Yo,
Comment prendre cher….
Tu dois rejoindre le village de Vusanje en passant par Plaf la seule ‘ville’ du coin. T’as décidé de passer par les montagnes soit une vingtaine de bornes. Le temps est plus que moyen mais il paraît que le lac d’altitude Jezero est superbe. Tu commences à enquiller dans les montées dans les sapins quand se pointent tes copains les nuages. Ils viennent jamais seuls, toujours accompagnées d’une pleureuse, la pluie. Bon, t’es venu pour en chier, t’as pas trop le choix à part faire demi tour et prendre la piste. T’as déjà tapé 1h30 de marche, ça te ferait mal au cul de faire demi tour. Sauf que la pluie s’est pointée avec toute une bande d’enmerdeurs, et pour pas les nommer, tonnerre, orages et éclairs.
Alors ouais effectivement t’as vu le lac, mais sans vraiment t’arrêter.
T’avais surtout la trouille que tes bâtons attirent la foudre. Comme t’es le seul couillon à te balader dans ce coin avec ce temps de merde, ça peut être que pour ta pomme. Les bâtons en carbone, ça attire la foudre ? Bon, vous avez compris que t’as détalé au plus tôt. 1h plus tard t’es enfin sorti des nuages. T’as juste encore 2 bonnes heures de descendre avec un peu de flotte histoire que tu t’en rappelles. Fini les couleurs avec les champs myrtilles. Par contre, une jolie vue de Plaf et de son lac.
Il est 11h30. Maintenant t’as 3 solutions :
– tu passes la nuit à Plaf et demain tu repasses par les montagnes (25 bornes) pour rejoindre Vusanje. Mais vu ce que t’as pris aujourd’hui t’es moyennement motivé. Surtout que resté à Plaf, bof. Plein de cafés avec que des mecs en train de fumer et qui regardent une serpillière boueuse se traîner dans la rue (toi)
– tu passes par la route qui longe le lac et tu retapes encore 15 bornes
– tu choppes un transport qui t’enmene au village.
Mais avant tout, une bonne pizza pour se réchauffer. Faut être intelligent. Tous les jours, les guesthouses te donnent comme déjeuner à emporter du pain des tomates, du fromage, un œuf. Une pizza, c’est de la pâte à pain, de la sauce tomate, du fromage. Tu changes pas une équipe qui gagne.
Finalement le transport, tu le trouveras pas. Tu t’es tapé 15 bornes avec de la flotte sur la gueule toutes les demi heures. Soit 37 km dans la journée qui dit monsieur GPS. Tu comprends pourquoi ça tire un peu sur les cuisses. Arrivé à la guesthouse, le petit vieux te dit que vu ce que t’as marché, tu peux rester ! Euh, il fait une sélection ? En tout cas le soleil vient de revenir, au moins il séchera tes fringues.
En parlant de soleil, les locaux te disent que ça fait 4 semaines qu’ils ont pas une goutte de pluie. Euh, comment dire…
Le forecast météo est pourri de chez pourri pour toute la prochaine semaine.
T’avais prévu de faire 3 jours de plus en passant par des endroits pas fréquentés mais tu le sens pas. Déjà qu’il y a pas grand monde sur les chemins faciles et populaires. Si en plus tu te tapes des cols dans les nuages et le tonnerre. Petits bras tu resteras.
De la guesthouse tu peux voir la vallée par où tu dois partir demain pour retourner à Theth. Faut passer à gauche du piton rocheux tout au fond puis descendre. Ouais, c’est là, tout au fond où tu vois un semblant de coucher de soleil. Des gars viennent d’arriver par cette vallée. Juste avant de démarrer ils ont eu des grêlons gros comme des billes. Ça promet.
Apparemment, les transports de Theth pour redescendre vers Shkodër partent à 12h. T’as 20 bornes avec 900D+ et 1100D-. Départ 7h15, va falloir foncer. Aucun regret, les montagnes sont sous les nuages. T’es dans une vallée assez étroite entre des montagnes verticales de granit. Des photos ? C’est parce que c’est vous. Une bergerie. Oui très rustique !
Et donc qui dit bergerie dit troupeau. Qui dit troupeau dit cons de chiens. Tu vois à 200m un troupeau de moutons en plein sur le chemin (le mouton, c’est le pire, y a toujours un con de chien qui veut faire du zèle). Gros coup de pot, le troupeau part dans une direction perpendiculaire assez loin de ton chemin. 30 minutes plus tard, arrivé en haut d’une colline, tu vois sortir d’un enclos une palanquée de moutons. Oh putain, 2 cons de chiens foncent sur toi en aboyant. Oh, les deux bergers, vous faites quelque chose pour les calmer. T’as beau leur faire signe. Que dal, rien à foutre, ils te regardent. A même se demander s’ils ne parient pas sur quel chien va être le premier à te bouffer. T’es quand même en hauteur à 50m du troupeau. Les boules de poils devraient comprendre que t’as pas le bras assez long pour leur chourrer une pelote de laine. Ils se sont arrêtés à 20m toujours en aboyant. Finalement que de la gueule. T’as un couple d’allemand qui est 500m derrière toi, va savoir s’ils se sont faits bouffer en passant.
Arrivé au col de Peja, une descente vertigineuse en zig-zag dans les caillasses. Vu le timing, t’as pas le choix, faut courir. Ouais, vu le temps pourri, t’as pas trop envie de rater le transport et de passer une journée à Theth. Theth, c’est les quelques baraques que vous pouvez voir derrière l’arbre tout au fond de la vallée à gauche. Oui, y a encore un peu de chemin.
Finalement t’arrives 20 minutes avant le départ. T’auras tapé 90 bornes en 3 jours. On partira avec 40 minutes de retard, un groupe de charlots en goguette. Beaucoup de gens viennent ici juste pour le week-end, faire des petites balades tranquilles. Ça construit des chalets un peu partout. Il y a déjà une supérette et on capte internet. Dans 10 ans. McDo est là… C’est maintenant qu’il faut venir ici.
Ca doit être impressionnant quand tu arrives à Theth en bagnole car le bled est au fond de la vallée entouré de montagnes de granit quasi verticales. T’as l’impression que c’est un cul de sac. Et pourtant, il y a plusieurs chemins qui permettent d’en sortir. Des photos ? Même pas. Marre de faire des photos grises où tu vois que dal ! Faudra revenir car c’est vraiment impressionnant.
Sinon, comme matos qui n’aura pas servi : la crème à bronzer, les lunettes de soleil. La goretex ? Entre le vent et la pluie, tous les jours !
Alors, arrivé à Shkodër, qui tu vois bien installé au comptoir d’un bar? Robert! Et dire que tu as encore dans ton sac un saucisson et du fromage. 
Histoire de faire partager la gastronomie locale, t’as décidé de ramener du vin. Tu demandes à la patronne de la guesthouse, une italienne, quel est le meilleur vin albanais. Popopo, pas question d’aller au supermarché, son voisin a des vignes et fais du vin. Mais y aura pas d’étiquettes sur la bouteille. Elle lui en commande pour des fêtes, pour offrir au médecin… Elle te fait goûter. Sérieux, t’en offre à ton médecin, la semaine d’après t’es dans un cercueil. Bon, t’en as quand même prix une bouteille à 4 euros, une fortune. T’as pas encore décidé avec qui tu vas te fâcher pour agression gustative en rentrant en France.
Dernier jour à Shkodër, avant de rentrer demain.
Juste à côté de la ville, le lac de Skadar frontière  avec le Monténégro. Shkodër est la ville du vélo en Albanie. Donc plutôt que buller à la guesthouse tu loues un vélo pour longer une partie du lac. On t’a conseillé un bouiboui-resto au bout de la route au village de Zogaj. Une mini plage propre (faut le préciser car c’est assez rare), deux tables pour déjeuner et un pélican qui se balade sur le lac. Vous avez vu les sommets des montagnes sur la photo ? C’est dans ce bourbier où tu devrais être au lieu d’avoir les pieds dans l’eau chaude du lac. Choisis ton camp !
Le gars est pêcheur. T’es rentré dans sa cuisine, t’espères que les mouches tranquillement installées sur le poisson seront parties après la cuisson…
Le soir, tu remets ça dans un restaurant de poissons. Tu choisis ton poisson et ils te le cuisent. Tu demandes quel poisson vient du lac qui est à 2 km. Aucun, t’as du saumon, dorade et thon. Euh, et nous en France, on nous fait tout une histoire sur les circuits courts…
Allez, c’est parti sur Air Serbia. Une grande première.
Ricardo Balkan peak addict