C’est l’anniversaire de Michel, 75 ans. Il a toujours porté son sac et toujours assez bien marché et dort à la belle étoile. Le cuistot a préparé un gâteau au raisin sec et chocolat !
On est à l’entrée de l’erg de l’Amatlich, 300 km de dunes qui rejoint l’océan. Ouais, on va juste en traverse un petit bout, une pincée. Avant de s’y engager, on doit passer par le stop shopping. Des dames ont installé des stands d’artisanat plus ou moins local. Si on n’y va pas, elles nous suivent dans les dunes jusqu’à l’endroit de la pause déjeuner, soit 4h de marche. Donc, pour les empêcher de nous suivre inutilement, on fait l’arrêt shoping avant. T’as les 3 femmes qui font les vendeuses sous un acacias et t’as un gars à l’écart qui attend. Une fois qu’on part, il va ramasser l’agent.

C’est maintenant qu’on va taper dans le dur. Y a pas plus fatiguant que de marcher dans les dunes où tu t’enfonces jusqu’aux chevilles. En plus le soleil cogne. Cheirmou, a décidé de faire passer le troupeau sur un chemin un peu moins galère que d’habitude. Ça n’empêche pas qu’une grande partie est sur les genoux. T’as même le Frédéric qui se plaint. Hé, mon gars, tu savais qu’on avait de la marche dans les dunes. Et râle pas trop car demain c’est pire. Ce mec s’est jamais occupé de sa femme Annie qui galère. Il a des bâtons, ça lui ai jamais venu à l’esprit de les prêter à sa femme. Du coup, tu lui as passé les tiens qui dormaient dans le sac. Quand il s’installe, il prend bien de la place. Il se fait installer sa tente par un des chameliers et arrive toujours en retard au petit déj. Le rêve, ce mec !! Mais il a la  »toque » spécial désert! Grand respect !
Pas le moindre arbre pour se mettre à l’ombre. Seule ombre à des kilomètres à la rond, celle du chameau. Annie l’a privatisé. Ah oui, aujourd’hui Annie, c’est petite chemisette vichy rose et rouge à lèvres bien sûr. Toujours classe !
Petit point ‘Nicolas le jardinier’ : dans les années 60, les français, pour limiter l’avancée du désert, ont lâché par avion des graines de prosopis, une sorte d’acacias qui pousse très rapidement. Manque de pot, les locaux se sont appercus que l’arbre tape dans les nappes phréatiques, appauvrie les sols et donne la chiasse au chameau. Mais c’est pas simple, car le gouvernement n’est pas d’accord pour que les locaux les coupent…
Quelqu’un remarque un truc dans le ciel. Un oiseau ? Non, un drone qui peut être vient voir si tout se passe bien pour les rares touristes qui crapahutent.
On compte plus les pauses.
13h, on est toujours pas arrivé à la pause déjeuner et ça cogne. Enfin, au loin la tente mess. On était à la limite de la révolution des mauricettes. Pas d’ombre, ils ont monté la tente mess pour se protéger du soleil. La tente est au pied d’une immense dune orange mais installée sur du sable blanc, et un peu plus loin du sable couleur curry, va comprendre.
C’est bien sympa la pause repas, mais il est temps de repartir à 16h. Ouais plus ça va pus les pauses sont longues et nombreuses. Petit problème, la chamelle s’est barrée. Bon, c’est le problème des chameliers. Nous, on serait infoutu de trouver la moindre trace.
De la dune, de la dune et encore de la dune. C’est à ce moment que ton appareil photo a décidé de se faire hara-kiri.
Ah, un accident, et pas du tout un favori. C’est même une surprise. Un chameau a fait un roulé boulé dans une pente. Si même les chameaux s’y mettent, jamais on arrivera. Un des chameliers creuse le sable pour leur faire une pente plus facile.
Conséquence, t’as 5 chameaux qui attendent. Un chamelier te refile la corde pour enmener le groupe de chameaux. Et là, t’as plus la possibilité de marcher où tu veux, t’es obligé de passer par des endroits où les chameaux peuvent passer.
Petite minute chameliere : on pense tous qu’un chameau marche finger in the nose dans le désert. Que neni, des chameaux qui connaissent pas les dunes font des no-go… Et ceux qui sont nés dans des coins comme les dunes ont le dessous des pattes trop fragiles pour marcher dans des coins rocailleux. Pfff, le mythe du chameau 4×4 s’écroule.
Alléluia, Allah akbar, on voit enfin le bout des dunes.
23h, après la balade nocturne quotidienne, t’es en train d’installer ton matelas quand tu sens une présence dans ton dos. T’as un mec, tout en blanc, qui te demande un truc en jargon local. Euh.. T’es en caleçon… Bon, ben tu vas avec lui pour lui montrer le chemin vers le camp, histoire qu’il parle avec les chameliers du camp. Lendemain matin. Il est jamais passé au camp mais est passé voir un autre gars qui dormait aussi à l’écart. Va comprendre. Le plus étonnant, c’est que les chameliers, ce matin, en allant chercher les chameaux ont trouvé des traces du gars. Balaise ! On marche partout autour du camp et les chameliers sont capables de reconnaître les pas du gus.

Matinée à marcher sur un plateau pour rejoindre la guelta d’Azoueigua qui est en rupture d’eau.
On voit passer notre chef chamelier sur un chameau. Très rare de voir qqun sur un chameau, ils ont plutôt tendance à marcher à côté. En fait, il part à un point d’eau pour remplir des barils et revenir avant notre pause déj. Les mecs sont vraiment au petit soin.
Cet aprem, le groupe doit se scinder en deux. Ceux qui vont marcher tranquillement entre deux pauses en passant par le plateau et les couillons qui vont en chier dans les grandes dunes de 70m de haut. Sur le papier les équipes sont facilement identifiables. Mais non, vas-t-y pas que Madeleine demande au guide si c’est vraiment si difficile de passer par les dunes. Euh Madeleine, c’est vrai que tu vas beaucoup mieux mais euh…on part vraiment pour en baver dans les dunes. Si on doit faire des pauses toutes les 10 minutes, ça va un peu casser l’ambiance festive…
40°, 4h, il est l’heure de repartir. Heureusement Madeleine n’est pas venue. Le bivouac est dans une palmeraie aux pieds de grandes dunes. Comme on y va sans guide, on diit rester plus ou moins à portée de vue. 90m, la plus haute. Ça chauffe un peu les cuisses.
Après le dîner, on est reparti fairr notre balade nocturne quotidienne. On avait dit, pas de dunes! Ouais ben, on s’est retapé la montée de la dune à la frontale… Mais quelle plaisir d’être au sommet, allongé dans le sable et regarder la voie lactée, ça s’oublie pas.
Dernière jour de marche. On s’arrête à un petit camp de nomades (avec antenne satellite). On est invité à manger des dates, boire un bon thé et goûter du lait. En principe ils mélangent le lait avec de l’eau mais pour nous éviter d’être des nouveaux clients ‘Smecta’ on a l’option lait sans flotte.
Le groupe longe les dunes alors que des couillons crapahutent sur des dunes oranges et blanches. Côté tiercé gagnant, les pauses sont à un rythme de 30 minutes de marche, 15 minutes de pause. Ouais, y aura pas de gagnant sur cette course… Bien que…lors de la pause de midi (qui maintenant veut dire de 11h à 16h), Annie est partie faire une pause pipi/maquillage. Elle s’est perdue dans la palmeraie.

Dernière soirée, les chameliers nous ont fait un petit show nocturne. L’un d’eux mime la hyène. Pas. Évident à reconnaître avec une peau de mouton sur le dos et des tongs comme oreilles.
L’avantage d’avoir papy François (71 ans) ce soir avec nous est qu’on ne marche pas trop avant de s’allonger et regarder les étoiles. Un Avé Maria de Pavarotti sous la voie lactée.
Chacun rejoint son matelas pour dormir. T’as prévu avec les marathoniens d’aller courir demain à 6h30. Donc la nuit va être courte.
Courte ? Ahaha ! À peine couché que le vent se lève. Il tourbillonne, impossible de se protéger des sacs. A 1h30 tu dors toujours pas. T’as l’idée de génie (mais un peu tard) de mettre ton chèche sur le visage, ça t’évite de recevoir le sable sur la tronche et de somnoler un peu.
6h15. Putain, faut se lever. Tout est recouvert de sable. Le vent est encore plus fort. Tu ramènes ton équipement vers le camp. C’est la bérézina. La tente mess est tombée pendant la nuit. Un autre gars qui dormait loin du camp a rappliqué au camp en espérant une endroit moins au vent. Tu croises un des gars qui confirme qu’on va pas courir. Ouf ! Tu te recouches derrière la roue d’un 4×4. (comme c’est la dernière nuit, les 4×4 sont arrivés là veille)
Lever à 7h30, personne n’a dormi quelque soit son emplacement. Sauf, le 2ème guide qui lui dort systématiquement sous une tente et en plus à l’abri des voitures. Pas un instant, il n’est venu voir si ça allait bien côté toubab.
Il nous reste 1/2 journée de marche. C’est là que s’emballe la course dans le sprint final. On a 3 gagnants qui ont fait un refus d’obstacle et préféré buller dans les 4×4. Ton cheval est même pas placé, il galope tranquillement dans les dunes blanches !!
La balade s’est transformée en chasse au trésor. Dans les creux des dunes, tu peux retrouver des tessons de poterie, des pointes de flèche en silex et des fulgurites.
Fulgurites kezako ? Quand des éclairs de tonnerre tape le désert, il vitrifie le sable en forme de paille.
Bon, et puis marcher en veste polaire et goretex, ça nous change des journées à 40°.
Les chameliers vont mettre tranquillement 10 jours pour remonter chez eux à Chinguetti. Nous, c’est parti pour 5h de minibus direction Nouakchott.
Voilà, c’est fini le désert sauf si on apprend qu’il n’y a pas d’avion avant 15 jours. Dans ce cas, une partie du groupe est partante pour y retourner après deux jours de lavage intensif.
Ricardo, Pavarotti du désert