J8 : Direction Lobuche à 4900m en passant par le col de Kongma la à 5530m

Le guide veut nous faire partir à 4h du matin donc lever 3h… T’as croisé un couple de français qui ont fait tout le trek dans l’autre sens, donc dans les versants au nord au froid et ils ne sont jamais partis avant 6h30. Va comprendre alors que nous, on part dans le sens le plus ensoleillé. Le trek est donné pour 7h de marche sans les pauses. Le guide nous le donne pour 12h. On en déduit qu’il y aura 5 heures de selfi.

Dîner la veille à 17h30…plus ça va plus on s’entraîne à la vie en maison de retraite. Tu t’es endormi à 2h20 pour un lever à 3h. La journée va être longue…

Au fait, le sherpa qui était redescendu accompagné le couple est revenu donc l’équipe est au complet.

T’as donné 5 lampes frontales et celle que tu as gardé pour toi ne marche pas. Une pointure, ce Ricardo !

Alors comment ça se passe? Un sherpa passe devant pour repérer le chemin avec une lampe frontale qui fonctionne. Puis un deuxième sherpa donne le rythme. Puis c’est la palanquée de charlots en goretex, et enfin le guide ferme la marche. Vous devez vous demander où est le 4ème sherpa qui porte le caisson hyperbare? Oh, il nous rejoindra 2h plus tard. C’est pas important la sécurité.

Le soleil commence à se lever et éclairer le sommet des pics. Et ça nous permet de voir que les nuages restent coincés au fond de la vallée.

Ca monte progressivement et le plus difficile est de maîtriser le nombre de couches en fonction du vent, du soleil, de l’ombre. Les porteurs nous dépassent. Ils ont tous le même surpantalon et des chaussures qui ont été payés par l’agence de Trek.

Ca monte de plus en plus et un lac indique la dernière montée au col et ses drapeaux à prières. 

On aura mis 7h pour y arriver pauses selfie comprises. 

Tout le monde a mal au crâne avec l’altitude. 

Au col, très venteux, les sherpas et le guide font une pause déj pendant qu’on les regarde comme des couillons. 

La vue sur la vallée de Kumbhu, le glacier disparu  et au fond le petit bled de Lobuche qui est notre point d’arrivée. 

Maintenant la descente côté nord. Le chemin est un mélange de pierrier dégueulasse et de neige glacé. Alors que la porteurs galopent dans la descente, certains du groupe sont incapables de descendre. Les sherpas sortent les piolets et pètent la glace pour essayer de faire des semblants de marche. Et même comme ça, ils se prennent des gamelles. A un moment, t’arrives à passer devant et descendre avec ta fameuse technique ‘glissé-dérapé’… T’as failli prendre 1ou 2 gamelles mais tout en restant digne, bien sûr. Mais depuis le guide est moins motivé pour te laisser courir dans les descentes. 

La descente est super longue et le guide reprend sa technique de rester 10 minutes derrière pour faire des photos. 

On est tous sur les genoux mais on est enfin arrivé en bas dans la vallée. Il faut se retaper la montée de la moraine puis traverser le lit de l’ancien glacier du Kumbhu. On en a tous marre car la journée a vraiment été épuisante. En haut de la moraine, on s’aperçoit qu’on peut pas traverser directement l’ancien glacier. Il faut faire tout un détour entre les rochers. Le sherpa ne connaît pas le chemin mais on suit les cairns. Ça commence à faire beaucoup ! Seul point positif, on découvre des lacs dans le lit du glacier de différentes couleurs.

Notre guide préféré nous rejoint finalement. Il nous dit qu’il reste 1h de marche. Quoi ? On est en train de sortir du lit du glacier et le bled est juste derrière. T’es devant et tu vois les quelques lodges. En 15 minutes c’est plié. Pfff ! Dans 30 minutes max, tu pinces, sûr et certain ! 

Sauf que tu vois les porteurs dépassaient les lodges et le guide ne prend pas la direction du bled. C’est quoi encore cette surprise de dernière minute. 

On dort dans le lodge pyramid qui servait avant à des chercheurs. Il est juste à 1.5 km. Putain ! Tout le monde est sur les nerfs. 

Finalement on y arrive à 15h30. On aura mis près de 11h de marche exténuante. Et le pire, c’est que tu te retrouves dans une chambre pourrave où tu vas certainement choppé le typhus.. 

 

J9 : Direction Gorak Shep et le camp de base de l’Everest à 5364m

La nuit précédente a été très étrange. Jusqu’à 2h du matin impossible de dormir car tu cherchais ton souffle (ouais, on tape presque les 5000m). Puis tu t’es endormi et t’as rêvé que quelqu’un avait envoyé de la poudre dans l’air qu’empêchait les gens de dormir et faisait pisser. (Ouais, va falloir que tu t’allonges et t’en parles à un copain de Freud). Puis cette personne était arrêtée par la police et on pouvait à nouveau dormir à nouveau. 

Et effectivement tu as dormi quasiment jusqu’à 6h du matin. 

Côté groupe, tout le monde a mal et peu dormi. Mais maintenant que le mec est sous les verrous, on est tranquille… 

En complément des nuits très difficile, tout le monde tousse, renifle, crache ses poumons. Une exception, le suisse. Même les pierres tombales savoyardes sont un peu entamées mais poker face, elles ne montrent rien! 

Donc nous voilà parti avec nos 15 minutes de retard sherpadesque. En théorie, on doit rejoindre le village de Gorak Shep puis monter au Kala Patthar pourra avoir une superbe vue sur l’Everest. De Gorak Shep, il y a encore près de 500m de dénivelé. On a pris très cher la veille donc on a demandé à inverser avec le camp de base de l’Everest qui n’a que 150m de dénivelé mais qui est plus loin.

Déjà faut se taper la montée jusqu’à Gorak shep. Soit tu passes par la piste qui si on était pas ne période Covid doit être pire qu’une autoroute soit par un chemin en balcon avec des vues plus sympathiques. Ça c’est la partie tranquille. Puis vient le passage où il faut traverser tu ne sais plus quel ancien glacier. Donc, rocailles, caillasses, un vrai plaisir. Les escaliers nous manquent presque. Imaginez 500 personnes sur ce chemin qui se croisent, un cauchemar. On a pas croiser 30 personnes. 

Enfin, t’arrives à Gorak shep, qui n’est qu’un ensemble de lodges et un helipad pour feignasses. 

Notre champion de guide nous avait dit qu’il faut 5h aller retour pour aller au camp de base. Toi, t’as décidé de ne plus t’en mêler, tu vas finir avec un ulcère…

Donc, histoire d’être rentré pas trop tard, à 12h on a plié les pastas et on attend les sherpas et le guide pour partir. 

En moins de 2h, on y sera. Et c’est sur le chemin qu’on verra pour la première fois l’Everest. C’est le machin pointu pas très enneigé un peu en arrière plan. 

Le bougre est toujours caché. 

Alors le camp de base… en haute saison, c’est plus de 1000 personnes. En ce moment, juste une trentaine d’eunuques venus faire un selfi devant un rocher taggé. Tu peux néanmoins voir la fameuse cascade de glace que les sherpas (les vrais…) équipent en début de haute saison. 

Faut voir la queue devant le rocher alors qu’on est moins d’une trentaine.

Et qui tu vois en train de se faire photographier ? Une nunuche qui doit se prendre pour une influenceuse à 10 balles et qui se fait filmer en marchant, se retourne, sourit…va savoir si elle est venue en hélico.

Bien sûr, t’as toujours des connards qui ont taggés des rochers pour dire qu’ils sont passés. Toi quitte à laisser une trace, t’as fait vini vici pissi. Une trace liquide…

De retour au lodge, on a choppé une chambre taille cage à lapins jamais nettoyée mais avec vue imprenable.

 

Sinon, vous avez aussi l’option toilette dehors. 

Jamais vu autant de pingouins à goretex dans un lodge. C’est vrai qu’on est sur le hot spot de l’autoroute de L’EBC.

5190m d’altitude, rien qu’à penser à la nuit à venir. Du coup, t’as joué à la roulette népalais. Vous connaissez pas ? On fait tous des apnées du sommeil et cherchent notre souffle. Une du groupe a des somnifères. Ça peut être dangereux. Si tu prends une pilule et que le somnifère t’empêche de te réveiller alors que tu respires plus… T’as tenté le coup. 6h de plein sommeil, une grande première pour toi !

Alors, petite minute culinaire. Les repas (hors le malentendu sur la pizza) tournent autour du traditionnel dal bhat, sinon des pâtes trop cuites, des patates ou des momos. Momo, c’est pas le diminutif de Maurice, ce sont des des beignets à base de pâte de riz cuits à la vapeur.

 

J10 : Ascension du Kala Patthar (la roche noire) à 5500m

Le Kala Patthar est le point sur l’arête sud du Pumori. Un autre hot spot! 

Après cette superbe nuit, il est temps d’enquiller la montée. 450m de dénivelé pour 2 kilomètres de montée, ça vous donne une idée de la pente, surtout qu’on démarre à 5100.

Ca pique grave au niveau du souffle. On en bave tous et pourtant on marche lentement. 

La technique du guide ? Faire des pauses toutes les 10 minutes. Un tueur de rythme.

Le caisson hyperbare ? Il est resté au chaud au lodge, oui il craint l’altitude.

A un moment donné, t’en as marre de ces stops sans fin et tu continues à monter très lentement. Un autre gars te suit. Les autres moutonnent.

Sérieux, ça monte féroce et l’altitude fait de plus en plus mal. Mais plus tu montes plus le paysage s’ouvre. La dernière pente est mortelle mais t’es rassuré, la caisson hyperbare n’est qu’à 2 km.

L’Everest, c’est celui en arrière-plan, avec peu de neige.

Au lieu d’y avoir en moyenne 200 personnes, on est tout seul, c’est pas top ?

Oui, c’est le meilleur point de vue sur l’Everest et sa fameuse cascade de glace.

Le groupe arrivera 30 minutes plus tard. Certains se plaignent du trop grand nombre de stops. Ben, mon gars, t’as qu’à arrêter de faire le mouton et suivre un guide TikTok.

T’es redescendu en courant. Arrivé au lodge pour le déj, tu t’aperçois que le sherpa qui était resté avec le caisson n’est plus là. Ils est descendu avec les porteurs et le caisson à Lobuche, le bled de la prochaine nuit. Personne n’est malade ? Ouf !

Ah oui, côté fringue, ils sont tous habillés comme pour faire l’ascension d’un 6000m. Toi, c’est bermuda et pompes tige base. Tu te serais pas exploser le petit doigt de pieds 15 jours avant le départ, t’aurais fait les ¾ en sandales.

Ricardo, en short à l’Everest