Salut, je me suis gouré pour l’heure de la prière, l’appel commence à 4h du mat jusqu’à 5h. Impossible de dormir. Au moins avec nos curetons, ils font sonner les cloches 10 secondes et c’est terminé. Je sais pas ce qu’il racontait le gars en haut de son minaret mais il en voulait !! Enfin bon…

Bon, j’ai plein de choses à vous raconter.

On est parti en convoi de bagnoles accompagné de camionnettes remplies de militaires pour aller en territoire bédouin à Mareb. Dés que tu sors de Sanaa, tous les mecs sont armés (même les gamins de 12 ans), je ne parle pas de la djambia, je parle de kalashnikov et autres engins du genre. La tenue officielle : La djambia pour la tradition, le kalash pour épater les filles… et le téléphone portable pour la modernité…il fonctionne même en plein désert.

Alors le convoi, ce qui est étonnant, c’est que c’est notre bagnole qui a ouvert la marche et de temps en temps les militaires nous dépassent. Dés qu’on passe dans une partie du désert, check point. On file une photocopie (on en a 40 exemplaires) du permis mais en fait, les flics ne savent pas tous lire et quand ils posent une question, mon chauffeur leur dit que c’est écrit sur le papier et il se barre et le flic reste comme un con…. A la fin, j’ai pas compris pourquoi, mais j’ai eu le droit à un service VIP, un militaire est monté avec nous dans la bagnole. Arrivé à Mareb, le chauffeur m’a laissé dans un hall d’hôtel pendant qu’il partait régler certaines affaires. Et là tu te retrouves seul avec 5-6 mecs armés et t’attends. Il y a un gars qui baragouinait l’anglais, il s’occupe de la sécurité mais c’est le seul qui n’est pas armé dans le groupe. Va comprendre… Le chauffeur revient et veut qu’on reparte mais hors de question. Pendant tout le trajet dans la ville on est accompagné par une bagnole bourrée de flics. Dés qu’on s’arrêtait pour aller voir des ruines, un flic me suivait. Je vous dis, VIP au Yémen. A un certain endroit les flics nous laissent et c’est un bédouin qui est maintenant responsable de ma sécurité. C’est lui qui va nous faire traverser le désert.

Avant de vous raconter la nuit rocambolesque dans le désert, 2-3 petites choses : Quand j’ai attendu seul à l’hôtel, un bédouin est venu me donner sa carte de visite en me faisant comprendre que je pouvais l’appeler si j’avais besoin d’un service, sur sa carte, il propose la sécurité du pétrole, des points d’eau, des gens. Donc pas de problèmes si vous voulez venir, j’ai des bons plans…

Alors, j’ai essayé le Qat : Ce sont des feuilles que tu mâchouilles et que tu coinces dans le fond de ta joue. C’est très amer. Au début j’ai voulu recracher mais bon ça se fait pas ici alors…Après tu t’y habitues. Les effets, bof, peut-être un peu plus zen. J’ai pas essayé le meilleur, j’ai pris celui pour les débutants… ça me parait chaud d’en ramener en France pour vous faire essayer. Ici, à partir de 3h de l’après midi, tout le monde qat.

Les flics qui nous suivaient à Mareb et n’ayant pas vu que je qatais, ont demandé au chauffeur pourquoi. Une fois qu’ils ont vu, j’étais adoubé.

Ici ce sont bientôt les élections, il y a des affiches partout. Les militaires qui sont payés par un gouvernement véreux (dixit le chauffeur) arrachent les affiches des autres candidats posées sur les voitures…

Alors, on a bivouaqué dans le désert à 100m d’un groupe d’espagnol (il n’y a que des espagnols…)

Eux, équipés de tentes, nous juste un matelas à la belle étoile. Un pressentiment que le chauffeur allait ronfler, je me suis installé à 50m, Alors, le matelas de mousse, le sac de couchage grand ouvert car on crève de chaud. Coucher à 20h (et oui pas de lumière, je me suis gouré dans les piles…). Impossible de dormir, effet secondaire du qat…

l y a un léger vent, juste assez pour te rafraîchir. Puis le vent se lève, juste assez pour prendre du sable plein la gueule. Qu’est-ce que tu fais, tu prends ton sac à dos et tu le mets entre ta tête et le sens du vent… Puis le vent s’arrête, et là tu entends quoi ? Un moustique, en plein milieu du désert. Ok, tu sors dans le noir ta bombe anti moustique. 1 heure plus tard, t’entends au loin le tonnerre. Mais non, il ne pleut pas dans le désert, ça me ferait bien mal. 1 heure après (oui je dormais toujours pas), quelques gouttes puis grosses gouttes. Donc tu décampes et tu ramènes tes affaires au sec dans la bagnole. On s’arrange avec le chauffeur pour trouver une place mais on crève de chaud et ça sent l’essence dans la bagnole. La pluie s’arrête, le chauffeur ronfle…zen restons zen. Le chauffeur se réveille à cause de la chaleur et tu te réinstalles dehors. Véridique, 5 minutes après, la pluie à nouveau. Le chauffeur a gueulé en arabe je ne sais quoi… Moi, refus de retourner dans la caisse. Je sors ma cape de pluie que j’ étale pour me protéger au maximum mais si tu caches la tête pour pas recevoir la pluie, tu crèves de chaud sous la cape. En conclusion, j’ai bien dû dormir 2 heures. Sacré bivouac….

Traversée du désert, dès 8h du mat ça cogne pas possible, je vous passe l’enlisement dans les dunes.

Je suis à 6 litres d’eau par jour.

On a de la musique dans la bagnole : Musique locale et musique française avec Aicha de Khaled, la culture française s’exporte.

Question bouffe, il y a du riz, des légumes, du poisson, de la viande (j’ai essayé le chameau), tout comme en France, par contre pas de couverts, au mieux une cuillère.

Je vous écris de Seyun, une ville dans l’Hadramaout, ici c’est plus zen, pas de kalachnikov, pas de djambia. Tu te ballades seul dans les souks, les gens te regardent un peu mais très cool et dès qu’ils savent que tu es Français (c’est la première question) ils te souhaitent la bienvenue. Faut surtout pas être Américain. Cet après-midi visite de la Manhattan du désert.

Dans le cybercafé, il y a plein de gens qui utilisent Messenger, comme quoi même au bout du monde…

Ila el lika