Yo,

Tu viens d’arriver sur la plage de sable volcanique noir de Craig Cove, le plus grand bled de l’île d’Ambrym. Il y a un échantillon de banque qui marche à l’électricité solaire, 2 petits magasins et c’est tout. Dans la guesthouse où tu vas dormir il y a un couple Guadeloupeenne/suisse qui part demain pour un trek de deux jours pour aller voir les volcans. Ils en vendu leur maison en Suisse et sont partis voyager sans date de retour.

Tu vas te joindre à eux mais tu vas faire 3 jours. En théorie aucun problème au niveau organisation. L’idée est de marcher jusqu’aux volcans Benbow et Marum qui sont encore actifs puis de continuer vers le nord de l’île pour aller dans le village de Fanla pour voir les danses Rom. Aucun rapport avec ceux du métro parisien…

Pas grand chose à faire jusqu’au départ du lendemain. En se balladant du côté de l’aéroport, on voit 4 français qui attendent l’avion de 14h. Il est juste passer ce matin à 9h. Et oui, c’est la magie d’air Vanuatu, 5h d’avance. Du coup, ils sont coincés 2 jours de plus dans le bled. Avec air Vanuatu, vaut mieux appeler la veille pour s’assurer des horaires sinon ça peut faire mal. En plus, ils ont eu de la pluie donc ils sont restés au camp sans voir le volcan. Quand ça veut pas.

Petit déjeuner le lendemain avec la prière qui va bien, en particulier pour le soleil et c’est parti pour 1h de transfert avec un des 10 pick-up qui circulent dans l’île. La voiture a juste la place de passer dans la jungle. Ça a l’air encore plus sauvage que Malekula, c’est pour dire. On remonte une rivière asséchée de sable noir et la voiture nous laisse. Il y a Willpen le guide qui parle peu et 3 porteurs dont un seul est souriant. Étonnant pour le Vanuatu. Quand tu lui as demandé s’il avait des histoires à raconter sur l’île, il a dessiné avec son doigt dans le sable noir. Des dessins très complexes qui ont une signification et qui permettait avant de laisser des messages. Voilà, c’est fait maintenant m’enmerdez plus.

Le couple a pas l’air très sportif et il faudra souvent les attendre. Un trop plein d’accras pour madame. On marche dans des corridors très étroits couverts de palmes séchées, tout autour d’immenses fougères, une ambiance du bout du monde. Tu marches devant avec le seul porteur souriant. Comme il y aura pas d’eau accessible pendant trois jours tu te trimballes 6 litres de flotte sur le dos. Il faut 2h si on marche vite et 3h pour les lents. On a mis 3h30 pour arriver au camp.

On a le droit à un bout de pain et une boîte de thon pour le dej, ça change du trek précédent côté bouffe et ambiance. On va ensuite voir le volcan Bembow. En fait, le paysage quasiment bicolore, le noir du sable et du volcan au loin et des immenses plaques de mousse jaunâtre. 10 minutes auparavant il y avait que du vert.

L’accès au bord du cratère est assez pentu et les autres galèrent. Tu marches devant avec un autre porteur qui a laissé ses tongs au camp. En haut du cratère, tu ne peux pas voir la lave car il y a niveau intermédiaire. Il faut descendre dans la caldeira mais c’est un quasi à pic. Le porteur sort une corde qu’il attache à un bout de bois. Le bout de bois tient à peine dans le sable. C’est le délire total. Tu vas t’embarquer dans une descente de plus de 200 et tu peux pas te rater. T’es pas encordé, tu tiens juste la corde. Enfin sur les 30 premiers mètres, après plus rien. Sam le porteur est devant et descend pieds nus. Bon, il en bave. Toi à sa place t’aurais déjà les pieds en sang à marcher sur cette lave séchée coupante. Les autres sont arrivés en haut du cratère et ont pas imaginé une seconde descendre. Le volcan dégage un peu de gaz acide. Le guide t’a filé un masque à gaz mais t’essayes même pas de le mettre. Une fois dans la caldera, tu marches encore 150m pour te rapprocher du puits. Plus tu t’approches plus tu entends le bruit de la lave. Impressionnant.

 

On s’approche enfin du bord et tu vois en encore un autre niveau et tout en bas, la lave incandescente qui fait de gros bouillon. Faudrait pas que le volcan se décide aujourd’hui à péter. Ouais car sur l’île d’à côté, Ambae, le volcan est devenu super actif et le gouvernement a décidé de fermer l’île et tous les habitants ont du la quitter.

C’est fascinant de regarder la lave. Tu serais bien rester plus longtemps mais t’as une putain de remontée à te taper puis encore plus d’une heure pour rentrer au camp. Les autres seraient venus mais jamais ils remontaient.

Nuit au camp où l’équipe est toujours aussi démonstrative. Le guide te dit qu’il est possible d’y aller de nuit ce qui doit être encore beaucoup plus impressionnant. Tu lui dis que tu voudrais y retourner. Il te dit oui et après le repas c’est plus possible…

En plus, il y a un problème avec l’organisation et tu peux faire que deux jours au lieu de trois. Quand tu disais dans ton précédent email que tout se passait trop bien…

Nuit sous la tente et demain on va au volcan Marum. Toujours autant d’ambiance. On est parti tôt pour essayer d’avoir un temps correct car entre la fumée dégagée par les volcans et le brouillard, on espère voir le centre du Marun.

La marche d’approche nous fait passer entre différents cratères, certains dégagent énormément de fumée. Tu traverses des coulées de lave séchée, la dernière date de 2015.

 

 

Tu arrivent enfin sur le bord du Marun. Et là, petite éclaircie qui te permet de voir le magma bouillonner. C’est fabuleux. T’es au bord d’une paroi de 200m et tout en bas la lave jaillit, tu peux en sentir la chaleur. On a bien du passer 1h à faire des photos et vidéos. Le suisse est un fan de photos en 3 mois en Nouvelle Zélande il a fait 10000 photos…

Puis c’est la descente du côté nord de l’île. Il y a énormément de mystères dans cette île. Sur le chemin, parfois d’énormes fougères sont sculptés pour représenter des esprits. Au dessus du chemin, un chat étranglé pendouille au bout d’une ficelle, ambiance..

Les deux autres dorment dans une guesthouse. Ouais, ils ont fait appel à une agence qu’a tout organisée pour eux. Toi, tu dors chez le pasteur Yannick. Sans déconner, le nom de son église est NTM. Il y en a partout en Océanie et existent depuis 20 ans. T’as demandé à qqun qui s’était récemment converti pourquoi ce changement. La raison : on danse et on chante et on est jamais assis… Trop fort les rapeurs francais. En fait NTM, ça veut dire Niels Thomas Minestry. Le mec a monté son business d’église et ici la concurrence est rude.

Le lendemain direction le village de Fanla pour assister à la danse Rom. Autant à Malekula leur danse faisait un peu truc à touriste. Ici ce sont les anciens qui dansent ou plutôt qui sautillent. Il y a une esplanade entouré de très grands tambours sculptés.

La maison du chef est un peu à l’écart et si tu y vas tu prends une amende. Il faut taper sur un tambour pour lui dire que qqun veut le voir. Une dizaine d’hommes en étui penien arrivent et commencent à marteler le sol selon le rythme des tambours. 3 autres arrivent couverts de feuilles avec des masques très particuliers et on a pas le droit de savoir de quoi ils sont faits. On peut pas s’approcher des danseurs à moins 2m même quand ils ont fini. La danse doit durer 10 minutes.

 

Même si c’est sympa, tu passes forcément à côté de leurs vrais coutumes. Par exemple, tu sais qu’ils ont des lieux avec des vieilles sculptures ou c’est tabou d’aller si t’es pas du village. Mais on va même pas t’en parler. Tu t’es posé la question de savoir si tu passes quelques jours chez eux ils seraient un peu plus ouverts sur leurs coutumes.

A la base t’avais prévu d’aller sur l’île de pentecôte pour voir le base jumping local. Sauf que c’est le samedi uniquement et qu’on est dimanche, ça veut dire que tu dois passer 6 jours attendre dans un bled où il y aura 10 habitants.

poulet en avion

Grosse hésitation, mais t’as pris le bateau pour rentrer sur Craig Cove et maintenant tu cherches un avion pour rentrer sur l’île principale Efate.