Et oui, encore Trinidad.

T’aimes tellement être réveillé par le boulanger ambulant que t’as décidé de rester deux jours de plus. Côté pain, vous emballez pas. C’est pas de la baguette ou encore moins un bon pain de campagne. C’est pas ici que vous pourrez vous faire une bonne tranche de pain avec un bon fromage, du saucisson et un bon verre de vin rouge (typiquement français, vous direz). Vous pouvez tout trouver mais ça va pas avoir la même saveur. Par contre, c’est langouste à gogo.

A Trinidad, t’as décidé, un jour plage, un jour montagne et ainsi de suite.

Donc aujourd’hui t’as pris un catamaran pour aller sur cayo  iguanas. Tout un programme. Déjà, faut aller la marina qui est à 7 bornes. Les rabatteurs t’attendent de pieds fermes. Même celle qui t’a vendu le ticket pour la sortie en bateau essaye de te prendre pour un lapin de six semaines. Au début elle te disait que le taxi coûtait 10 euros (histoire de vous donner une idée des salaires. Un médecin généraliste est payé environ 30 euros par mois et un spécialiste moins de 70 euros) mais quand elle a vu qu’elle pouvait trouver un taxi pour toi, elle t’a dit que ça pouvait peut-être coûter 15 euros…. Tu t’es écarté du centre, t’as pris une moto taxi pour 1.5 euros.

On est 18 sur le catamaran pour une capacité de 80 personnes. Il y a un groupe d’italiens en all inclusive et des espagnols, t’as hésité à leur parler coupe du monde….
Grand soleil et cette fois, pas de nuages. Et même sur les montagnes de la veille, grand ciel bleu !
Sur le bateau, c’est open bar sans alcool mais une fois qu’on aura fini le snorkeling, le bar passe en mode alcool. Ouais, ils veulent éviter les noyades.
Ils ont mis une traîne. Une heure plus tard, un barracuda. Espérons qu’il sera au buffet de ce midi.
Un stop devant cayo iguanas. Baignade au milieu des coraux encore en bon état, histoire de voir les cousins de ceux que tu manges quasiment chaque soir. Des énormes rougets te regardent.
Ça ouvre l’appétit. Ça tombe bien, un des matelots propose de la langouste pour un supplément de 10 euros.
De retour sur le catamaran, les nuages se sont pointés pendant la baignade. Allez, juste une journée entière plein soleil, c’est possible ? On se pose sur le cayo avec le retour du soleil.
Va savoir si, avec ton pot habituel, les iguanes ne sont pas encore en RTT ou en vadrouille à la Havane. T’as pas fait deux mètres sur la plage, qu’une bestiole est déjà là, à attendre le chaland.
Une terrasse au dessus du sable (oui, pour éviter d’être trop emmerdé par les iguanes), quelques chaises et tables et le buffet nous attend. Va savoir si toute l’île n’est pas au courant que c’est l’heure du déjeuner car il y a un paquet d’iguanes juste à côté de la cuisine. Vu le nombre t’as largement de quoi faire une paire de pompes en 45 et une ceinture assortie. Les plus grandes, queues, comprises, font bien 80 cm de long.

Et t’as aussi une sorte d’énorme ragondin très sympathique mais certainement à moitié aveugle et sans odorat. Quand tu lui files un bout de pain, ce couillon te mordille le doigt plutôt que de prendre le pain.

Mais les plus morfales sont des minuscules piafs. Rien à foutre de toi, c’est tout juste s’ils ne viennent pas taper dans ton assiette. T’es assis en face d’une espagnole qui a peur des oiseaux. En plus, il faut soulever parfois les pieds car certains iguanes arrivent à monter sur la terrasse et traînent sous les tables. Elle n’a pas manger sereinement la pauvre. T’es assis juste à côté du paquet d’iguanes qui attend la popote.
Les bestioles servent de poubelle. Elles attendent avec impatience les restes de paella. Ouais, côté bouffe on a eu le droit à une sorte de paella où tu cherches les morceaux de poissons. Les espagnols ont du mal à s’en remettre, ils hésitent à porter plainte pour utilisation abusive de leur plat national. Le barracuda ? T’as vu les gars le découper en filet mais il n’est jamais venu jusqu’à nous. Tu nourris les sacs à main sur pattes avec du riz. Tous les jours elles voient passer du touriste/paella et malgré ça, elles ont peur de nous. A moins d’un mètre, elles se barrent. Les attraper par la queue, elles aiment pas non plus.
Le gars qui garde le site te dit que le ragondin est délicieux à bouffer mais ici ils les gardent pour les touristes. L’iguane, ça se mange moins.
Puis, quand il y a plus rien à becter, elles repartent dans la verdure jusqu’au prochain arrivage de touristes. Certaines tentent leur chance en venant près des touristes installés sur la plage mais étonnement sans grand succès. Elles font plutôt fuir les Italiennes. Peut-être qu’elles voulaient être sur leurs selfies?

C’est l’heure de retourner avec open bar alcoolisé. C’est sur le match France-Espagne que ça s’est joué. Les italiens ? Des petits joueurs comme au foot. Par contre l’Espagne a largement battu la France aux penaltys mojitos 6-3.

20 minutes en mer, et ils encore choppé deux barracudas.
La canchachara ? Oui on y prend goût !

Aujourd’hui, tu sors en bourrin. Il a intérêt à être docile sinon il finit en lasagnes, le spanghero sur pattes.
Un vieux cowboy, Manuel, arrive en vélo à ta guesthouse. Euh, il est bizarre son cheval. T’es rassuré il a un chapeau et des bottes à éperons. Bon, on va chez lui récupérer les 2 bourrins qui ont l’air en bon état. Ton modèle s’appelle Bandolero.
Manuel a dû refaire la carrosserie car elle a l’air neuve, pas le moindre bobo. Espérons que les freins et la courroie de transmission fonctionnent aussi. Le siège conducteur est assez confortable et t’as les pieds qui touchent les pédales. Manque juste les rétroviseurs. C’est parti pour une balade tranquille dans la campagne juste à côté de Trinidad.
Par contre, il doit y avoir un bug au niveau de la commande d’accélérateur. Il roule au pas et par moment il passe en seconde sans te prévenir. En seconde il trottine et tu réalises que le siège auto est finalement pas si confortable. La bestiole été fournie avec l’auto-pilote. Tous les jours, elle doit faire le même chemin.
Au bout d’une heure la piste s’arrête à un sentier. Toi, tu continues à deux pattes sur un petit sentier pour rejoindre la cascade el pilón. Très peu de pluie depuis plusieurs mois donc la cascade est minimaliste mais il y a une vasque pour se baigner.
un gars a installé un petit stand de boisson. C’est pas ici que tu vas trouver un thé, ou un Coca. Il propose le cocktail de la cascade… Une canchachara dans une noix de coco. Un vieux monsieur pousse la chansonnette accompagnée de sa guitare.

D’autres touristes arrivent, une italienne a battu le record. Lors de la balade à cheval, elle s’est arrêtée pour prendre un café. Elle n’a pas demandé le prix, elle l’a payé 60 fois le prix normal. Médaille d’or pour l’Italie.

Exceptionnellement, le gars ferme à 13h le temps de rentrer de voir le match France-Rosebeef.

Histoire de sortir du quartier touristique, tu t’es pointé place Santa Ana. L’église est dans son jus mais à côté, un petit stand, quelques tables en bois et de très bruyants cubains. Oui, la pinte  de bière est à 30 centimes, ça aide à parler fort. Le patron a une petite TV cathodique pour voir la France éliminer la Brexit team.
Vous savez la signification ?
Non, c’est pas une galerie d’art, ni un magasin de sous vêtements. Dans certains restos, c’est pour différencier les toilettes hommes des femmes !
Quatre jours à Trinidad, c’est quatre jours sur une autre planète. Effectivement le centre historique est piétonnier et sympa, de jolies maisons, la montagne et une superbe plage à quelques kilomètres. Mais où sont les cubains au quotidien ? T’as quasiment pas vu un magasin qui les concerne. C’est pas compliqué, le seul endroit où tu auras vu une file d’attente, c’est devant le San José, le resto le plus réputé de Trinidad. Et ceux qui y faisaient la queue ne sont pas les mêmes que ceux qui font la queue pour un kilo de riz. Trinidad représente certainement l’image (fausse) que t’avais de Cuba, des groupes de musique dans la rue, des plages aux eaux transparentes, une vie qui semble facile…. Ceux qui font le triptyque la Havane, Trinidad et Varadero (THE plage de Cuba, haut lieu du package all inclusive) auront une vision certainement très partielle de Cuba. Trinidad est une sorte de bulle. Voilà, c’était la pensée de la semaine…
Allez byebye Trinidad. Tu pars enquiller trois plages. T’as eu que des retours plutôt négatifs sur les deux premières et la troisième est THE plage de Cuba où le all inclusive est roi (Jean Philippe, c’est pour toi), ça promet !
Ricardo, dans une bulle