Yo,
Direction la rivière Apurimac pour 3 jours de rafting. Apurimac veut dire en Quechua la voix de dieu. T’es avec un couple de péruvien qui vient de Lima. T’es donc le seul à ramer en espagnol, ça va être compliqué. Première fois que tu voyages avec des péruviens, en tout cas eux sont des stars. Quand elle veut une photo, elle sort même pas du minibus, c’est le guide qui sort de la caisse pour aller la faire pour elle. Elle a aussi demandé à mettre sa propre musique dans la caisse puis elle tend la main pour avoir un chocolat à grignoter. Respect.
On roule plusieurs heures direction le sud de Cusco. Sur map.me t’as l’impression que c’est une vrai route mais non c’est une piste. On traverse plusieurs vallées remplie d’eucalyptus, de petits villages perdus, totalement dans leur jus. Ça change complètement d’Agua Caliente. Rien que le paysage sur le trajet est déjà sympa.
Merde, dans un tournant, un arbre bloque la piste. A peine la caisse arrêtée, des paysans sortent de chaque côté de la route avec des machettes. Ils ont pas l’air d’être là pour prendre le thé. Le braquage au milieu de nulle part à moins qu’ils veuillent kidnapper la star. Si c’est ça, c’est cadeau et de bon cœur. Gros coups de machette dans les pneus. C’est sûr, on va rester plus longtemps que prévu ici.
Allez, on arrête les bobards, c’est juste un paysan qu’à merdé avec sa tronçonneuse, résultat le tronc est au milieu de la route.
Passé le col à 4000m la piste descend dans le canyon Apurimac à 2500m. A écouter les gars dans la bagnole, c’est le canyon le plus profond du monde. Trop fort au Pérou, ils ont 3 canyons, chacun est le plus profond du monde.

Côté organisation, on a une mule aquatique, c’est le  raft qui transporte l’équipement pour les 3 jours, un autre pour nous et un kayak pour la sécurité en cas où quelqu’un tombe à l’eau. Mouais, c’est du class III+, ça devrait aller côté dangereux. Mais bon, on a une star à protéger.
A peine arriver au bord de la rivière, la star a sorti son paréo et se fait bronzer sur la rive. Toi, t’aides comme tu peux les autres à préparer les rafts.
Une fois engagé dans la rivière, y aura plus de sortie avant 3 jours. Avant de partir, on fait une offrande à la Pachamama. Chacun prend 3 feuilles de coca, souffle dessus et les jette dans la rivière. Nous voilà parti pour 2h de descente.
La rivière est bordée de gros blocs de granit gris noir assez impressionnants, c’est la partie ‘black canyon’. On passe sous des vieux ponts en ruine soit disant de l’époque coloniale et Inca. On a vraiment l’impression d’être seul au monde.
Côté purement rafting, c’est super pépère, même tous les baltringues parisiens que tu connais pourraient venir. Seuls points noirs mais prévisible, l’eau est glaciale même avec la combinaison en néoprène. Sans compter les saloperies de sandflys qui t’agressent à peine le pied posé au sol et qui ont en quasiment rien à foutre de ton anti-moustique. Et leurs piqûres démangent horriblement. Déjà une dizaine sur chaque bras dès le premier soir.
On a du passer 2-3 ersatz de rapides et on s’arrête déjà. Mouais, les 2h prévues se sont transformées en à peine 1h de rafting.
On monte le camp sur un banc de sable entouré de bambous en léger surplomb de la rivière. Personne à part nous, ça change complètement du Salkantay. Alors quand tu dis, on monte le camp, tu veux dire que le 2 autres sont allés se faire bronzer 30 secondes après avoir posé le pied sur le sable et toi t’as aidé les 3 guides à tout sortir. C’est le guide qui leur monte la tente et même leur gonfle leur matelas pour dormir. Manque plus que la berceuse.
Puis, tu comprends pourquoi t’as payé aussi cher : On nous apporte des bières fraîches, t’as une vrai table avec des fauteuils pliants et pas de vulgaires tabourets. Les gars préparent le cocktail péruvien Pisco sour et en plus t’as du vin le soir. Côté vin, le péruvien est un peu râpeux.
Le guide t’avait dit qu’il allait faire froid donc t’as même le droit à une couverture. Ahah, il a jamais du aller en montagne. 20h, les pieds dans le sable dehors sans grelotter, ça fait une paille que t’as pas vécu ça.
Seul vraiment truc qui fait chier, ils font que parler en espagnol même s’ils parlent anglais donc tu te sens un peu tout seul.
Petit déjeuner délirant au milieu de nulle part. Jus d’orange fraîchement pressé, 3 sortes de céréales, miel, différents yaourts et fruits, pain grillé, œufs brouillés.
Et t’as aussi la tente…toilette. Waouh. Et pas un vulgaire trou dans le sable, une vraie cuvette avec un sac poubelle pour pas que tout parte dans le sable, une poudre pour recouvrir ce que ton estomac a décidé de ne pas garder, le produit pour se désinfecter les mains. Tout, il y a tout. Tu t’installes, tu fais ce que t’as à faire et, rappel, il y a tout sauf le…PQ.. Et ouais, t’as atteint la limite du luxe.  n pauvre kleenex dans ta poche te sauvera de la déchéance totale. T’attends de voir si les autres se font aussi piéger mais une star se trimbale toujours avec son paquet de lingettes.
Waouh, ce matin le guide range même le sac de couchage dans son sac pour les autres. Euh, ils vont pisser tout seul ou le guide les accompagne ? Démonter leur tente, ahah, la bonne blague.
Mais à chaque fois ils demandent aux guides s’ils ont fait la photo, s’ils les ont filmé… Ils doivent avoir une chaîne YouTube qui s’appelle, euh, oui c’est ça, ‘StarEnCarton’
Vu le merdier qu’on transporte et qu’en plus il faut ranger les affaires des stars, on a mis du temps à se mettre à l’eau. Les flancs des montagnes sont couverts d’agave, le cactus à tequila, tout est très sec. Dans quelques mois, tout va redevenir vert, la rivière va monter de plusieurs mètres et charrier des tonnes de boue, impossible à rafter. On croise pas un chat mais quelques canards qui n’imaginaient pas être dérangés jusqu’ici et même des petites loutres. Sur les ‘plages’ de sable, tu peux voir des empreintes de gros chats. Il y aurait des pumas dans le coin qui se pointeraient pour picoler à la rivière mais alors pour tomber dessus pile au bon moment, bonne chance.
Les canadiens ont déversé il y a très longtemps des truites dans la rivière qui ont bouffé les autres poiscailles. Chap, tu viens quand faire une hécatombe truitesque?
On a passé un petit rapide un peu sport sinon c’est de la descente tranquille, paisible. Déjeuner sur un banc de sable, tu peux même pas enlever ta combinaison sinon t’es bouffé par les sandflys, ouais c’est pas tous les jours qu’un repas français leur est servi à domicile. Si t’es en manches courtes et short, ça peut être mortel
Tiens, la star s’extasie devant des têtards.

Deuxième camp infesté de sandflys. Un des guides refusent de mettre de l’anti moustiques, sa tronche est boursouflée de partout. Pour une fois qu’il fait super beau t’es obligé d’être en pantalon et veste gore Tex pour limiter l’agression. Tu vas vite t’apercevoir qu’il faut être recouvert entièrement d’anti-moustiques. T’es piqué sous le bracelet montre, sur les phalanges, derrière les oreilles, dans le cou, sur les joues, ouais le moindre millimètre de peau sans protection et t’y as le droit. Vu tous tes boutons rouges tu te demandes si t’as pas choppé la rubéole..

Le soir, loin de toute pollution lumineuse, t’as un ciel aussi étoilé que dans le désert. Par contre faut surtout pas allumer la moindre lumière blanche, des centaines de moucherons se jettent dessus. Oui, ici la nature est généreuse.

Dernière matinée de rafting, les stars mettent plus de 2h pour se préparer. En attendant, t’es déjà en combi plus une veste manches longues pour limiter l’agression. Côté rafting c’est la partie la plus ‘shake your body’ et faut  reconnaître que sur le raft la start joue le jeu et pagaie bien malgré son petit gabarit. C’est la fin, pas une personne tombée à la flotte, pas un retournement du raft, quedchi.

Apparemment ces saletés de bestioles savent où on débarque car on est attendu par des centaines impatientes et voraces.

T’as un truc à voir assez atypique dans un village pas très loin mais manque de pot. Tu fois retourner sur Cuzco. Dans le cas où un jour vous passez dans le coin : le village, Cotabambas, organise pour le jour de l’indépendance (demain) une fête particulière. Il choppe un condor. Alors déjà, comment chopper un condor car c’est pas un vulgaire pigeon parisien? Déjà, tu commences par dégommer un lama. Jusque là, ça paraît jouable. Ensuite les gars baignent la viande longuement dans l’alcool local, le canazo. Ils foutent le cadavre en évidence, se cachent sous des ponchos et attendent. T’as un piaf, Maurice qu’il s’appelle, qui tourne dans le ciel et qui voit le cadavre du lama. Il se dit waouh, qu’elle aubaine. Faut foncer avant que Gérard le pique. Oui, Gérard c’est un autre piaf qui traîne ses plumes dans le même coin. Maurice se pose et commence à taper dans la viande. Il doit lui trouver un drôle de goût mais il fait pas tous les jours ripailles. Et plus il mange et plus il commence à voir des lamas roses (ouais, il a jamais vu un éléphant). Puis, il ricane tout seul, commence à secouer ses plumes et se met à chanter ‘I believe I can swim’… Au bout d’un moment les mecs se pointent avec un alcootest et pan, il perd son permis de voler. La version plus réaliste, c’est que piaf est entamé par l’alcool et les gars lui jettent un poncho dessus pour l’empêcher de s’envoler. Le soir de la fête ils attachent Maurice sur le dos de Robert, un taureau qu’ils vont faire courir. Puis ils relâchent Maurice. Si Maurice arrive à s’envoler et retourner dans ses pénates c’est que l’année sera bonne, s’il se vautre lamentablement (entre l’alcool et la balade forcée sur le taureau, pas sûr que toutes ses plumes soient en place) c’est que c’est une année qui pue.

Vu que chez nous, les pétards sont devenus interdits pour le 14 juillet, on pourrait imaginer la même chose à Paris en l’adaptant un peu. Qu’est-ce qui pullule à Paris? Les lamas et les condors ? Ça à être un peu compliqué. Donc, on choppe un rat et on lui fout un pigeon dessus et on les fait descendre les champs Élysées entre 2 bataillons de mecs en kaki. Puis, si le pigeon libéré arrive à retourner chier sur la place du Chatelet, ça veut dire qu’on aura une année sans bouchons, ni pollution ni cons à Paris. C’est pas gagné.

Quel futur maire de Paris va proposer cette idée dans son programme ? Histoire de voter enfin pour un politicard qui propose des choses sérieuses et concrètes !

Ricardo, bouffé de partout
Ricardo, futur 1er adjoint au maire