. Histoire de ne pas avoir tes oreilles martyrisées, t’es monté sur le pont voir le paysage. Bon, t’as plus que 5 jours à attendre pour ton nouveau quota de ciel bleu/soleil.

Après 3h de navigation, on s’embarque dans une grande crique, Chriguano, de l’île Brabant. Les rivages ne sont quasiment que des murs de glace.

Médisant que tu es, tu as le droit à un peu de soleil, waouh deux jours de suite. Le cap’tain a prévu une balade. Celle de la veille a laissé des traces, on est que 4 à y aller dont la plaie Mme Chechou qu’on a du attendre car elle était pas prête. Chechou a vérifié que tout était OK car lui restait sur le bateau, une forme de vacances pour lui. T’es tellement emballé par les rayons de soleil que t’as embarqué ton short dans ton sac à dos. Pour info, t’as quand même des grosses chaussures Sorel, des raquettes de neige, un t-shirt, une mini doudoune et une gore TeX sur le dos.

Et nous voilà sur le rivage, le capitaine, Mme Chechou, l’otarie et ta pomme. 2 vraies otaries regardent un instant leur compatriote avant de retourner à un bruyant roupillon.

T’as tellement peu d’endroit où le rivage n’est pas juste un mur de glace que forcément il y a du monde qui bulle. Une est en train de perdre son poil d’hiver, c’est un signe, t’as bien fait d’enmener ton short ! T’as hésité à poser la question à notre otarie Magda si c’était pareil pour elle côté poils…pas sûr qu’elle apprécie. On commence par une montée super pentue. Faut reconnaître que Mme Chechou marche bien. Et l’avantage quand on marche encordé où on doit garder 10m entre chacun, c’est qu’elle ne parle pas. T’es le dernier, t’as hérité de la pelle et du talkie-walkie en cas où le capitaine disparaîtrait dans une crevasse. Oui, la balade est un peu plus sportive que la veille. Il y a d’immenses crevasses qu’il va falloir éviter. Ça fait 1h qu’on marche en raquette. On est en train de traverser une crevasse quand dring-dring…un appel talki. C’est Chechou qui nous suit aux jumelles du bateau et qui nous dit qu’on arrive à une crevasse. Ouf, il nous a sauvé.

2h de quasi montée pour arriver au dessus d’un immense congélateur qui produit de gros icebergs. Ça rend pas trop en photo car c’est à ce moment que les nuages se sont pointés.

Au fait, vous vous posez forcément la question sur le short. Ahaha, bien sûr qu’il est resté au fond du sac.

13 janvier – le dilemme 

T’es de quart de 4h à 6h du matin à surveiller qu’il y ai pas un iceberg qui vienne pourrir la coque du voilier. Et vla t’y pas un énorme iceberg, un machin qui fait 100m de long, qui se déplace lentement et se dirige vers la sortie de la crique. Tu surveilles du coin de l’œil ce qu’il manigance. Bon, on a à bouffer facilement pour 1 mois mais ça serait un peu ballot de rester coincé si l’autre glaçon se mettait en travers. Grand dilemme, réveiller ou pas le capitaine. Finalement t’as réveillé le cap’tain qui a jeté un œil et a déclaré rien à foutre… Problème réglé.

Un peu de pluie pour cette dernière journée. C’est le moment de tout ranger avant de franchir à nouveau le Drake. T’as ceux qui galèrent à démonter les dinghys, nettoyer toutes les affaires et puis t’as celle qui, assise, compte tranquillement les boîtes de médocs. Ouais, overdose de la Chechou.

C’est l’otarie à la barre et qu’est ce qu’elle voit ? Des orques au loin. Imaginez la fierté. Les orques, on en aura vu que les ailerons. Ces bougres ne nous ont jamais laissé les rattraper. Mais le principal est que l’otarie à la banane.

Ricardo, MmeChechouphobe