Bon t’étais pas motivé pour te balader côté israélien, mais il faut quand même aller voir la fameuse mer morte. Mais avant de partir, t’achètes du compeed, tes sandales t’ont ouvert les pieds et t’as lu que l’eau est tellement salée dans la mer morte qu’une simple égratignure et tu hurles de douleur. Alors avec tes pieds déchirés, c’est même pas la peine d’y aller… Un peu le merdier pour sortir de Jérusalem mais finalement, c’est bon tu es dans la bonne direction. A quelques kilomètres de Jérusalem, sur le bord de la route désertique des camps de bédouins. Ils vivent dans des camps où les maisons (si on peut appeler ça des maisons,) sont en tôle ondulée et vu la chaleur… Ils ont quelques chèvres et moutons mais pas un brin d’herbe à l’horizon.

Les israéliens considèrent qu’ils ont pas le droit de s’installer (alors qu’eux ne se gênent pas avec leurs colonies) et parfois viennent avec des bulldozers pour tout détruire. Du coup, sur les zones de repos ou dans les stations essences, un bédouin t’attend avec son chameau pour te faire faire un petit tour sur sa bestiole. Et ça marche avec les touristes (oui, car la mer morte fait partie du tour de base et les bus défilent).

Balade en fin de matinée et comme un con tu te coupes légèrement le doigt sur un rocher. Qui c’est qui va crier en allant se baigner?  Alors la mer morte, on est à moins 200 m sous le niveau de la mer. Tu t’arrêtes à la plage Ein Geidi, si on peut appeler ça une plage publique. C’est pas là que tu passerais une semaine mais bon, t’es là pour essayer. Tu vérifies que tous tes pansements sont bien mis. Une pancarte indique tout ce qu’il ne faut pas faire, bien sûr mettre la tête sous l’eau, boire de l’eau, éclabousser tes voisins… Sur le bord du rivage, d’énormes morceaux de sel. Ambiance. Tu rentres lentement dans l’eau, dès que ta main rentre dans l’eau qui est un peu visqueuse, tu sens l’agression sur la coupure. Et tu t’assois finalement dans l’eau, oui c’est un truc de fou. Tu flottes vraiment, t’essayes de t’enfoncer mais tu rebondis. Scotché le Ricardo. Tu peux lire un bouquin dans l’eau sans problème. Tu comprends comment il a fait Jésus pour marcher sur l’eau, pas compliqué.

L’eau est 30 fois plus salée qu’en Méditerranée. T’as un gars qui merde et met la tête dans l’eau, grosse panique, on l’aide à ressortir et dans la panique, pour se nettoyer il reprend de l’eau dans ses mains pour en mettre sur son visage.

Fin d’après-midi, tu rejoins une guesthouse au pied de la forteresse/montagne Massada. Il y a une piscine, tu penses te détendre. Impossible, un groupe de 20 israéliens foutent le bordel. Insupportable. Le ‘maitre-nageur’ ne dit rien. Le lendemain, les israéliens ne seront pas là, il y aura un groupe d’anglais qui feront pas le dixième du bordel de la veille et le maitre-nageur intervient tout de suite, no comment.

Lendemain matin, lever à 4h du mat pour faire l’ascension de Massada et y être pour le lever du soleil. A chaque fois que tu as fait ce genre de truc pour te retrouver au lever du soleil, t’y trouves aucun intérêt…mais bon. Après 8h ils ne permettent plus de faire l’ascension à pied, il fait trop chaud. Oui à 8h00 du mat, il fait déjà 35 degrés. Il y a qqs individuels mais surtout des groupes d’israéliennes. Tu pars devant, au plus vite pour espérer un peu de tranquillité là-haut avant que tous les jeunes israéliens arrivent. Effectivement tu arrives en haut 2ème mais il y a un autre point de départ de l’ascension de l’autre côté de la montagne et le chemin est plus court. Des flots de lycéens israéliens arrivent. T’auras eu 30 secondes de tranquillité. Comme prévu, pas top le lever du soleil. Tu redescends avant l’ouverture du téléphérique (oui il y aussi un téléphérique pour les grosses mamas russes qui vont arriver).

Nouvelle petite baignade mais à Ein Bodek. C’est la ville balnéaire par excellence, que des grands hôtels avec leurs plages privées, des dizaines de bus et même Mc Do. Dernière baignade, car les pansements ne tiennent plus trop et c’est limite.

T’as décidé de descendre dans le sud, dans le désert du Neguev pour voir une sorte de canyon au bord de la ville de Mizpe Ramon. Mouais. 2H30 de bagnole pour voir ça. Mouais. Mouais. Bon, on se casse, on remonte sur la mer morte et on verra ce que tu fais pour le dernier jour de location de bagnole.

Bon, t’as décidé que pour le dernier jour, tu montais dans le nord, histoire de voir le lac de Tibériade et si possible d’aller côté nord-ouest à Acre pour voir la fameuse citadelle des templiers. Quand tu quittes les bords de la mer morte, tu passes par un checkpoint. Contrôle du passeport, on te demande où tu vas, on te demande si tu as une arme. Tu leur dis que tu as un petit couteau dans ton sac qui est dans le coffre de la bagnole. La minette regarde à nouveau ton passeport et plus particulièrement le tampon de la Libye. Suspicieux un gars qui est allé en Libye et qui transporte un couteau. Allez, ranges-toi sur le côté, t’es bon pour la totale. Alors, on te demande d’ouvrir toutes les portières, le coffre, le capot avant. Tu passes tes sacs dans un détecteur comme dans les aéroports. Et ils font venir un chien pour renifler dans ta bagnole. Il ne cherche pas de la drogue, non, des armes ou explosifs. T’avais un fruit sec sur le siège, il l’a même pas bouffé ! Putain, on peut même pas corrompre un chien avec de la bouffe ici.

Acre est une forteresse au bord de la mer. Tu peux te balader dans la vielle ville faite de rues piétonnes. Ici tout reste authentique, très peu de boutiques pour touristes. T’es au bord de la mer, il y a plein de poisson sur les étals et t’es pas foutu de trouver un resto de poisson qui soit pas pour les groupes de touristes. Putain, être à 3 mètres de la mer et se rabattre sur un chawarma et des falalels, ça fait chier.

Retour sur Jérusalem pour laisser la bagnole puis bus pour Ramallah pour revenir dans la réalité palestinienne.

Ricardo, l’homme qui marche sur l’eau