Yo,
6h30 t’es dans le van. On est moins de 10 pingouins. Tu pensais que ça allait être blindé. C’est sur la route pour rejoindre le ferry que t’as compris. Plusieurs minibus et plein de bagnoles individuelles. Et y a pas 1 ferry mais 4-5 bateaux. Jamais vu autant monde et plus particulièrement de backpackers depuis que t’es en Albanie. 3h sur le ferry à remonter des gorges du lac (artificiel) Koman. Même si vous voulez pas faire de trek, ça vaut la peine de faire la balade en bateaux , vraiment majestueux. La seule horreur, la saleté du lac. Même ici, ils balancent leurs bouteilles et canettes. Certaines rives en sont couvertes. Faut faire abstraction et regarder au dessus…
Au terminal, des vans attendent. C’est beau l’organisation, limite all inclusive. T’es le seul à demander à être arrêté en cours de route. Tout le monde va jusqu’à Valbonë et la plus part font la traversée à pied jusqu à Theth. Le chemin doit être blindé vu le nombre de personnes qui arrivent chaque jour et on est pas en haute saison.
C’est parti pour rejoindre le hameau de Cerem. Une petite heure et demi de marche moitié chemin, moitié piste. T’as 2 locaux tranquillement allongés dans l’herbe. Ils te demandent d’où tu viens, ou tu as et si t’as déjà réservé ta guesthouse. T’as pas de réservation. Le gars te dit que t’iras peut-être dormir dans sa guesthouse. Mais même pas il fait un mouvement pour t’indiquer voir t’accompagner, un vrai businessmen le gus.
Sur la piste tu croises une bagnole qui s’arrête. Mêmes questions. Mais au moins le mec te donne le nom de sa guest. Ça tombe bien c’est celle qu’on t’a recommandée.
Comme vous pouvez voir sur la photo de Cerem, c’est…plutôt tranquille. T’es pas enmerdé par le voisin.
T’as une petite cabane ou tu peux mettre ton téléphone à recharger, à l’intérieur 2 mamies bien installées dans des fauteuils en train de regarder le ‘plus belle la vie’ local où un truc dans le genre. Comme quoi, même au bout du monde…
Côté frigidere, ils ont innové avec l’eau de la rivière

T’as 2 nanas qui sont déjà là. Elles font parties d’un groupe de 14 trekkers qui arriveront plus tard. A partir d’aujourd’hui, le groupe va faire les mêmes étapes que toi. Du coup, tu vas partir avant eux chaque matin, comme ça si t’as une merde, ils pourront t’aider (on sait jamais). Les 2 nanas voyagent avec 2 caniches nains. Non, c’est pas une blague. Imaginez rejoindre un groupe de trek et voir 2 nanas venir avec leurs caniches. Tu ferais une de ses gueules. Surtout que c’est pas de la balade genre la promenade des anglais, ils vont taper du dénivelé tous les jours.
Aujourd’hui, elles ont fait l’étape en bagnole car c’est le jour de repos des chiens. Non, c’est toujours pas une blague. C’est vrai, parfois tu fabules un poil mais là, c’est même trop gros pour l’inventer. Comme elles ont qu’un petit sac à dos (pas comme le couillon qui est en train d’écrire ce post), elles ont chacune un harnais qu’elles mettent devant pour porter les chiens quand ils ont besoin de récupérer.
Alors côté hébergement, t’as bien eu confirmation, que t’as des guesthouse ouvertes partout et elles te proposent le package chambre/dîner/petit dej/déj à emporter. Le déj à emporter, c’est du standard partout : 1 œuf, du pain, une tomate, un concombre et un morceau de fêta.. Donc en rentrant en France, le premier qui te propose une salade grec prend une mandale). Donc tes 3kg de bouffe…. Mouais… Robert peut-être ?
Plus sérieusement, t’as eu un coup de pot. T’es tranquillement assis, une canette de coca à côté. Tu te mets à boire quand tu recraches vivement. Putain, y avait une abeille à l’intérieur. Encore heureux qu’elle s’était noyée. Imaginez, piqué dans la gorge… Vaut peut-être mieux rester à la bière…
Alors, est-ce que c’est parce que tu te retrouves avec une agence mais la patronne à fait péter les fourneaux. Soupe aux haricots, riz pilaf avec du veau, une sorte de gratin de pommes de terre, une tourte à tu ne sais pas trop quoi. Du coup, tu vas peut être essayer de dormir au même endroit que le groupe histoire de bien bouffer. L’agence doit connaître les meilleurs endroits pour les repas.
T’as demandé au guide pour Robert et sa famille. Pfff, tu devrais déjà être content d’avoir vu 2 caniches….
Le demain direction Doberdol. Environ 15 bornes. Un gus croisé la veille, un guide, un vrai, t’avait dit qu’il fallait 8h mais que lui une fois, sur un malentendu l’avait fait en 6h. Grosse pression…
7h30 du matin, t’es sur le chemin, le groupe part plus tard. Des paysages forestiers, parfois quelques petits petites maisons.
Tu rattrapes un couple d’allemand. Ils hésitent à faire la boucle car le mec a mal au genou. Entre abîmés du genou, il y a une solidarité. Tu lui as refilé tes Ibuprofen. Quand ils sont arrivés finalement au village, il avait l’impression de voler 30cm au dessus du chemin. Comme quoi, les drogue autorisées…
Très facile comme balade jusqu’au moment où tu vois un troupeau de chèvres en plein milieu du chemin à 15m de toi. Et bien sûr il y a un gros chien pour ‘es garder, pas un vulgaire caniche abricot. Le chien, de dos, t’a pas vu, il doit être à moitié sourd et aveugle. Tu te mets en position de combat avec tes bâtons au cas où ? Tu siffles, tu cries pour que le chien ne soit pas surpris ! T’as revu ‘karaté kid’, t’es prêt au fight. Le chien se retourne, te lance un regard genre  »t’es nothing, rien à foutre de toi  ». Bon, ta fierté en a pris un coup mais t’es passé tranquillement. T’attends de savoir comment ça va se passer avec les 2 caniches…
T’as croisé 2 jeunes allemandes de 25 ans. Elles font 10 jours tout en tente et préfèrent dormir loin des villages (elles sont couvertes de Strap et sparadrap…). L’une à fait le trek des Appalaches en 5 mois. Systématiquement, les plus roots que tu croisent, des jeunes nanas. Les vieux schnoks, pff, eux, gros confort!
Les paysages sont assez incroyables car les flancs des collines sont couvertes de mélange d’herbe verte et des petites plantes rouges.

Arrivé au village (en 4h30, no comment concernant l’autre baltringue) à midi. Une gamine de 9 ans t’attend de pieds fermes pour t’amener à sa guesthouse. Elle te l’a vendu comme une pro et attrape tous ceux qui passent. Résultat, sa guesthouse est pleine et les 2 autres sont vides. Rien que la pitchoun vaut la peine de rester ici. Dans 10 ans, elle a racheté tout le village. Un phénomène. Elle a négocié avec son père 10 euros par jour pour chopper les touristes qui passent. Une tueuse à 9 ans. Elle donne des cours de yoga aux trekkers. Vous pouvez pas la raté, sa guesthouse est la première en arrivant au hameau.
T’attends le groupe de 15 car tous ceux qui sont là sont allemands et tu pipes pas un mot…
3 autres personnes arrivent. Sans déconner, ils ont aussi un chien. Bon, pas un caniche, un vrai chien. C’est quoi ce trek ? Sponsorisé par croquette magazine ou canigou ? Vero, tu veux que je demande si les chats sont acceptés ?
Le lendemain, t’as décidé de taper le plus haut machin pointu du Kosovo, le mont Gjeraviva à 2656m.
Tu pars, il fait gris. Ça pue, ça sent la flotte, cette histoire. Le groupe va partir 1h plus tard. La balade est tranquille. Le plus impressionnant est le festival de couleur. T’as tous les dégradés du jaune au rouge. Ouais, tu l’as déjà écrit avant. C’est pas du radotage, c’est que t’es impressionné. Vous allez penser que les photos sont pipées mais pas du tout.
Une grande partie des plantes rouges sont en fait des myrtilles sauvages (un régal). Et encore, t’as pas eu de soleil. Arrivé au col qui est là frontière entre le Kosovo et l’Albanie. Côté météo, ça s’arrange pas. T’as sorti la goretex (ouais, t’as pensé à l’amener. Con une fois, c’est suffisant). Le vent s’est levé et ça pique un peu. Tu passes par deux lacs qui doivent être superbes avec du soleil.
Arrivé au sommet, comment dire, la vue est un peu gâchée par les nuages. Tout autour les nuages gris s’accumulent.

Bon, ben c’est con mais tu vas pas t’attarder ici. Dans la descente tu tombes sur une partie du groupe (le reste est resté au village). Il se met à pleuvoir. Une des nanas du groupe (une des 2 mémères à chien) demande au guide de repartir avec toi car elle sent moyen la montée sous la pluie. Ses chiens lui manquent car ils sont restés avec sa copine (ouais, c’est leur jour de repos aux clébards). Elle a peur de se perdre en repartant toute seule. Bon, on a pas marché 30 minutes que les nuages gris ont disparu et qu’un peu de ciel bleu se pointe. Sans déconner, t’y crois ? Ben, à 13h, t’es à la guesthouse et elle a retrouvé ses chienchiens.
Les 2 nanas voyagent avec leurs chiens depuis 2 ans et n’ont pas prévu de s’arrêter. Vous connaissez FIRE ? Une association où des pointures ont fait un calcul : si tu possèdes 25 fois la somme que tu as besoin pour vivre sur une année, tu peux arrêter de bosser. Bon, ben, c’est ce qu’elles font !
https://www.connectionsbyfinsa.com/mouvement-fire/?lang=fr
De retour à la guesthouse, la pitchounete continue à choper les touristes qui passent. Encore que des allemands ! Y a un truc qui doit t’échapper !
Ricardo, dogs keeper