Un sherpa est parti tôt le matin, on peut passer et en plus il pleut presque pas. On remonte jusqu’au point de la veille et en fait on comprend ce qui a bloqué. C’est pas la falaise qui s’est pétée la gueule mais un torrent qu’on devait traverser. Hier, vu la flotte il était infranchissable.

On a cru un instant à un rayon de soleil mais que dal. On traverse des minuscules hameaux dont l’un a un herboriste.

Dans un autre village, le chemin est coupé par un torrent et il faut passer sur une poutre instable installée en travers du torrent. Une partie du village nous regarde prêt à faire une photo en cas de gamelle (oui, certains ont des  smartphones). Gugus-pisse fait la remarque qu’au lieu de nous regarder, ils devraient construire un pont…no comment.

Maintenant commence la vraie première montée avec environ 700m de dénivelé positif pour atteindre les 3700m d’altitude. Le gugus-baltringue que tu es, a décidé d’arrêter de jouer au con et de marcher lentement, histoire de pas merder son acclimatation. Du coup c’est gugus-connard qui décide de partir comme une fusée en doublant le guide et en râlant. Tous les gugus ont du mal avec lui…

Il pleut toujours autant, le chemin en terre est extrêmement pentue et boueux. T’as rarement vu ça. Tout le monde s’accroche. Effectivement comme le répète le guide  »c’est un peu compliqué ». Ça monte, ça monte. Tu commences à sentir l’altitude. Certains passages à flanc de falaises sont construits sur un empilement de pierres et tu flippes graves quand tu passes dessus.

Dans un tournant, un corps recroquevillé la tête en bas. Un népalais, mort. On apprendra l’histoire un peu plus tard. La veille, des touristes danois sont montés par ce chemin avec leur équipe. Le soir, il manquait l’aide cuisinier mais personne n’est retourné le chercher. Apparemment le cuistot était ivre mais comment le savoir et il est mort de froid dans la nuit.  Personne ne comprend pourquoi leur guide n’est pas reparti mais ça va faire une sacré histoire au Népal.

La brume s’installe en plus de la pluie.

On continue à monter jusqu’au moment où un bout de falaise n’existe plus. Il faut s’accrocher à des buissons avec un sherpa en dessous de toi pour te rattraper si tu glisses. Sinon tu fais une chute libre de 500m. Sans déconner, ça craint vraiment mais personne ne se plaint. On veut tous arriver au village de Rigmo.

Un des sherpas reste avec une machette pour faire un chemin pour que les mules puissent passer. Sans elles, c’est la cata.

Finalement on arrive au village. Ils sont en train de construire plein de lodges tout en pierres et bois. Ça doit être très joli avec du soleil. Mais aujourd’hui, tous les chemins entre les maisons ne sont que des champs de boue.

14h, on va pouvoir déjeuner. Le guide nous annonce qu’il est certain que demain on ne pourra pas repartir. Comme le lodge est vraiment humide et glacial, avec gugus-trail et gugus-lapisse, t’as pris une chambre plus sympa dans un autre lodge. Gugus-connard a fait un scandale quand gugus-lapisse l’a dit au reste du groupe. On aurait du rester groupir…

En théorie, on devrait demain camper demain de l’autre côté du lac Phoksundo et ensuite passer le col de ‘kang la’  et entrer dans le haut Dolpo.

Les prévisions météos sont mauvaises, nos tentes sont archi trempées et on est trempé. Ça s’est la partie sympathique…

Plusieurs groupes de trekkeurs sont coincés dans le village. Certains attendent une éclaircie depuis 5 jours et ont décidé de lâcher l’affaire. Le vrai problème est la quantité de neige qui est tombée sur le col. Personne ne passe et les guides attendent de voir si un groupe arriverait dans l’autre sens pour donner des informations. Ceux qui ont passé le col avant la tempête sont maintenant coincés par le col suivant à Shey Gompa. Le guide a eu des infos comme quoi ils auraient demandé une évacuation. Les mecs doivent être coincés sous la tente dans la neige. De toute façon, avec ce temps, aucun hélico ne vole.

Au pire, on peut essayer de revenir en arrière en espérant que les sentiers sont encore accessibles. Surtout que la descente sera beaucoup plus dangereuse que la montée. Faut être réaliste, des prévisions météos mauvaises, des cols inaccessibles, c’est plutôt mal barré. La question est de savoir combien de temps on va attendre. Et même, comment on pourra rentrer sur Katmandou. Pas d’avions et les pistes sont coupées.

Ricardo no Dolpo