J13 : Direction Gokyo à 4800m et ascension du Gokyo Ri à 5360m

T’as pris une pilule pour dormir sinon c’est même pas la peine.

2h pour rejoindre les lodges de Gokyo. Assez facile sauf la traversée du lit du glacier Ngozumpa. Toujours de la caillasse, de la caillasse rien que de la caillasse. On arrive dans un couloir d’avalanches. Et pile à ce moment, un hélicoptère passe au dessus et déclenche des chutes de rochers. Putain, reculade !

Pour sortir du lit du glacier, un chemin pentu et étroit et c’est l’embouteillage avec ceux qui viennent dans l’autre sens. C’est à notre tour. Vu certains qui ont du mal dans le groupe, t’enquilles directement derrière le sherpa de tête. Pas envie de traîner et te prendre une pierre dans la tronche.

C’est un groupe d’indiens qui attend pour descendre. Et t’as un connard qui se met à gueuler. Il sait pas qu’on fait profil bas dans les couloirs d’avalanche? Tu lui fais un ‘chut’ agressif. 2 minutes plus tard (oui le groupe a du mal dans les montées techniques), l’autre connard a recommencé à gueuler. Y a fallu lui gueuler dessus pour qu’il la ferme. Des dangers sur pattes !

On arrive enfin à sortir du lit du glacier, quelques dizaines de mètres plus loin et là c’est le choc visuel, le lac turquoise de Gokyo.

Sur la droite de la photo, on voit l’ensemble des lodges de Gokyo et ça continue à construire. Et la montagne marron au dessus du lac est le pic qu’on doit monter en début d’aprem.

On arrive au lodge, tu demandes à notre maître d’hôtel, euh pardon tu veux dire guide, qu’il nous choppe des chambres avec vue sur le lac.

C’est quand même plus sympa.

Comme verre d’accueil, t’as le droit à un verre de jus de mangue (??) chaud. Surprenant.

Alors, depuis 2 jours où on a commandé une pizza (non, ce n’est pas une salade), on a plus le choix sur nos repas. Avant, on devait prendre tous le même pour des raisons de simplicité, maintenant on ne choisit même plus. Aurait-on fait péter le budget repas avec une simple pizza ? En tout cas en France, l’agence française va prendre cher !

L’objectif de l’aprem, monter au sommet du Gokyo pic. On a 600m de dénivelé positif pour moins de 2 km de distance. Et tout ça à plus de 4800m d’altitude. Ça va piquer très fort, très très fort. Notre champion de guide nous dit qu’on restera au sommet jusqu’au coucher de soleil. Ahah, la bonne blague ! Euh, il sait que demain on devoir se taper le 3ème col du circuit et qu’il nous a dit qu’il fallait 10h pour faire l’étape ? Complètement à l’ouest le gars !

Pendant que tu écris cette partie de post, tu vois de ta chambre plusieurs loupiotes de frontale qui redescendent. Des courageux!

Notre plat de pâtes avalé, on enquille la montée. Bianca ne viendra pas. Idem pour le caisson hyperbare et un sherpa. Il vaut mieux que le caisson reste au chaud !

C’est vraiment pentu dès les premiers pas. On a pas fait 50m que le sherpa de tête fait une pause. Toi, t’imagines même pas t’arrêter. Oui, s’arrêter toutes les 15 minutes dans un vent glacial, bonne idée. Donc tu marches à ton rythme lent et quand le groupe te rattrape, le guide crie ‘pause’ que tu n’entendras jamais. Et là, va savoir ce qui s’est passé dans la tête du Patrick. Il décide de quitter le groupe et de te dépasse en t’enrhumant. Le gars avait caché son jeu. Il monte à une vitesse. A son rythme, tu fais 5m et t’es bon pour le caisson. Ah merde, on l’a pas. A un moment il t’attend. Tu lui dis que comme tu vas très lentement, il serait con de rester avec toi et qu’il vaut mieux qu’il se fasse plaisir. Et là, speedy Gonzalez a enclenché la seconde et tu l’as plus jamais revu. Et derrière t’as le guide qui crie désespérément ‘pause’. Le Patrick, te mettra 30 minutes dans la vue et une quarantaine au reste du groupe. Ouais, t’en as chier grave. Côté paysage, à partir d’une certaine altitude, tu peux voir un deuxième lac turquoise, le Taboche Tso.

À mi chemin tu croises des phénomènes vestimentaires. Alors c’est vrai, t’es le seul gus en short. Mais là ! Un groupe de russes, qui ne disent pas bonjour bien sûr, redescendent du sommet. Une en doudoune rose bonbon, une autre en pantalon jaune canari, d’énormes protèges oreilles colorées… pas un a un physique ni une tenue à être monté au sommet. Y a un helipad au sommet ou quoi? À moins que tu es des symptômes du mal aiguë de montagnes avec hallucinations !

Les gens galèrent sur cette ascension rien que pour le paysage que tu peux y voir.

Verticalement au-dessus du guignol en bleu, t’as l’Everest, à droite le Lothse et le Nuthse et toute une ribambelle d’autres pointus.

Si tu vas de l’autre côté du sommet, t’as une vue au loin sur les montagnes tibétaines, oups, montagnes démocratiques chinoises.

On sera quasi les seuls au sommet. Alors pourquoi ‘quasi’ car dixit le Patrick qui est arrivé avant, il y avait déjà un couple. Et madame était en train de faire une gâterie à monsieur… Alors grand respect! Déjà à madame car à 5300m il faut trouver son souffle et à monsieur car vu la température de l’air, il faut être courageux pour sortir son asticot…

Patrick vient te voir pour te remercier de l’avoir poussé à se faire plaisir et monter à son rythme où il a pu s’éclater. Euh!?!?, c’est pas un peu le principe de base, se faire plaisir ? Mais t’inquiètes, demain tu rentreras dans le rang.

Histoire de ne pas te traîner limacement (qui vient de limace. Un nouveau mot ! ) dans la descente à ce le groupe, tu fais croire que ton estomac te pousse à aller aux toilettes. Et hop, descente en quasi chute libre et tu croises à mi chemin, certains courageux qui vont la jouer en nocturne.

Ah tiens, un yack illuminé par un rayon divin !

Il faut vous parler du fil rouge des lodges. Depuis 1 semaine, on se retrouve quasiment chaque soir dans le même lodge qu’un groupe d’israéliens et d’un russe. Passe encore que certains israéliens essaient plusieurs fois de suite de négocier 30 centimes sur l’achat de PQ qui a été monté à 5000m à dos d’hommes. Mais c’est ce bœuf de russe qui parle extrêmement fort tout le temps qui nous pourri nos soirées (après, faut pas se mentir, dans le groupe, on est tous couché à 20h30). C’est presque notre angoisse de tomber sur eux. Ce soir, alléluia, ils sont dans un autre lodge, mais malheureusement une grande première : Dans la salle de resto du lodge, un groupe d’indiens. Les gus ont sorti un ordinateur portable et passent un film avec bien sûr le son à fond. Incroyable ! Mais ils font pareil au resto aussi? Voilà, t’as une palanquée de sans-gêne.

 

J14 : Direction Lungdhen à 4380m par le col de Renjo à 5360m

C’est le dernier col du circuit ensuite ça sera peinard.

La veille Joe la pointure nous dit qu’on va partir à 4h. Madre de Dios. A l’heure du repas, changement de programme, on ne déjeunera qu’à 5h pour un départ à 5h30. Ah, c’est à cause de la température, de la transformation de la neige, des loups garous? Que nenni, beaucoup plus grave ! La cuisine n’ouvre pas avant !! Le cuistot nous permet de dormir 1h de plus. Une Ola pour le cuistot.

5h, on est dans la salle glacée du lodge pour manger notre soupe chinoise et du pain tibétain (une sorte de beignets). D’autres groupes de barjots qui partent en même temps que nous? Euh… juste un couple de jeunes rosbeefs. Va savoir si les autres groupes font pas grasse mat, ces salauds !

Oui ! Oui ! Les sherpas sont réveillés cette fois!

Et nous voilà partis gaiement sur un chemin qui monte gentiment à côté du lac Gokyo. Aucun rapport avec le chemin super agressif de la veille après midi.

On a quand même un poil l’impression que le sherpa du couple indique le chemin à notre guide. Mais juste une impression.

Avec l’arrivée du soleil, des brumes s’élèvent du lac Gokyo.

2 heures plus tard, Tilak indique une pause (c’est pas la première bien sûr).

10 minutes à se refroidir et on le voit discuter avec ses sherpas. Ils ne semblent pas d’accord sur le chemin pour le col. Sérieux ? Mais on nous a refilé l’équipe B?

On poireaute, on poireaute quand voilà notre guide qui se met de la crème sur le visage et demande à un sherpa de le prendre en photos dans plein de situations. Les autres à côté de toi commencent à se poser des questions à haute voix, voir même, comble de l’insolence, se dire que c’est pas sérieux. Et ça dure, ça dure. Finalement la Catherine se lâche complètement en criant ‘zamzam’, c’est le yallah local. Le guide en a rien à foutre et continue sa séance de pause. Les autres ne disent rien. Toi, c’est pétage de plomb, la coupe a débordé. T’as pris ton sac et t’es reparti sur le chemin en direction du col (et sans déconner même un aveugle borgne trouverait le chemin). De tous ceux qui se plaignaient, pas un ne t’a suivi, étonnant !

15 minutes plus tard, le groupe t’a rattrapé et t’as l’impression que t’es le vilain petit canard. Bah, entre un canard et un mouton.

Dernière montée raide sur un chemin en zigzag fait de pierres branlantes. C’est pas trop le moment de faire des bravades et de se prendre une pierre sur la tronche. Le guide crie des trucs en français incompréhensible mais du genre ‘on est presque arrivé’. Une pierre se décroche du chemin et commence à descendre sur le chemin plus bas. Véridique, le gars, plutôt que de crier ‘pierre’, ‘roc’ ou un avertissement dans le genre, il fait style avec sa main je vais arrêter la pierre à distance. Un champion du monde, le guide. Mais grand respect, la pierre s’est arrêtée. Que veux tu dire ? Toi qui n’arrêtes pas de le critiquer, t’es à genoux en train de lui baiser les pieds.

On arrive au col Rinjo sur une petite plateforme, le sherpa TicToc met de la musique et tous les sherpas et porteurs dansent. T’étais à 2 doigts de prendre le guide sur tes épaules et de lancer une nouvelle religion en sa faveur. Du col la vie est superbe avec une vue sur l’ensemble des sommets du Khumbu. On a enfin l’impression que l’Everest est bien le sommet le plus haut.

De l’autre côté une descente vertigineuse et un joli lac vert.

Après 40 minutes de selfis et de danses endiablées, la dure réalité nous frappe durement, il va falloir redescendre de l’autre côté et se taper près de 1000m de dénivelé négatif. Incroyable, les népalais ont construit d’énormes marches en pierres. Même jusqu’ici ! Comme il y a pas mal de glace, gaffe à pas se vautrer.

Quelqu’un demande au guide s’il sait quand ont été construits ces escaliers. En 2017 ! Ah, bizarre, un gars dans le groupe venu il y a 14 ans et les escaliers existaient déjà.

On passera par une drôle de plage de sable. Alors, vous emballez pas. Pas la peine pour certains charlots parisiens de foncer. C’est pas ici que tu vas planter ton parasol, t’allonger sur un transat et commander une pina colada. Sauf si ton maillot de bain est doublé en polaire et que t’aimes bronzer en moufles.

Plusieurs fois, le guide refait le coup des stops sans fin. Ça fait plus de 7h qu’on est parti et tout le monde a envie d’arriver au lodge. Généralement, toi ou qqun dans le groupe lançait le fameux zamzam et te poussait à partir en premier pour déclencher le départ. Vu ce qui s’est passé ce matin, qu’ils se démerdent. Le zamzam a beaucoup moins de succès auprès du guide en train de faire ses photos

Et tu les vois râler sans qu’aucun se lance. Vengeance. Surtout que certains qui étaient énervés après le guide ce matin ne t’ont toujours pas reparlé.

Et ça continue encore et encore… de la descente.

On voit enfin en contrebas le village de Lengdeng. La différence avec tous les autres stops que l’on a fait depuis le début, est qu’il semble que ce n’est pas juste un ensemble de lodges pour touristes car il y a plein de délimitations de champs.

Tilak nous indique que notre lodge est le tout premier bâtiment en bleu.

La dernière descente se fait au milieu des yacks.

On arrive enfin au niveau du lodge en bleu, Tilak continue à marcher et traverser tout le village. Faut voir la gueule de certains. Finalement il s’arrête à un lodge qui n’est pas bleu. C’est un poème ce gars !! Tu pensais faire une quête pour lui construire une statue. Qqun a un peu de pognon ?

La patronne du lodge a un petit bébé qu’elle trimbale comme les porteurs avec nos sacs avec une bandoulière autour de son crâne qui tient le berceau dans son dos.

Concernant le trek, on a fait le plus engagé, il va nous rester 3 jours de marche plutôt pépère.

Toi, ça avait été très dur les premiers jours, en particulier à cause de rhume /bronchite/va savoir ce que t’avais choppé. Maintenant ça va beaucoup mieux. C’est ton collègue de chambrée qui a depuis 2 jours choppé une sorte de sinusite et qui est sur les genoux. Et celui qui depuis le début n’a rien choppé du tout est le suisse. Comme quoi, s’engager sur rien, ne pas prendre de positions, ça protège des maladies.

Toi, t’as choppé en plus une engelure. Désolé pour la photo mais c’est pour bien montrer le doigt concerné.

Ricardo, le doigt levé