Sorti de l’avion, le choc thermique. Les vêtements chauds vont pouvoir être rangés bien au fond du sac.
A la douane, au contrôle de tes bagages, que des cubaines de 20 ans. Ton charme naturel a dû avoir un effet sur elles car sur les 300 pimpims dans l’avion, tu dois faire partie des 10 où elles ont pris le passeport. T’obligeant ainsi à passer du côté ‘déclaration de marchandises en douane’. Tu récupères ton gros sac et tu te pointes penaud pour comprendre pourquoi cet honneur. Tu te vois déjà en prison à Cuba accusé de contrebande de savons et de PQ. Au moins 15 ans de taule, minimum. Pourvu qu’on te fasse pas ramasser la savonnette dans les douches. Au contrôle, encore que des douanières de 25 ans. Respect, pour le casting! Après baragouinage entre ton pauvre espagnol et leur balbutiant anglais, tu comprends ce qui les a fait tiquer. T’as 2 téléphones (non, c’est pas pour te la péter. Un vieux qui fait des belles photos mais qui va te péter dans les doigts dans peu de temps et le neuf qui fait des photos de merde). Et ça, elles n’ont pas l’habitude. Après explication t’échappes à la prison mais sans leur 06…
Arrivé à la Havane au coucher du soleil. Le chauffeur de taxi est à fond reggaeton même s’il est au téléphone en même temps. Des grandes routes, parfois à 3 voies, qui ne doivent pas connaître les bouchons. T’es pas encore arrivé dans le Havana vieja mais difficile à expliquer cette sensation étrange. Tous les bâtiments, datant certainement de l’époque coloniale, avec leurs colonnades sont attaqués par une sorte de lèpre, rongés par un cancer de la peau. Pas un bâtiment en état correcte. 18h, très peu de gens dans les rues sauf les longues queues qui attendent les bus. Les rues sont peu éclairées accentuant ainsi cette sensation de fin du monde. Le taxi te laisse à l’adresse indiquée, un immeuble de 4 étages où est sensé se trouver ta guesthouse. Porte d’immeuble fermée, pas de nom à part celle d’une autre guesthouse. Au bout d’un quart d’heure, via l’aide d’une dame dans la rue, le patron descend du 4eme étage t’accueillir.  Il vaut mieux changer de l’argent chez lui car il te donne 20% de plus que le cours officiel.
Opération balade nocturne dans la ville et dîner. Tu t’attendais à une ville festive. Soit t’es pas dans le bon coin, soit y a un truc qui t’échappe. Même sur les places touristiques, les 2 -3 restos sont quasi vides, presque personne déambule dans la rue. Tu pensais trouver des bars, de la musique, un peu comme au Brésil. En plus il fait presque 30 degrés donc les gens devraient être dehors. Les seuls qui sont dehors sont les habitants qui s’installent sur des chaises dehors car il fait trop chaud à l’intérieur. Ceux qui vivent au rez-de-chaussée vivent avec leur porte ouverte pour faire rentrer de la fraîcheur. Dès que tu sors des places et rues touristiques avec des bâtiments restaurés, les façades sont en sales état. Des superbes bâtiments dans un état de décrépitude avancé. La faible lumière des rares lampadaires fonctionnants amplifie cette drôle d’ambiance. En Amérique Centrale, jamais tu serais sorti le soir avec cette pénombre et le peu de personnes. Mais ici tu ne sens absolument pas le risque d’agression. Surtout que t’as plus d’un an de salaire local sur toi.
T’as poussé jusqu’au Malecon, c’est la route qui longe le bord de mer où les gens sont sensés se balader. La petite partie du Malecon où t’as déambulé fait presque peur. Les maisons sont quasiment en ruine, alors que t’imaginais un endroit plus vivant. Ouais, très grosse surprise. Dubitatif le Ricardo sur cette première impression nocturne.
T’as testé le premier resto où il y avait du monde. La serveuse a été surprise que tu commandes une pinacola avec un plat de poulpe… Ouais, pas faux mais t’as 11h de vol dans les pattes avec un réveil à 4h du matin, donc t’es excusable…
Ce matin, avant toute balade, acheter une carte SIM pour accéder à Internet. Direction la Calle Obispo. Plein de gens, surtout des femmes, assis sur le trottoir à attendre devant des magasins. Ici, on n’essaye pas de passer devant les autres. Tu te pointes et tu demandes qui est la dernière de la queue. Ça va, t’as que 10 personnes avant toi et t’es 30 minutes avant l’ouverture du magasin.

C’est enfin l’heure de l’ouverture, le gars annonce qu’il n’y a plus de cartes SIM. Madre de dios. Une touriste te dit qu’il y a une autre boutique où il y a des cartes SIM. Putain, re-queue mais avant tu demandes. Oui, il y en a mais ici on paye uniquement par CB. Merde, t’as pas ta CB sur toi. Quand ca veut pas… Le temps d’aller la chercher et la queue s’est rallongée. Apparemment les magasins où tu payes en devises ou CB sont beaucoup plus achalandés que pour les locaux qui n’ont pas de CB. Conséquence, ce n’est pas le même type de population qui fait la queue. 2 personnes qui gèrent la queue pour 2 personnes au guichet à raison de 15 minutes par client. T’es parti pour au moins la matinée pour chopper cette foutue SIM. Les écolos mode bougie te diront que tu peux t’en passer ! Oui, certainement, mais pour réserver les bus, les Airbnb, c’est nettement plus facile…  Ils vendent aussi quelques téléphones, chargeurs et câbles mais même dans les petites villes perdues du Dolpo Népalais, les magasins ont dix fois plus de choix qu’ici.
Midi, t’as enfin ta SIM locale mais la vendeuse est arrivée à te bloquer ta carte SIM française. Tu sors enfin de la boutique, il y a 30 personnes qui attendent dehors. Bonne chance à eux. La rue est blindée de monde. Pas des gens qui déambulent mais de personnes qui font la queue devant les différentes boutiques. Et encore, elles n’ont pas grand-chose à vendre. C’est parti pour le touriste time.
Dans la partie touriste donc restaurée, les rues sont pavées et pour en rendre certaines piétonnes.
Ils ont planté des vieux canons pour bloquer le passage des bagnoles. 
De jours, les bâtiments semblent en meilleur état que l’impression de la veille. Mais bon, faut rester dans les rues touristiques. Dès que tu prends une rue transverse, c’est nettement plus décrépit.
Les touristes ? Ouais, y en par groupe entier qui suivent leur guide. Sur les spots touristiques, les rabatteurs t’attendent de pieds fermes. Cocaïne, filles, massages, cigares..et plus étonnant, carte SIM. Merde, si t’avais su…
De retour sur le Malecon. Tu comprends mieux pourquoi il n’a pas un succès fou. La promenade longe le bord de mer qui n’est pas accessible (que du corail). Donc on oublie définitivement ici la baignade. Et t’as une route avec 2 x 3 voies qui longent le bord de mer avec pas mal de bagnoles qui ne connaissent pas encore les pots catalytiques. Pas un resto, pas un petit kiosque pour acheter une boisson une glace. Donc, ça pousse pas trop à la déambulation. Mais, peut-être que le samedi soir ça s’anime.
Un truc t’échappe. Ou se fournissent les cubains en nourriture de base comme, riz, huile, pattes ? Auchan n’est pas arrivé jusqu’ici et t’as pas vu la moindre épicerie. T’en as arpenté des rues pour enfin tomber dans les rues commerçantes pour les locaux. Un petit centre commercial avec quelques boutiques sombres au bout de leur vie. Tu veux aller jeter un coup d’œil. Que nenni, t’es refoulé, l’entrée est de l’autre côté. 50 personnes attendent. Mouais, c’est bon, t’as eu ton quota de queue pour aujourd’hui. Plus loin des petits magasins de la chaîne Panamerica (qui appartient certainement à l’état). Ils sont spécialisés par type de produit genre hygiène et nettoyage, chaussures, mais surtout nourriture. Et là t’as en moyenne 30 personnes qui attendent. T’as jeté un oeil par la vitrine. Le magasin a max 20 rayons avec très peu de produits différents mais au moins 20% présentent un des rares produits cubains, le rhum.
Le seul côté positif de ces queues c’est qu’elles socialisent les gens. Les cubains discutent entre eux en attendant…
Alors, effectivement je vous cause de riz et d’épicerie plus que de monuments, musées et places. T’es quand même dans un endroit quasi unique au monde. Un pays qui vit sous embargo et dictature (Mélenchon va en perdre son dentier) depuis 60 ans. Donc forcément ça t’intrigue.
Tu t’es posé sur la place José Marti.
Autour, les façades des bâtiments sont niquels, surtout des beaux hôtels de luxe. Quelques palmiers, 2-3 stands et des hauts parleurs qui balancent de la musique cubaine. Une rue plus loin et vous pouvez comparer un bout de façade d’un hôtel de luxe et celles moins touristiques.
La Havane est connue pour ses vieilles voitures américaines. Cette place est le spot où les chauffeurs t’attendent pour aller faire un tour dans leur vieille cabriolet Chevrolet, Plymouth…
Côté people, les gens sont souriants, détendus et respectueux. Malgré leurs conditions de vie difficile, tu les sens pas stressés. Le seul truc chiant est qu’en tant que touristes, t’es sans arrêt sollicité par les fameux rabatteurs. Ouais, t’es trop blanc et grand pour passer pour un local.
On a complètement oublié en France mais quel plaisir de ne voir aucun panneau publicitaire dans les rues. T’as l’impression de voir des vraies rues et pas juste un ensemble de pubs.
Point culinaire : tout le monde t’a prévenu, Cuba n’est pas reconnu pour ses exploits culinaires. Tu pensais trouver plein de stands de bouffe dans les rues. Que dal. C’est surtout le pays de la pizza. Des minis pizzerias à emporter où 10 personnes font la queue pour emporter leur bout de pizza. Ouais, même là il y a la queue. T’as quand même trouver une dame qui faisait des sortes d’accras dans un kiosque. Tu t’es dit que c’était au poisson. Que nenni, un goût particulier et une texture un peu gluante, du yucca râpé. Le point positif, tu vas perdre de la bedaine. T’as plus qu’à te rabattre sur les cocktails. 2.5 euros le mojito, ça devrait compenser la bouffe….
Vu le boycott imposé par les ricains, les cubains ne sont pas encore touchés par MacDo (va comprendre mais tu trouves parfois du coca cola). Par contre les chinois ont aucun problème pour exporter ici leurs produits en plastique pour touristes. Même le marché ‘artisanal’ en est blindé !

Direction matinale vers l’aéroport pour aller à Santiago de Cuba. La veille t’avais passé ta journée enfermée pour cette fameuse SIM. Maintenant tu vois enfin la vraie vie au quotidien et c’est nettement plus sympa.

Ps : ouais, vous allez dire, il est très négatif le gus. En fait, t’es dubitatif. Certainement à cause de la première sortie nocturne dans le mauvais quartier.

Ricardo, un gars dans la queue