Lever à 5h30 pour aller chopper un camion qui partirait vers 7h30 pour playa Santa Lucia sur la côte atlantique. A 6h20, on attend sur un quai de gare (oui, pour prendre un camion…) Et des cubains attendent déjà. Finalement à 8h45, quelqu’un vient et nous donne un petit carton numéroté en fonction de ton ordre d’arrivée dans la file d’attente. Puis tu marches jusqu’à l’autre extrémité du quai pour rejoindre la gare de camions. Le camion ? Une grande boite en fer avec 3 fenêtres de chaque côté et 4 roues.

Un guichet laisse passer un par un dans l’ordre indiqué sur ton carton. Quand rien n’est informatisé, il faut juste de l’organisation. Tout allait bien jusqu’au moment où ils ouvrent l’arrière du camion ce qui permet aux derniers de la file de s’installer aux meilleures places avant les premiers. Dans le camion,  des longs bancs en fer sont installés le long des parois. Puis d’autres bancs à 50 cm des premiers. Donc si t’es sûr la rangée contre la vitre tu peux t’adosser à la vitre mais t’as aussi le dos de celui qui est assis devant toi à moins de 15 cm de ton visage. Faut choisir. Et c’est parti pour environ 3h de route pour 110 bornes.

Playa Santa Lucia, une petite communauté étalée sur une langue de terre avec d’un côté l’océan pacifique et de l’autre une lagune avec des flamants roses. Sur le papier, il y a pire comme cadre. Quatre hôtels d’état pour les all inclusive et des guesthouses.

Ta guesthouse est à 100m de la plage. De loin la mer est superbe.

On fonce au bord de mer. Tu te vois déjà faire le dauphin dans cette eau transparent. Mauvaise surprise. Le ‘vert’ sur la photo est à 50m du bord de la plage, avant c’est marron à cause des algues (la partie marron est coupée sur la photo). Mais c’est rien en comparaison de la suite. D’énormes paquets d’algues sur la plage. Ok, c’est une plage naturelle, pas de problème. Mais surtout des déchets plastiques partout, mais vraiment partout, une poubelle à ciel ouvert.  T’as pas  un mètre sans une canette, une bouteille ou des morceaux de plastiques. T’as même pas envie de poser ta serviette tellement c’est sale. Le typhus ? Va savoir ! On t’avait prévu mais tu ne t’attendais pas à ça. Seule solution, aller sur les plages des hôtels **** à 5km. Le premier hôtel est fermé. Au suivant, 20 personnes max sur la plage dont la moitié sont des employés de l’hôtel qui font la sieste et une quinqua occidentale vautrée sur un jeune cubain. Et oui ça marche aussi dans l’autre sens.

Les 3 autres hôtels **** sont fermés. Ils ont regroupé tous les all inclusives dans le même hôtel soit 50 personnes.  Tu pensais que c’était le début de la haute saison à Cuba…

Côté plage, le sable est à peine plus propre. Ils ratissent le sable mais pas au bord de la mer où sont les déchets plastiques amenés par les vagues… On nous laisse nous installer sur des transats. Deux gars viennent ratisser juste devant nos transats côté nord de mer. Puis ils repartent faire la sieste. Alors ratisser mais vite fait car si le morceau de plastique fait moins de 5cm il passe entre les dents du râteau et donc tu marches encore sur des morceaux de plastiques. Au moins l’eau est très chaude et t’as pied très loin. Faut juste aimer marcher dans les algues.

Il fait soif, tu te pointes au bar de l’hôtel pour acheter des boissons. C’est gratuit, c’est un hôtel all inclusive et avec ta tête de touriste tu passes pour un client. Et bien à la santé de Raùl Castro !

Faut retourner à la guesthouse qui est à 5 bornes.  Seul qui véhicule qui passe, une calèche-autobus.

Ici, pas d’électricité de 8 à 18h quasiment tous les jours. C’est bien, tu te prépares aux futures coupures de courant qu’on aura bientôt en France. En hiver, ce n’est pas grave, tu mettras ta bouffe dehors pour la garder au frais. Mais ici, avec une moyenne de 30 degrés, va garder ta bouffe et tes boissons fraiches.

On avait commandé à dîner dans la guesthouse car il n’y a rien autour. Un énorme poisson grillé chacun avec des rondelles de concombre, rondelles de bananes frites et l’éternel riz.

Aujourd’hui en principe c’est direction playa coco à l’extrémité de la langue de terre. Bon, il pleut par averses mais ça devrait se calmer.

Faut trouver un moyen de transport pour aller à playa coco à 15 bornes. En demandant à droite et à gauche, on tombe sur le cinéma en plein air. Finalement un gars du coin nous amène au propriétaire d’une vieille Chevrolet d’époque pour nous y conduire.
Mais, va savoir comment on va rentrer…
Playa coco, c’est quoi ? Une petite communauté La Boca avec son minuscule phare (ouais, quelques nuages), une vingtaine de baraques en bois sur la plage, 2-3 restaurants plus ou moins ouverts.
Des touristes ? Euh, a part nous, quelques cubains venus avec la glacière et des packs de bières. La plage est dans une anse protégée du vent et du courant donc t’as quasiment pas de déchets plastiques sur la plage. Le problème est l’accès à la mer. Il y a des plaques de rochers plus ou moins coupants dès le bord de l’eau. T’as essayé de t’avancer de 2m mais ça continue et comme ce n’est pas profond, difficile de se baigner à moins de te racler la bedaine.
C’est pas grave, on va se rabattre sur une petit resto avec quelques tables en bois.
La patronne propose de la langouste pour 7 euros. Quand tu vois la taille des queues de langoustes arrivaient, tu te dis que finalement tu resterais bien plus longtemps ici…
Apparemment, c’est le hot spot car de plus en plus de cubains débarquent pour déjeuner. Un couple s’installe pas très loin, lui, Santiags, jeans, chemise à carreaux, chapeau de cowboy, la totale. Elle est russe et ne veut plus quitter Cuba. Première fois que tu vois un couple mixte du même âge.
Ah, animation sur la plage. Qu’est ce qui se passe ? Des ailerons de requin à moins de 4m du bord. Des bestioles qui doivent bien faire les 2 mètres. Ils longent la côte.
Des clients leurs balancent des carcasses de poisson. Même un connard leur balance une canette de bière à moitié pleine. Ben Oui, un requin, ça picole. Et puis, c’est vrai, on est plus à une canette sur le bord de la plage. Apparemment les requins viennent tous les jours ici. Forcément si on les nourrit…
Après le repas, le cowboy a dit qu’il allait nous aider pour trouver un moyen de retour. Lui et sa compagne, cow-boy oblige, sont venus à cheval. Il a une calèche pour transporter les touristes mais depuis le Covid, il y a quasiment personne.
La russe veut se baigner et on rejoint un autre restaurant en bord de mer. C’est là où tu peux te baigner. Ils ont certainement dû péter la roche pour accèder facilement à la mer sans se couper les pieds. Les requins qui étaient 200m plus loin ? Pff, pas dangereux qu’ils disent les locaux. Ça fait des années qu’ils viennent, jamais eu le moindre accident !
Le cow-boy à travers ses contacts nous a trouvé une voiture pour venir nous chercher. C’est pas une vieille Chevrolet mais au moins on aura pas 15 bornes à faire à pattes (au pire, il proposait de monter à
cheval derrière lui et sa compagne).
Le truc un peu usant à force, c’est qu’à l’aller, quand on cherchait un transport, tous les locaux nous donnait un prix en jurant sur la tête de Fidel que c’était l’unique et bon prix. Au retour, grâce au cowboy (qui est un local), on a, à peine, payé plus de la moitié qu’à l’aller. Même le cowboy nous a dit que dans la mentalité cubaine le touriste est la vache à traire. C’est pas grave, mais c’est chiant à force d’être sur la défensive et de devoir demander systématiquement les prix avant.
Dernière soirée ici avant de repartir demain à 4h30 du matin dans le camion tout confort….
La gérante de la guesthouse veut nous faire ce soir du poisson encore meilleure que la langouste du resto. Grosse pression sur elle.

Ricardo, adepte de la langouste