Et oui, pour ceux qui suivent depuis longtemps tes galères, t’as la chance de croiser des boulets lors de tes treks…mais celui-là, tu ne t’y attendais pas.

Donc, te voila parti dans la région de Simbu pour finalement faire l’ascension du mont Wilhem, 4509m, ce qui n’était pas prévu.

T’es dans un petit village, Kerowagi et tu as un guide de confiance, un des rares papous déjà venu en France (il est stupéfait qu’il ne faut pas acheter de femmes en France…).

Tu mets au point un programme d’une semaine de marche. Plutôt que de trimballer tout le merdier qu’est dans ton sac, tu lui proposes d’en laisser une partie chez lui et il enverra quelqu’un l’apporter à Madang, ville de destination, le dernier jour. Mais non, il soulève ton sac et le trouve très léger et il te propose qu’un porteur le prenne. Ok pourquoi pas. Le porteur se pointe, soulève le sac et te dit qu’il peut courir avec sans problème (en gros, t’es une tafiole de ne pas le porter toi même). C’est vrai que les papous sont habitués à marcher et à porter mais bon… Vous le sentez arriver le boulet?

Et c’est parti avec le porteur qui file devant, genre je suis balaise. Et t’es vraiment dans les montagnes, tu passes dans des petits villages, les femmes amènent leurs jeunes enfants pour leur montrer l’homme blanc…

5 heures après, le porteur avait vieilli de 10 ans, fini les fanfaronnades. Il arrive encore à porter ton sac mais toi, tu lui portes son sac. Je t’en foutrai du porteur.

2 heures après, il était mort. Gros coup de pot, 2 gars du même village que ton guide suivaient le même chemin et ce sont eux qui ont porté les sacs. Sinon, t’y serais encore. Le pire c’est que les gars sont pieds nus sur des pierres coupantes et ils galopent. Finalement tu marches en tout dix heures pour dormir chez l’habitant au milieu de nulle part et au lendemain matin, certains du village attendent devant la porte pour voir l’homme blanc et être pris en photo.

Bien évidemment, le porteur a été viré (à son grand soulagement) et il est reparti avec une partie de ton matos. Il devait prendre un bus à 2 heures de marche de distance et 8 heures plus tard, il envoyait un SMS qu’il marchait encore…Une vrai buse.

Et donc te voila reparti avec ton guide et cette fois c’est toi qui porte ton sac. Et chaque jour, c’est 6 à 8 heures de marche et c’est jamais plat dans ce pays…Les villageois que tu croises te demandent où tu vas et se disent que le blanc est fou. Pourquoi marcher si on peut prendre un bus.

Concernant l’ascension, tu l’avais pas prévu donc t’as pas l’équipement et au sommet, tu peux avoir potentiellement de la neige. Donc le jour de l’ascension, 2 paires de chaussettes en guise de gants, un t-shirt comme bonnet, un anorak emprunté à un porteur un autre groupe de missionnaires venus en goguette. Et à 2 heures du matin tu pars pour arriver pour lever du soleil. Bien évidemment on est arrivé une heure en avance à se peler à attendre au sommet. Tout ça pour 30 secondes d’éclairci avant d’être noyé sous les nuages.

Et on repart pour 10 heures de marche mais cette fois, ton guide a une machette. Pourquoi? La raison donnée : paper security. No comment. Il avait sa machette, toi, un pieux, on n’a pas été enmerdé sur le chemin. Souvent dans les villages tu dors chez l’habitant ou dans les missions. A Brahmin, tu te pointes devant une mission pour demander l’hospitalité (payante) et le gars, un papou, te dit que tu peux rentrer mais pas ton guide. Même pas pour s’asseoir. L’enculé, il a une vraie maison avec tout le confort alors que les gens du village vivent dans des maisons sommaires et il ne veut pas laisser entrer un autre papou. Tu l’as traité de tous les noms. Des gars ont entendu l’altercation et ils sont venus nous chercher pour nous trouver un endroit où dormir.

Puis c’est le bus pour Madang, ta ville d’arrivée. Tous les jours le guide a appelé le porteur pour lui dire d’arriver la veille avec tes affaires (et tu lui as filé le pognon pour le bus). Résultat, ce nul est arrivé à 20h. Ce qui est marrant aussi, c’est que tu pars avec ton guide et au fur et à mesure que tu croises d’autres papous, ils se joignent au groupe. Et de deux au départ tu te retrouves à une petite dizaine à la fin.

Madang est une jolie ville en bord de mer, histoire de récupérer, t’as pris l’option hôtel avec piscine. Dans cette ville, aucun avion ne peut voler après 17h00 car tous les arbres de la ville sont remplis de grandes chauves-souris qui s’envolent à cette heure pour se nourrir et reviennent à l’aube dormir. C’est incroyable.

Quelques jours de repos plus tard, tu pars dans un coucou de cinq places pour Simbai, petit village accessible uniquement par avion.

Dans les villages autour, les gens sont encore en tenue traditionnelle mais portent des vêtements plus modernes des qu’ils sortent de leur village.

 

C’est aussi l’occasion de voir les fameux oiseaux du paradis dont les mâles ont des très longues et belles plumes. Pendant que l’un des mâles fait sa danse, les autres surveillent autour et les femelles sont admiratives.

Ricardo le dénicheur de boulet