7 janvier – Un voilier qui a mal aux cheveux 
2h du matin, retour au bateau. Même Magda l’otarie a du mal à marcher droit. T’es parti te coucher alors que les autres ont continué à picoler sur le bateau jusqu’à 6h. Donc, l’alcool sur le bateau y en a pas sauf quand il y en a et quand il y en a, y en a beaucoup…
Même le voilier a mal au crâne. Pas de déplacement aujourd’hui d’où cette abondance d’alcool..
Retour à la station ukrainienne où ils t’ont laissé gentiment prendre une douche, une vraie, brûlante sans ces foutus lingettes. Les polonais, eux, ont fait un sauna et baignade dans l’eau glacé.
Ah oui, depuis le début, impossible de connaître la température. A la base, t’as pu voir qu’à l’extérieur il fait près de 0 degrés. Certainement entre 5 et 8 dans ce foutu voilier congélateur. L’avantage, on sent moins l’odeur de fennec. Adnana, elle arrive quand ma commande de parfum ‘Anti chaman’ ? Car le jeune sent la transpi à 30m et y a pas 30m sur le bateau.
Direction en dinghy vers la première maison qui fut construite ici dans les années 50, Wordie house. Tout a été conservé intacte, même la pièce la plus importante…les toilettes
Assez loin de l’agitation touristique…un malheureux manchot empereur est coincé sur le rivage. Alors, va savoir ce qui s’est passé, mais il est en train de changer de plumes et duvet et doit attendre 3 semaines avant de pouvoir retourner dans l’océan. 3 semaines sans bouffer, on est resté à distance pour pas lui faire brûler des calories pour rien.
Soirée fléchette au chaud à la base ukrainienne où les gens sont toujours aussi accueillants.
8 janvier – La magie du Noël orthodoxe 
Et dire qu’on croit pas au père Noël… Va savoir ce qui a pris au cap’tain. Il a décidé de s’attaquer à la chaudière du bateau. Peut être qu’il en avait marre de porter des chaussettes dans ses crocs. Résultat après 12 jours de glacitude, une légère vague de chaleur commence à imprégner le voilier. Alors très légère la vague, faudrait pas qu’il y ai une trop grosse différence avec l’extérieur. Le seul inconvénient avec cette chaleur bienvenue est que les odeurs de fennec vont être beaucoup plus forte. Adnana, elle en est où cette livraison ?

Il est temps de repartir et remonter vers le nord. Tu n’iras pas plus au sud. En sortant de la baie où se trouve la station polaire, on tombe sur 2 bateaux. Le premier un ‘petit’ bateau de croisière, pas le genre à prendre du tout venant à raison de 200 pimpims par cargaison. Plutôt du genre sélectif avec une trentaine de pontes à bord. Et le deuxième bateau, qui les accompagne, a une piste d’hélicoptère avec 2 hélicos.  »Oui, très chers amis, vous ne pensez tout de même pas que l’on va en Antarctique sans faire un petit survol quotidien en hélico, espèce de manants ! Pourquoi 2 hélicos ? Mais quelle stupide question, voyons ! Et qu’allons nous faire de nos journées si le seul hélico tombe en panne ? Je dois vous laisser, il est l’heure de mon brunch caviar….  »
On part pleine mer pour éviter les canaux remplis d’icebergs. Tu pensais avoir un peu le pied marin mais le retour des grosses vagues t’as prouvé le contraire.  Après 3h de quart où tu sers strictement à rien, tu te retrouves à 23h à quatre pattes sur le pont extérieur à repeindre la coque du navire d’une couleur risotto de ce midi.
9 janvier – Le duo infernal 
Nuit très agitée et compliquée et en plus t’es de corvée de popote pour la journée. On a retrouvé une mer beaucoup plus calme sinon jamais t’aurais pu faire la tambouille. On est censé faire un trek une fois le voilier à l’abri dans une crique à l’abri. Gros coup de chance mais vraiment LE gros coup de CHANCE : Le brouillard est de retour et au dessus une belle couche de nuages. Visibilité négative donc plus de ballade…
Côté ambiance avec les polaks, ça se tend un poil. T’es jamais trop au courant de ce qui se passe, ce qu’on va faire. Tu vois les autres s’équiper mais on te dit pas pourquoi et on s’attend à ce que tu fasses de même. Le côté mouton obéissant sans comprendre commence à atteindre ses limites…
Point positif, t’as plus besoin d’avoir d’avoir 3 couches de vêtements dans le bateau. Et pas de quart cette nuit, on est ancré dans la grisaille à Paradise Bay. Cherchez pas les cocotiers et le sable fin…
10 janvier – Ça y est, l’otarie plane.
5h du matin, tu en vois certains en train de s’équiper. On te dit rien, comme d’hab. Finalement l’otarie qui partage ta cabine te dit qu’on va à terre et si tu veux venir ? Ben non, tu vais rester enfermé dans ta couchette jusqu’à la St glinglin. Direction l’île de Cuverville avec bien évidemment sa colonie de…manchots gentoo. Le manchot, on s’en lasse pas.
Puis un nouveau stop pour voir un autre type de manchots, les chinstraps. Ceux là ont le bec noir et comme une sorte de jugulaire autour du cou qui leur donne l’impression qu’ils portent un casque. Ils sont pas très actifs mais par contre ils jacassent entre eux.
Vous en avez marre des photos de manchots ? Vous plaignez pas, j’en ai dix fois plus en stock.
Le duo brouillard/nuages fonctionne tellement bien que parfois on voit pas à 10m au dessus de la mer. C’est de pire en pire. Certaines baies sont tellement remplies d’icebergs qu’on fait demi tour. Toutes les balades sont logiquement annulées. Seule petite distraction occasionnelle, des baleines Humpack passent nous faire signe de la queue de temps en temps. Certaines ont décidé de regarder de plus près ces drôles de pingouins sur ce bateau. Ça commence par tout un paquet de bulles qui remonte à la surface. Puis la couleur de la mer s’éclaircit. La baleine remonte à la surface lentement à 2m du bateau, parfois se penche sur le côté pour mieux nous regarder où passe sous le bateau. Ouais, on s’occupe comme on peut… car côté paysage, rien que dal, aucune visibilité. (ah ça doit énerver de lire  »on s’occupe comme un peu » en parlant de baleines à 2m de soit… C’est plutôt une expression à utiliser lorsqu’on attend le train/métro un jour de grève, non ? )
Un peu plus tard, encore des baleines. L’une se met sur le côté et abat très fort sa nageoire sur la surface de la mer. Une autre remonte à la verticale la gueule grande ouverte. Ça doit être l’heure de leur pause dej. Sans déconner, dans ce coin, on peu plus faire 100m sans croiser une baleine. Je te fouterai bien un baleinier dans le coin histoire de dégager la route…
1h plus tard, le pilote de quart crie un mot magique ‘soleil’. Non, c’est une blague, il parle pas français. Il crie ‘orqui’ qui en en français veut dire ‘orque’. C’est la ruée sur le pont. L’otarie Magda jappe de plaisir… On voit de grands ailerons venir droit sur nous. Ils nous croisent à tout de vitesse, t’as à peine le temps de voir des gros poiscailles noirs et blancs. Le bateau fait demi tour pour essayer de les retrouver. Tu proposes qu’on saigne le plus jeune d’entre nous et qu’on le foute à la baille. Ça va peut-être les attirer. Pas super convaincu, les polonais… T’aurais dit, on jette le français peut-être qu’ils auraient acquiésés. Finalement on les retrouve. On voit 5-6 gros ailerons sortirent de l’eau quasi en même temps. A cet instant, t’as vraiment pas envie de barboter dans l’eau.
On tourne le remake du film ‘Orca’. Ca reste impressionnant. Ils font les curieux quelques secondes en nageant pas trop loin du bateau mais après cassos. Ouais, pas très selfi, l’orque. Soudain, un gémissement puis un cri. Qu’est-ce qui se passe ? Ça y est, la Magda est allongée, les moustaches frémissante, les nageoires érigées, elle a atteint le 7ème ciel.

L’extase absolue….

A propos de bruit, sur quasiment toutes les vidéos, vous avez un fond sonore polonais. C’est Mme Chechou qui en plus de rien foutre, pourri les vidéos des autres. Incapable de la fermer 30 secondes, elle s’en fout car Chechou fait uniquement des photos.
Histoire de passer la nuit tranquille sans quart, on s’arrime à une épave de 1915, le Governor. A l’époque le bateau accompagnait les baleinières et s’occupait de dépecer les baleines et de brûler les parties inutiles. L’immense four a foutu le feu au bateau, un répit pour les baleines. C’était la minute ‘histoire et vérité’
 Ricardo enfin au chaud