Yo,
Le Népal vient enfin de rouvrir. En théorie plus de quarantaine quand on y arrive.
Octobre, novembre, c’est la bonne saison pour y aller et espérer voir les bouts pointus qui dépassent les 8000m. Il y a 12 ans, t’avais traîné tes guêtres dans la vallée du Mustang en août sans jamais voir le sommet d’une montagne. C’est sûr qu’il faut être une pointure pour aller au Népal en août…
L’autoroute des Annapurnas, on oublie. T’as décidé de faire le tour du Manaslu moins fréquenté. Tu te construits tes étapes en te disant que tu vas faire le trek en solo en doublant certaines étapes de base. Et puis, va expliquer pourquoi, tu te dis qu’il serait pas pas con de regarder s’il faut un permis de trek. Et là, c’est la claque, une cinglante : Le permis est obligatoire et il est donné uniquement à une agence et, lentille sur le dhal, il faut au minimum, en plus du guide, 2 charlots comme toi en goretex. Le chemin est facile, difficile de se paumer, va comprendre pourquoi faut être 2 plus un guide. Va trouver un baltringue comme toi pour partir dans un mois.
Va falloir se rabattre sur une agence. En plus, quand tu regardes le programme des agences françaises sur le Manaslu, t’as peur que ça soit un peu trop tranquille. Quitte à partir avec une agence, va falloir trouver un trek un poil plus engagé. Faut pas déconner non plus, t’es une trompette du Cotopaxi, donc tu peux pas non plus te lancer sur des sommets où tu risques de te ramasser où ralentir le groupe. Va falloir te trouver un juste milieu.
Bon, y a le fameux trek de l’EBC. Quand tu lis les blogs à ce sujet, t’as l’impression que ça va ressembler à un 14 juillet sur les champs Elysées. Apparemment, c’est the place to be. Mais bon, vu le contexte covid, c’est peut-être la bonne période pour y aller sans trop se marcher dessus.
Les 2 pointures avec qui t’étais partis au Venezuela l’ont déjà fait. Pas très dur selon eux. Inquiétant, ils étaient au bout de leur vie lors de la montée (et descente) au Roraima alors que c’est une simple ballade. 🙂 Du coup, dubitatif le Ricardo

2 grands trekkeurs en pleine forme… et leur guide qui se demande ce qu’il fait là

Alors c’est quoi le trek de l’ECB ?
C’est le trek qui te mène au Camp de Base de L’Everest. L’agence propose une boucle contrairement au circuit de base où tu fais l’aller retour. Tu vas faire un tour assez complet soit 17 jours de marche et 3 cols à plus de 5000.
Apparemment, le circuit va nous faire découvrir des superbes paysages, très minérales.
Mais, en fait, le truc qui te gêne un poil est le fait de passer au camp de base de l’Everest. Toi, tu fais du trek, t’as plutôt une bonne condition physique (même si on ne sait jamais comment ton corps va réagir en altitude). Mais t’as pas du tout le niveau pour t’attaquer à du 7000 voir plus. Donc te pointer au camp de base de l’Everest, ça te donne l’impression d’être un eunuque : t’ as vu comment on fait, tu sais comment faire, tu vas regarder les autres le faire mais t’es incapable de le faire…
Ouais, c’est con mais ça s’explique pas…
Alors, tu t’emballes peut-être un peu. Sur les blogs, les photos montrent des passerelles métalliques à prendre pour traverser des rivières. Euh, vu ton vertige, il est possible que dès le premier jour, tu décides de rester 3 semaines à Katmandu à picoler des bières.
En tout cas, t’as arrêté de manger du riz depuis 1 mois car ça va devenir ton quotidien dans quelques jours.
Gros stress 15 jours avant le départ, une douleur au mollet qui monte dans la cuisse. Une contracture, une déchirure ? Va savoir, t’es pas toubib. Impossible de faire du vélo ou la moindre marche. Donc 15 jours à faire du gras au soleil en bord de mer en priant le dieu ‘PriseDeBourrelets’ de ne pas devoir déclarer forfait.
Autre point d’interrogation, le poids du matos. Sur le vol intérieur entre Katmandu et Lukla, on a le droit qu’à 12 kg par personne. La technique pour feinter, mettre 3 couches de fringues et remplir tes poches des trucs les plus lourds. Toi, français de base, t’as prévu d’amener l’essentiel, du saucisson (du vrai faux saucisson corse, voir le carnet sur le GR20) et une bouteille de Pastis ! 1 litre égale 1 kg. Va falloir choisir avec des t-shirts et vêtements de rechange. Vous feriez quoi ?
Alors, c’est sûr que les végans et autres aigris vont te pourrir sur ton côté superficiel. (pour les végans, allez voir le film Barbaque de Fabrice Eboué). Lors de précédents treks, la plupart du temps, les autres membres du groupe ne comprennent pas pourquoi tu apportes de la bouffe. Mais un soir, après 10 jours à manger des lentilles ou du riz et boire de l’eau avec du micropure, quand tu sors enfin le divin, ils tapent tous dans le pastaga et la rondelles de sauss. En parlant micropure, il y a rupture de stock au niveau du fabriquant, conséquence on risque d’être suivi à la trace…
Plus sérieusement, la vrai question est de savoir qui va porter le matos pendant le trek. Si ce sont des ânes ou des yaks, qu’ils portent du Pastis ne va pas t’empêcher de dormir (oh, putain, t’as oublié qu’il y a aussi les membres de la SPAYN, la société protectrice des ânes et yaks du Népal qui peut porter plainte en faisant appel à BB).
Si ce sont des sherpas, tu vas pas leur faire porter du pastaga. Tu te les trimballeras dans ton sac à la journée.
On verra de toute façon à Katmandu comment est le reste de l’équipe. Si dès le premier soir, ils ne sont même pas partants pour une petite bière dans le quartier de Thamel, tu risques de te retrouver un peu seul face à ta bouteille de pastaga.
Ricardo, futur eunuque de l’Everest

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque (oui, c’est du second degrés, je répète) de ceux que je rencontre (ou les végans ou les non alcooliques par exemple). Ouais, j’ai le droit à une ribambelle de commentaires de ceux qui voient pas le seconde degrés derrière mes conneries…