Asalam aleikoum bro,
15h30, on a rempli d’énorme barils de flotte à un puit et nous voilà enfin parti pour la marche. Point important,  les 15 chameaux de bats prennent un chemin et nous un autre mais l’assistant chamelier nous suit avec le chameau le plus docile, des bidons d’eau et qqs bricoles. C’est un des rares chameaux qui râlent pas  juste par principe. Du coup, le pauvre, il prend cher coté photo.
On marche dans de grandes dunes de sable parsemées parfois d’acacias et de buissons et au loin quelques petits plateaux. Avec les 3 marathoniens, on s’écarte du groupe pour faire les cons dans les dunes. Ça fait pas 45 minutes qu’on marche qu’on voit le groupe arrêté en haut d’une dune. Ils se sont regroupés. Bizarre ! Une messe ? Une bénédiction? On se retape la montée de la dune. Ils sont regroupés pour faire de l’ombre à Madeleine qui est allongée au sol. Madeleine, la doyenne, 75 ans, a fait une pause pipi et a voulu ensuite rattraper le groupe en courant. Résultat, sur le carreau… Et après on va dire que c’est une victime du covid… 10 minutes après, elle était sur le chameau balai.
Côté température, on tape 34° à l’ombre. S’il y a pas du vent, ça va être l’hécatombe.
Bon, on reprend la marche. Du sable ? Ouais, y en a. Lina, rassures toi, je vais t’en ramener. 30 minutes plus tard, c’est François qui est à la dérive. Il a fait un avc il y a 25 ans et là il sent un coup de mou. Isabelle a déjà refilé son petit sac à dos au guide. Putain, c’est la première demi journée et c’est l’hécatombe. On est parti pour 12 jours de marche, on va finir à combien ? Tant bien que mal, on est arrivé au camp. Avec les marathoniens, on est en train de parier sur le premier qui va lâcher définitivement l’affaire. Faut le prendre au second degrés, hein ?! François va s’allonger en position PLS. Il a une cote à 3 contre 1! Ce soir il a pas trop envie de manger, ça cote passe à 2 contre 1.

Ce soir c’est couscous végétarien. On a le droit à la fabrication de la galette de pain. Il faut d’abord faire un feu pour obtenir beaucoup de braises. Ensuite tu creuses dans le sable, tu poses la  pâte que le mec vient de faire devant toi puis tu recouvres de braise. Environ 20 minutes plus tard, tu enlèves les braises et le sable, retourne le pain et tu refermes à nouveau pour 20 minutes. Ensuite tu tapotes le pain et le bruit t’indique la cuisson. Dernière étape, la plus importante, frotter le pain pour enlever tout le sable (le touriste n’aime pas trop la pâte sablée). Tu te faisais un régale de manger un bon morceau de pain tout chaud. Que neni, c’est pour le petit déjeuner d’un lendemain matin, sniff.

Les salades du désert

On a fini de dîner tard, 20h30. Avec les 2 marathoniens, on est reparti faire une balade nocturne. La lune est tellement lumineuse que t’as vraiment pas besoin de lampe. Au retour, on est pas d’accord sur le chemin. Un des gars a une montre qui fait papa maman et une option s’appelle retour maison. Sans elle, si on avait suivi l’autre, on serait encore en direction du Groenland…
Les nuits à la belle étoile sont un peu compliquées car t’as l’impression de dormir avec un spot dans la tronche avec la lune. En plus, quand elle se couche, le vent se lève et tu bouffes un peu de sable. Résultat, après 2 nuits, une partie de ceux qui dormaient à la belle étoile ont décidé de dormir sous la tente messe.
On s’améliore côté timing, juste 30 minutes de retard. Madeleine a décidé de montrer qu’hier, c’était pas vraiment elle et elle galope devant avec le guide. Attention Madeleine, t’as encore 11 jours à tenir… En tout cas y aura toujours le chameau balai. François reste à proximité. Il est fatigué mais ça va. Faut il revoir sa cote ?
Marche dans les dunes. Le vent permet d’éviter de sentir la chaleur. On arrive à l’oasis de Karneh. Cheirmou nous dit qu’on peut se laver les cheveux ? Hein, l’eau est pas rare ici, faut pas l’économiser? Apparemment pas dans cette oasis où on s’arrête pour déjeuner. C’est surprenant (ou pas) comme dans certains cas, les femmes ne sont plus d’accord pour l’égalité des sexes. T’as eu le droit au ‘on est des femmes, on passe avant pour se laver des cheveux’…
Le cuistot nous apporte une très jolie salade et il a préparé du bissap. À l’origine ça viendrait du Sénégal, c’est du carcadet, une décoction de fleurs d’hibiscus.

Point important, le thé. Un vrai trek dans le Sahara ne peut pas s’envisager sans les fameux 3 petits thés, le premier très amer et le dernier très sucré. On y a le droit à midi (uniquement 2) mais le soir c’est du vulgaire Lipton.
Alors le Lipton, c’est uniquement pour les touristes. Le reste de l’équipe, on déconne pas le thé, est toujours au thé local, jamais tu leur feras boire ce qu’il nous refile. T’es allé tapé le bout de gras avec le responsable chaï ! Alors, on nous refile le pisse mémée car soit disant leur thé nous empêcherait de dormir… Pfff. Discussion, négociation, menaces, jérémiades, supplications… Maintenant tu auras aussi du vrai thé le soir. Les autres sont jaloux…

12h45, on a fini de déjeuner.  On repart à quelle heure ? 15h30! Ah ouais, la sieste va être longue… Tu te trouves un petit coin à l’ombre sous un acacia et tu commences à écrire les conneries que vous lisez. Quand débarque un troupeau de chèvres et moutons.  Cool, allez voir le cuistot pour savoir lequel reste avec nous…
Changement de paysage. Le sable est recouvert de milliers de petits cailloux noirs qui donne l’impression de marcher dans un désert noir.
Puis de retour dans les dunes. Mais des dunes de différente couleur ocre-orange et blanche. A certains endroits, sous 10 centimètres de sable orange, tu trouves une sorte de sable blanc extrêmement fin. Selon les guides, il y a un paquet de siècles, la mer venait jusqu’ici. Et le ‘sable’ blanc serait de la poussière de coquillage.
Ah ! Changement sur le tiercé, Madeleine est allongée sous un acacia, un gros coup de chaleur. 2 fois en 2 jours, ça va être un calvaire pour elle.
Un des marathoniens est coach sportif donc chaque soir séance de gainage. Pour l’instant vu les quantités qu’on mange, t’as pas du perdre un gramme.
Lendemain matin, t’as du rater qqchose au briefing de la veille. Madeleine et Annie ont mis du rouge à lèvre et Annie est en jeans et t-shirt paillettes. Euh, on part marcher dans le désert où c’est shopping aujourd’hui ?
Finalement, c’est bien une journée de trek dans le désert. On repart dans les dunes. T’as filé tes bâtons à Annie qui a du mal. 20 minutes plus tard, elle est sur le le carreau. Apparemment, marcher en utilisant ses bras pour les bâtons était trop difficile. Conséquence, elle rejoint le tiercé des gagnants potentiels. Cheirmou te montre une petite colline de rochers au loin et te dit qu’on va y monter et que tu peux partir en avance. Ça fait pas dix secondes qu’il l’a dit qu’on est 4 à être déjà parti. Le guide français aura sifflé pour nous dire de stopper mais on l’aura pas entendu, c’est ballot. C’est l’inconvénient des guides français, ils ont la trouille pour leurs ouailles. Le mauritanien te laisse t’éclater.
L’arrêt pour le repas de midi est après la colline que les autres vont finalement contourner. À peine arrivée, Annie s’allonge et s’endort épuisée. Tu bois 3 litres d’eau dans la matinée, elle elle a dû boire 1/2 litre. Pas étonnant vu la chaleur, qu’elle se sente pas bien. Et on a beau leur dire, tous les anciens refusent de boire. Le vent s’est levé. Le repas a été saupoudré de sable. Y en a partout. Tout le monde essaye de se protéger derrière le troncs des acacias. Si on a 3 jours de vent comme ça, c’est le rapatriement sanitaire pour la moitié de l’équipe. Les marathoniens vont faire leur 10 km de footing quotidien pendant la pause sieste. Toi, si t’y vas, avec cette chaleur, t’es sûr de rentrer dans tiercé gagnant. Alors, tu mets tes lunettes de piscine (ça t’évite de prendre du sable dans les yeux) et tu attends.
Pause déj terminée. Petite montée entre les rochers, Madeleine s’emballe puis s’inquiète et demande à un guide de marcher lentement pour qu’elle marche derrière. Annie plus bas est sur les genoux. Tu descends récupérer son sac à dos. Frédéric son mari ne fait pas un geste pour l’aider. François a tout compris, il marche lentement à son rythme avec le chamelier. Il a du mal, mais ça passe sans casse. Un sketch!!

Du haut de la colline, on voit l’oasis de Bou Aboun avec quelques cahutes où vivent (où plutôt survivent) quelques personnes. C’est à l’extrémité qu’on va camper. Il y a un puit où on pourrait se laver, dixit Cheirmou. Bien sûr les femmes disent ‘first’. On fait encore une pause avant d’arriver et Madeleine s’allonge, au bout de sa vie. Le guide français en passant à côté de toi dit  »y a plus qu’ à prendre une pelle et creuser ». Isabelle, qui, plus futée que les autres, a refilé son sac au guide dès le premier jour, commence à donner des signes de fatigue. On se croirait dans la dernière ligne droite dans la course de l’arc de triomphe.
Finalement on arrive dans l’oued d’Hassi Jierf où on va camper. Les gros jerricans d’eau sont vides. Des chameliers et les marathoniens partent au puit chercher de l’eau. Tu prends ton savon et tu les rejoints. Le premier puit à 200m a très peu d’eau. Le suivant 300m plus loin n’est pas plus rempli. C’est au 3ème beaucoup plus loin qu’on trouve enfin beaucoup d’eau. C’est sur que que le tiercé gagnant viendra jamais jusqu’ici se laver. Et bien, en même temps qu’on remplissait les réservoirs, on a fait séance douche (pour les grincheux, c’est le guide local qui nous a dit qu’on pouvait en prendre pour se nettoyer). On dit ‘first’ mais finalement personne.
Ce soir, repas de fête. Un mouton du village est passé à la casserole, où plutôt a fini sous les braises. Ça fait 1 an qu’il n’y a pas eu de circuit dans ce coin et les moutons ont oublié de se planquer quand ils voient débarquer des toubabs.
Comme chaque soir, on est 3-4 à partir faire une petite balade nocturne. Au son de musique d’opéra. Les anciens sont déjà couchés depuis longtemps. Ça nous permet de miser sur le gagnant potentiel du lendemain.
Richard, turfiste amateur