Yo,
Après tes désillusions à Sorata et beaucoup d’erreurs de transport de ta pomme (ouais, imagines que tu veux acheter un billet Paris-Nice et qu’à l’aéroport on te dit que t’as acheté un Lyon-Nantes, ouais ça surprend).
T’es finalement arrivé à Sucre, qui comme tout le monde le sait porte ce nom car c’est la capitale mondiale de la betterave.
T’insistes pas sur sa grande place centrale ombragée remplie d’arbres, ses églises, ses petites rues. T’as croisé Edward au mains d’argent qui sévissait sur les haies de la place.  T’as aussi vu la tour Eiffel locale, ouais, ouais, la tour Eiffel. Manque plus qu’un coup de peinture et les chinois et japonais vont débarquer par wagons. Il paraît même que Gustave va passer prochainement pour l’inauguration.
T’as décidé de cocher la case ‘culturelle’ en allant à la ‘casa de la libertad’ où a été signée la déclaration d’indépendance de la Bolivie. Pour plus de détail voir avec Franky wiki.
Alors, si vous aimez les tissus, il faut aller au musée des arts indigènes. Il faut 8h de taff pour tisser 1,5 cm. Il faut 4 mois pour tisser ces pièces et une coûte en moyenne la moitié du prix d’une semaine de guide truand. Ouais maintenant, ta monnaie est le ‘guide-truand’.
Autant à La Paz, le marché central était le pire que t’avais jamais vu, stands modernes, les 3/4 fermés, aucune vie, autant de celui de sucre est beaucoup plus sympa. T’as des lignes de gâteaux à la crème avec un léger doute sur la chaîne du froid. T’as le coin museau de vache, le rayon mixeur où les dames t’attendent pour te faire des jus de fruit frais. A ce propos, vous connaissez le fruit tumbo? Ca ressemble légèrement à une petite banane mais à l’intérieur on dirait le fruit de la passion.

T’es passé à l’office du tourisme pour des infos sur les bus, la buse t’a même pas dit qu’il y avait ce jour un mini festival avec différentes communautés en tenue traditionnelle. C’est par hasard que t’es tombé dessus, à la fin.

T’es allé aussi au cimetière. Beaucoup de grands arbres un peu comme au père Lachaise. Des grands mausolées avec colonnes pour les nantis et pour les autres c’est plutôt côté HLM. Il faut imaginer un très long mur avec des sortes de ‘fenêtre’ pour chaque famille. Derrière chaque vitre, des fleurs, des objets, parfois des petites bouteilles d’alcool (peut-être un mort dune cirrhose du foie). Pour les enfants, des poupées, des jouets, des peluches. C’est très particulier.

Suite à la frustration de Mapiri, t’as décidé d’enquiller un trek dans la Cordillère de los Frailes dans les communautés Jal’Qa mais sans guide. 33 bornes, une ballade. L’objectif est d’aller dans le cratère de Maragua. Quand tu lis les commentaires sur internet, c’est pas super motivant, mais on verra. Lever à 5h45 pour chopper un trufi (ouais en Bolivie on dit pas collectivo pour un minibus mais un trufi) pour t’emmener au point de départ. En 3 mois d’Amérique du sud, c’est la première fois qu’on essaye de t’entuber sur un prix d’un minibus (sur les taxis, n’en parlons pas, t’as quasiment toujours le droit au léger surplus ‘gringo’). La première partie du chemin en descente est pré incas, traduction, tu marches sur des grandes pierres qui forment le chemin. Pas un chat sur le chemin, voir un lama.

Arrivé au niveau de la rivière, t’as 2 possibilités, longer la rivière et puis trouver le chemin qui monte vers Maragua, ta première étape, ou prendre la piste. Tous ceux qui ont pris l’option rivière ont souvent galéré pour trouver ensuite le chemin. Toi t’as un paquet de chemin à faire donc tu peux pas trop déconner en terme de timing donc tu prends la piste en te disant qu’en plus tu seras en hauteur pour la vue. Point positif, on est pas enmerdé par les bagnoles. Points négatifs, y en a une palanquée : Finalement la vue que dal, la piste poussiéreuse fait des tours et des tours sans fin et tu découvres que c’est pas une piste mais une autoroute Vinci. Ouais, tu marches et voilà t’y pas qu’une gamine sort d’une cahute en te montrant un ticket. C’est le péage.

Ticket péage Vinci Bolivie

Bon, ok. 30 minutes de marche plus tard, 2ème péage, la piste est coupée par une chaîne, 2 mamies veillent farouchement et le prix est le double. Ok, c’est pas ça qui va te ruiner et c’est pas un problème pour aider les communautés locales mais si t’es ponctionné toutes les 30 minutes de marche. Et puis, t’as même pas un Autogrill, une aire de repos voir même une petite boutique, rien de rien, ils sont où les investissements d’infrastructures ?

T’arrives au fameux cratère de Maragua. Le village est assez grand, mais il doit y avoir 10 habitants max en incluant les 2 gardes barrières. T’as l’impression d’être dans un village fantôme, même pas une petite tienda pour acheter de la flotte. Ceux qui viennent avec des agences passent la nuit ici. Il est que 11h30. Alors le fameux cratère qui n’en est pas un. Le village est entouré de montagnes en forme de vagues comme à Toto Toro. Sauf qu’ici elles sont de la même couleur que les autres montagnes donc ca pique pas vraiment les yeux. Si t’as vu Toro Toro, mouais.

Allez cassos, direction le village de Potolo qui est quand même à 17 bornes. Il faut sortir de ce cratère par une piste mais sans péage, Vinci n’a pas encore racheté les droits. Une fois passé de l’autre côté, plus de piste, enfin du chemin mais très peu visible. Même avec maps.me t’en as chié. Tu réalises que si ton téléphone est mort, jamais tu trouves le chemin. Comme à Toro Toro, t’as un coin avec des empreintes de dinosaures. Après plusieurs aller retour, t’arrives à passer du côté de l’autre vallée. Et là, changement complet d’ambiance et de couleur. Du bordeaux et du gris. La terre est rouge foncée, bordeaux voir couleur betterave (rappelez vous, la capitale de la betterave, c’est grâce à la terre que la betterave est rouge. N’allez pas raconter des conneries pareilles à des enfants).
Le gris, c’est pour le ciel. Le gris des nuages remplis de pluie qui arrivent droit sur toi. La pluie, ca rafraîchit toujours. Tu traverses encore une communauté quasi fantôme et tu descends enfin en direction de Potolo où tu sais qu’il y a un hébergement communal. 15h30, t’es à moins d’un kilomètre du village quand tu vois un trufi arriver en sens inverse. Merde, gros dilemme. Soit tu le prends pour retourner sur Sucre mais t’auras pas vu le village, soit tu continues mais s’il y a plus de bus après, t’es coincé à ghost pueblo.
Le choix est assez rapide. Vu l’activité trépidante des autres villages traversés, t’as sauté dans le minibus. Les locaux dans le bus se demandent d’où débarque le gringo à moitié mort. Ouais, t’es à court de flotte, t’as quasiment rien mangé et tu sens plus tes genoux. 33 bornes en montagne en 7h ça laisse des traces.
Sinon l’office du tourisme a nommé ce circuit le chemin du tissage et de la paléontologie. Euh, il devrait venir faire un tour dans les différents bleds et le renommé le chemin de Casper.
Ricardo, tout sucre et miel

four à socca local…