Yo,
C’est parti pour la phase d’acclimatation.

 

Premier volcan, le Corazon. Déjà faut sortir de Quito qui fait quasiment 50 km en longueur. T’es dans  » l’avenue des volcans. » Quand il n’y a pas de nuages, t’as des volcans de chaque côté de la route. Vous emballez pas sur la photo, l’éclaircie à durée 10 minutes et c’est le volcan Iliniza Norte, celui que tu vas taper lundi.
Tu rejoints 4 autres personnes. On te l’aurait dit tu l’aurais pas cru : 2 missionnaires américains (assemblée de dieu) qui vivent en Équateur depuis 15 ans et qui sont un avec sa fille de 20 ans et l’autre avec son fils de 15 ans. My god, t’as du changer ton vocabulaire. Le pasteur et son fils vont aussi faire l’Iliniza et le Cotopaxi avec toi. Ils vivent dans un bled aux portes de la jungle près des communautés Shuars. Ça tombe bien, t’as prévu d’y aller.
On monte en bagnole jusqu’à 4000m. Alors vous vous dites, mais quelle bande de charlots, il vous reste plus que 800m de dénivelé. Et en plus vous savez pas tout, y a pas 4 km de distance pour rejoindre le sommet.
https://images.app.goo.gl/L39BebU84mBn44h89 pour ceux qu’ils veulent voir à quoi il ressemble quand il y a un temps normal

Alors on est parti super lentement dans des collines herbeuses avec un peu de soleil.

Puis a commencée la vrai montée avec le temps pourri. C’est là que le pasteur qui va faire le Cotopaxi a pas du prier assez son dieu car il en a bavé grave. Les 2 gamins parlaient en marchant. Ça paraît rien mais à cette altitude, ça veut dire que tu te balades. T’aurais pas fait tes 2 entraînements il y a quelques jours, t’aurais pleuré comme l’autre gars.
Bien sûr, le temps se couvre. Le guide Freddy nous dit qu’il faut mettre maintenant nos harnais et nos casques. Ouais, il y a 2 parties techniques. Il sort une corde et il dit qu’il va encorder les 3 vieux, pas les gamins car ils font de l’escalade. Holà, il sait pas à qui il a à faire, Ricardo Jones, le neveu par alliance du fameux Indiana Jones. C’est presque une insulte. Tu l’as joué easy, en disant que t’en auras pas besoin. Freddy part devant attacher la corde à un rocher, elle est là au cas où. Quand t’as vu où il fallait passer et le vide qu’il y avait en dessous si tu te ratais, t’as regretté de l’avoir joué finger in the nose. Après le 2éme passage chaud , t’as dit à Freddy que pour la descente, tu prendrais l’option corde. Ouais, c’est uniquement par alliance que t’es de la famille d’Indiana…

On est finalement arrivé au sommet où il y a… une croix et un alien… À se demander si elle te suit pas, cette satanée bestiole. Pas mal le paysage en arrière plan sur la photo.
Tu t’attendais à une petite prière/bénédiction de la part de l’assemblée de dieu mais que dal. S’il nous arrive un problème dans la descente, on saura pourquoi.
Côté redescente, tout le monde a pris l’option corde sans la moindre hésitation.

On aura mis 6h pour faire environ 7 bornes.

Pour l’instant le pasteur a pas convaincu Freddy sur sa capacité à taper le Cotopaxi. T’as eu un coup de pot de tomber sur ce guide (patron de l’agence Sierra Nevada à Quito pour ceux qui veulent un guide très pro et sympa) car c’est un des meilleurs d’Equateur. Formé à Chamonix, il accompagne des clients partout dans le monde. Le seul truc inquiétant c’est que, pour lui, la montagne que veux taper si t’as la condition physique, le Chimborazo, est la plus dangereuse d’Equateur.

Journée de récupération. C’est le jour du marathon de Quito. T’as dit journée de récupération… Et puis va courir à 3000m d’altitude, au bout de 200m c’est direction l’hôpital.
Donc t’es parti à Mindo.

Au fait, vous connaissez pas Mindo ? C’est la Mecque des amateurs de piafs, y aurait plus de 400 sortes de bêtes à plumes qui squatteraient dans le coin. Sauf qu’en 2h de bus, t’as perdu 1700m d’altitude. Pas du tout prévu, et t’as eu peur pour ton processus d’acclimatation. Du coup, t’es même pas resté 3h sur place et t’es remonté dans les nuages. En plus c’est dimanche, les piafs sont certainement à la messe. T’es juste allé voir une serre de papillons. Voir prochain post dédié à ce sujet.

Lever à 4h15 pour cette dernière journée d’acclimatation, direction le volcan Iliniza Norte, 5126m. L’Iliniza sud est 100m plus haut mais recouvert de neige.
De retour avec le pasteur Joil et son fiston, ils ont du faire une petite prière car la vue est super dégagée sur l’Iliniza norte, le sud est sous les nuages.
Pareil pour que le Corazon, on monte en bagnole jusqu’à 4000m mais cette fois on passe de 800 à 1200m de dénivelé positive. Ouais, ça paraît rien quand tu pars du niveau de la mer mais à plus de 4000m c’est un poil différent.
Un petit coup d’œil à droite pour voir le sommet du Corazon qui dépasse des nuages et derrière toi, pour la première fois, tu vois enfin le Cotopaxi.

Ça y est c’est parti. Le pasteur se met dans la roue du guide suivi du fiston et tu fermes la marche. Ça monte tranquillement, la vue est superbe et t’es tellement optimiste que tu mets de la crème à bronzer. Ça fait 1 mois que t’as le tube, tu t’en es quasiment jamais servi. 10 minutes plus tard, un vent glacial se pointe en amenant avec lui ses copains nuages. Le pasteur a du mal et on se traîne dans le froid. La vue est légèrement différente…

T’as un chien planqué à l’abri d’un rocher qui décide de nous suivre. Rien d’autre à foutre de la journée, le cleps se dit qu’il pourra certainement nous gratter de la bouffe. Freddy nous annonce qu’on arrive bientôt au refuge et qu’on va pouvoir se faire un bon thé chaud. Le gardien est pas là et impossible de faire marcher la bonbonne de gaz. Bye-bye le thé chaud.

Le pasteur est sur les genoux (non pas pour prier, au figuré). Il aurait pas dormi de la nuit.
On commence la vraie montée avec le chien qui nous lâche pas. Lui, c’est un habitué du coin car il court dans tous les sens sans être essoufflé. Mais comme il nous voit nous traîner, il se couche à l’abri du vent et nous rejoint ensuite.
Passage un peu technique, le pasteur est encordé car il est épuisé. Le chien fait du stretching…
Toi, étonnement, avec ta condition physique à base de bière, t’as l’impression de survoler l’étape.
A 150m du sommet, le pasteur jette l’éponge. Le chien s’assoit sur ses genoux pour le réconforter. Trop fort, le cleps, plutôt que de monter avec nous au sommet il la joue ‘je reste pour réconforter le fatigué’. En tout cas, ça marche car on lui aura tous filé une partie de notre bouffe.
Il reste 150m de montée en ligne droite dans les rochers pour arriver à un rocher avec une croix et un alien. Il est collant celui-là.
6h pour monter…
Redescente par un autre chemin. Le con de chien va aboyer après une vache et son veau. En 30 secondes t’as une dizaine de taureaux qui rappliquent l’air pas content. Le chien a plié les gaules fissa sans la ramener. Freddy nous dit de ne pas faire de bruit et de la jouer profile bas le temps qu’on soit assez loin. Les taureaux nous ont fixé jusqu’à ce qu’on soit loin. Quand Freddy regardait pas, histoire de déconner, tu faisais des grands mouvements avec les bras en direction des taureaux.
Le chien nous a suivi jusqu’à la bagnole histoire de nous taper nos restes de bouffe puis et remonter au refuge retrouver son maître qu’on avait croisé dans la descente. Grand respect pour le cleps

Ricardo, missionnaire de l’acclimatation