Direction la ville de Potosi à plus de 4000m.
La ville est au pied du mont Rico, véritable labyrinthe de mines encore en activité. Il y a plus de 49 coopératives de mineurs qui essayent d’y survivre. Le mineur, t’en as rencontré un à Sorata, mauvais souvenir.
La principale ‘attraction touristique’ du coin est la visite d’une de ces mines.
Alors, beaucoup de blablas sur internet, en particulier par les bien pensants qui s’emmerdent le dimanche après midi, vautrés sur leur canapé et qui cherchent des sujets à polémique. Faut il aller dans les mines, est ce du voyeurisme ? Histoire de mettre ton grain de sel : Une partie, c’est vrai très petite, de ton entrée est reversée à la coopérative. Tu y vas avec un ancien mineur qui, t’imagines, saura respecter ceux qui y travaillent actuellement. T’apportes quelques petits cadeaux aux mineurs, sac de coca, boisson… Donc faut pas aller non plus dans le volcan Kawah Ijen en Indonésie ? Faut pas aller voir les centres d’artisanat où par exemple les dames démontrent leur talent de tissage?
Et puis, faut arrêter les conneries, tu vas au resto, le serveur il fait quoi ? Il bosse. Va trouver, un resto où tu demandes à déjeuner sans que le serveur ou le cuistot bosse. Ouais, reste sur ton canapé, fout un surgelé Findus au micro onde et profite de ton canapé sans voir personne bosser. Pareil, prochaine fois que tu prends un taxi, tu fermes les yeux pour pas voir le chauffeur conduire.

Fini la polémique, retournons à Potosi. En arrivant par bus, vue de dessus la ville semble moche mais en fait le centre ville est assez sympa avec plusieurs rues piétonnes, des petites places et bien sûr ces églises.  Sur la place principale la circulation est gérée par des tigres. Et ici, la sortie du pot d’échappement des bus est à 2m de haut, c’est beaucoup plus sympa pour les piétons pour profiter de l’air pur en altitude.

T’as retrouvé dans ta chambre un objet que t’avais pas vu depuis 1,5 ans. Du savon ? Un pot de chambre? Une strip-teaseuse ? Non, un radiateur d’appoint.
Bien sûr, t’es allé dans une mine. Oula, certains ont du avoir mal à leurs escarres. Faut que reconnaître que vu le faible prix que t’as payé, tu te demandes combien va revenir à la coopérative.
Tu commences par t’habiller en mineur pour pas trop te dégueulasser et t’as le droit au casque et la lampe frontale. Ensuite tu vas dans une rue où les mineurs achètent leur matériel. On a pas l’air con, les touristes avec notre tenue et notre casque en pleine rue. Chaque mineur doit venir avec son propre matériel, bâtons de dynamite compris. Oui c’est le seul endroit où la dynamite est en vente libre dans la rue. 2,5 euros le bâton, la mèche, l’amorce et un sac de petites billes de pétrole qui démultiplient l’effet de l’explosion. Tu sais maintenant où se fournissent les corses lors de leur soirée feux d’artifices. Le plus dangereux, l’amorce, plus d’un mineur y aller ses doigts.
Le mineurs picolent aussi pour tenir le coup. C’est un alcool à base de cane à sucre. Du 50°? Ahah, ça c’est dans le biberon. 70°? C’est quand les poils commencent à pousser. Non, dans les mines, ils picolent au 96°.  Va savoir si c’est la mine ou l’alcool qui les tue jeune.
On a acheté des sacs de coca et des bouteilles de soda pour les mineurs qu’on va rencontrer.

Alors voila comment ça marche grande ligne. T’as environ 10.000 mineurs pour les 450 mines. Ils bossent dur du mardi au vendredi. Le samedi c’est repos et ils attendent avec impatience de savoir ce que le minerais (argent, plomb, zinc) sorti va leur rapporter. Le dimanche c’est le jour du partage du pognon et le lundi pour les jeunes c’est football et les anciens vont bosser ou buller. Toi, t’y étais un lundi, effectivement t’as pas vu grand monde dans la mine que t’as visité. Que des feignasses ces mineurs…

Finalement on arrive devant l’entrée d’une des mines. En plus du guide il y a un espagnol et un couple de mexicains. Le guide demande à la mexicaine si elle est sportive. Elle fait du semi, elle nage 2 fois par semaine, une tueuse. Son mari, lui, descend dans la mine avec un sac à dos. Dés l’entrée ça descend en chute libre dans un boyau. Apparemment, nager 2 fois par semaine n’est pas suffisant pour descendre dans une mine. Un mineur qui voulait descendre a du aider miss nachos qui paniquait. Il y a des galeries qui partent dans tous les sens, un véritable labyrinthe. T’avances à la lueur de ta frontale. Parfois des monceaux de pierre sont retenus par quelques planches de bois, faut juste avoir confiance. Les boyaux sont parfois très étroits et tu dois récupérer le sac à dos du mexicain qui n’arrive pas à se faufiler avec. Sans déconner, venir dans une mine avec un sac a dos, et pourquoi pas aussi avec une valise en carton. On a des masques en papier pour se protéger de la poussière qui nous recouvre.

Le guide nous emmène voir les quelques mineurs qui bossent ce jour et vraiment on ne se sent pas malvenu. Certains font une pause et veulent parler football, donc pour le côté voyeur. On t’a demandé qui est le numéro 10 de l’équipe de France. Euh.. Platini? A chaque fois, on leur donne une bouteille de soda et un paquet de feuilles de coca. Une fois descendu dans la mine, leur seul nourriture est la coca. Ils ont une joue déformée par la boule de coca qui leur fourni l’énergie pour bosser. Un des mineurs a commencé à bosser dans la mine à  l’âge de 13 ans.
Boum, boum, des vibrations. Quelque part un mineur a fait pété de la dynamite.

Chaque mine a son/ses tios, son dieu. Attention c’est la minute linguistique à dix balles. En Quechua le ‘D’ n’existe pas, donc Dios est devenu tios. Dans cette mine, ils pullulent. Les mineurs font des offrandes en particulier des feuilles de coca et des petites bouteilles d’alcool vides (ouais faut pas déconner). Vous verrez que sur une des photos, un des tios est plutôt gâté par la nature, c’est le côté macho, les femmes n’ont pas le droit de trimer dans la mine.

La Johnny Weissmuller mexicaine dit qu’elle est plus trop capable de crapahuter dans la mine donc elle aimerait bien en sortir. Donc nous voilà dehors, les yeux explosés par le soleil, tellement sale que le chauffeur du minibus nous a donné un coup de balayette avant de nous laisser monter.
Ricardo, escarres allergique

Chien à dreadlocks direct de Jamaïque