Yo
Trompette Ricardo est de retour, histoire de se frotter au Chachani à 6070m (et accessoirement écrasé le score de Bruno)
Bon, on est trois, chacun avec sa trompette, Miles Davis, Luis Armstrong et Chet Baker
Il y a un irlandais et un Luxembourgeois. Ils ont pas la trentaine et semblent en bonne condition. 3 h de piste pour rejoindre le point de départ où démarre le chemin rejoindre le camp de base. Il y a un groupe qui en revient, ils se sont pelés grave, ça promet.
L’avantage, ils ont laissé tout le matos au camp de base. Toi tu trimbales ton matos à part la tente, c’est finalement pas un super avantage.
Le 4×4 nous a monté à 5200m d’altitude et le camp de base est à la même altitude. En théorie il faut 2h pour rejoindre le camp de base, on l’a fait en 45 minutes. Du coup, t’es au camp à 13h et t’as plus qu’à attendre l’heure de la soupe et les pâtes à 16h30. T’as la vue sur un volcan au loin qui toutes les 2h balancent son crachat de fumée. Mais interdiction d’y aller.
17h le soleil est caché par les montagnes, il commence à faire froid. A part aller dans ta tente. Et là tu réalises que les 2 zips de la tente et la surtente sont pétés, impossible de fermer la tente et en plus une partie est déchirée. Putain, on est quand même à 5200m d’altitude, pas le meilleur endroit pour faire une soirée tente porte ouverte. Ça n’émeut pas particulièrement le guide qui lui a sa tente en parfait état. 20 minutes d’échec plus tard, tu laisses tomber les zips. Tu utilises tes bâtons pour essayer de coincer les fermetures histoire de pas te retrouver en glaçon au matin. De 18h à 1h du matin t’as tourné dans sac de couchage sans fermer l’œil en ayant souvent l’impression de ne pas pouvoir respirer mais, va comprendre, en crevant de chaud. Les autres se sont pelés toute la nuit avec une tente fermée.
Lever à 1h avec un gros mal de crâne, rapide petit dej et départ pour l’ascension. 900m de dénivelé en 6h en théorie. Bizarre quand même cette durée.
Le guide part un peu vite, le luxembourgeois est collé juste derrière lui les mains dans les poches, ça va être la balade des gens heureux pour lui. Suit l’irlandais et tu fermes la marche. On est quasi pleine lune, on pourrait marcher sans frontale. Le guide a vu que tu traînais la patte donc il a légèrement ralenti. Dès que t’es à plus de 15m du groupe, il s’arrête, la vache la pression. Ce ne sont que des zigzags sur un chemin sablonneux. C’est ni technique ni très pentu, c’est juste l’altitude qui démonte la tête. Ah tiens, l’irlandais a un peu plus de mal. 2h plus tard le guide annonce qu’on a fait la moitié. Ah ouais, ça veut dire qu’on va arriver super tôt au sommet et on va se peler grave. 1h plus tard le guide fait une pause mais tu lui dis que tu vas marcher lentement en avant sans pause. Un peu plus tard, tu te retournes, les 2 autres sont à l’agonie. T’en as un qui tous les 50m se plie en 2 pour essayer de vider son estomac et l’autre est à peine mieux,  2 zombies. Alors les jeunes, on tient pas la distance ?
T’as eu le droit à 30 secondes de neige, ouais sinon c’est pas drôle. Les 50 derniers mètres sont couverts de pénitents histoire de se tordre la cheville. Il est 6h, le soleil est pas encore très haut, il y a un vent glacial, les 2 gars ont fait des selfis et sont redescendus à l’abri. Bon, ben t’as fait ta photo et t’es aussi redescendu. Les 2 autres sont vraiment pas bien.
Plutôt que de retaper tout le chemin, on descend dans un pierrier. Imaginez 1000m de dénivelés dans un pierrier, le régale.
En descendant, tu vois une nana intelligente. Elle est parti à minuit d’Arequipa donc elle a pu se reposer et ensuite a commencé à marcher vers 3h du matin. Bon, elle va pas vite mais elle va arriver vers les 11h au sommet, grand soleil, belle vue, pas froid. Et sinon, t’as trois charlots qui ont pas fermé l’œil de la nuit, qui se sont pelés dans la montée et qui sont arrivés trop tôt.
Pour les adeptes des peluches, le steak sur pattes sur les photos est une vigogne.
Ricardo, extrait du lièvre et la tortue