Juste un petit 3h de bus pour rejoindre Viñales. Petite ville dans l’Ouest de Cuba. Elle est entourée de mogotes, de plantations de thé et de tabac, ce qui fait son charme.
Viñales, son échantillon de place avec son église, une longue rue avec ses bars et restaurants. Une ou deux ruelles parallèles ou chaque maison fait office de maison d’hôtes et quelques petits quartiers aux alentours.

Viñales, c’est aussi des fincas dans les petites vallées aux milieux des champs. A la grande époque touristique (juste avant le Covid), il est compliqué de trouver un hébergement. Aujourd’hui, en descendant du bus, t’as 15 personnes qui veulent te proposer leur maison. Viñales doit clignoter en rouge dans le Routard car t’es entouré de familles françaises avec des mioches ! Peut-être que leurs parents veulent leur faire découvrir à l’avance ce que sont les coupures de courant…
C’est le pays des cowboys, chapeau et bottes en caoutchouc compris, par contre ils ont de drôles de chevaux.
Il y a un bus qui fait le tour de tous les hot spots. Ca va permettre de te faire une idée et demain tu loues un vélo pour te balader.
Alors, les mogotes sont des petites collines karstiques (pour les pointus, regarder wikimachin).
Il est pas sympa l’hôtel avec une superbe vue ? Non, non, c’est pas là où tu crèches.
T’as décidé de suivre les chemins sur l’application maps.me pour te balader dans le coin. Ca aurait pu être plus sympa si les barbelés qui bloquent certains chemins étaient indiqués. Sandales et shorts ne sont pas vraiment adaptés pour passer des barbelés. Les cow-boys ne se baladent pas avec leur winchester donc tu ne devrais pas te faire tirer dessus en traversant leurs champs.
Tu prends un verre avec des cubains qui ont vécu en France.  Ils pourrissent le gouvernement cubain. (Un peu comme tous les cubains que t’as rencontrés). Un flic en uniforme arrive avec un autre gars. Forcément, changement de discussions. Ils posent des questions au gars qui est avec le flic. Une fois partis, ils te diront que l’autre gars est un flic en civil. Il traîne et écoute ce qui se dit…
A partir de 17h les voitures sont interdites dans la rue principale. Ils installent des énormes baffles pour balancer très fort du reggaeton. Ouvrez bien les oreilles, vous devriez l’entendre de chez vous. Ta guesthouse est juste en face, une rue plus loin. Ce soir, c’est nightclub dans ta chambre. Ca tombe bien il y a une vingtaine d’étudiantes danoises qui logent juste à côté.
Dans la rue s’installent quelques stands. Ils proposent tous la même chose, des cocktails. Ah non, il y a un petit stand de bouffe. Il vend, entre autres, des pâtes. Mais en sachet, comme dans un magasin. Ici, manger des pâtes, c’est du luxe.
Juste un petit problème que t’avais oublié à Varadero, le retour des coupures de courant. Compliqué pour la musique…. En plus quand il commence à tomber des cordes, ça ne donne pas trop envie de se lâcher sur le mojito. Ici, quand tu commandes une pinacola, on te demande si tu veux une virgin pinacola ou avec alcool. Presque, tu le  prends mal…. On t’apporte une virgin pinacola et on te laisse une bouteille de rhum sur la table. C’est toi qui fait ton dosage.
Ce midi, histoire de changer de l’éternelle langouste, t’as pris pour une première fois une escalope de poulet avec des spaghettis. En France, on va te servir une sacrée louche de spaghettis. Ici, cinq petits spaghettis. Je vous l’ai dit, un produit de luxe les spaghettis ! Entre l’échantillon de pâtes et la pizza qui ressemble à rien, un italien perd 10 kilos en une semaine.
Beaucoup de touristes, proportionnellement à la taille de la ville mais comme d’hab, la plupart des restos sont vides. Selon les cubains, ce serait à cause de la coupe du monde. Mouais, dans ce cas, tous les ritals auraient dû débarquer à Cuba, ils ne sont pas vraiment concernés, eux…

9h30 du matin, t’es sur la petite reine version VTT. Vu la flotte qui est tombée cette nuit, tu sens que tu vas prendre cher côté gadoue dès la première piste.
Suite au cyclone de septembre beaucoup de fincas ont été endommagées voir totalement détruites. Certains chemins sont bloqués par de chutes d’arbres et les paysans ont d’autres priorités que de nettoyer les chemins pour les touristes.
Ca fait pas 10 minutes que t’es sur la piste que tu entends un pssss au niveau de la roue avant. Cool, t’as crevé au milieu de nulle part. Tu l’avais pressenti, t’avais demandé le numéro de tel du loueur au cas où… Faut déjà arriver à rejoindre une route puis contacter le gars. 20 minutes après il arrive avec un deuxième vélo. A dans 20 minutes peut-être…
Direction le mur de la préhistoire (vu la difficulté de leur quotidien, ils auraient dû l’appeler le mur des lamentations, mais il y avait déjà un copyright). Vous connaissez Leovigildo González ? Son cousin peut-être ? Non plus ? En 1959, un gars, Leovigildo (déjà rien que prénom vaut le détour), s’est réveillé en se disant qu’il allait taguer un rocher. Et comme il était tombé sur un gros paquet de peinture, il s’est dit qu’un rocher ne serait finalement pas suffisant. Et vas-y qu’il s’est lâché. Une fois qu’il a vidé tous les pots, il se retourne et regarde son œuvre, 160m de large pour 120m de haut. Bon, le Picasso local ne l’a pas peint tout seul. Il a choppé 18 gus en bottes en caoutchouc qui traînaient dans le coin et les a fait trimer pendant 4 ans. C’est censé représenter l’évolution de l’homme et la faune cubaine. Franchement, tu ne mettrais pas ça chez toi. Déjà, t’as pas la hauteur sous plafond.
Ensuite tu t’es baladé au hasard sur des pistes. Côté plantation de tabac, ils ont planté il y a peu de temps car pour l’instant, les pousses sont petites. Le terrain est argileux et ferreux d’où la couleur orangée de la terre. Selon un local, ce n’est pas la meilleure terre pour le tabac, elle doit être plus sableuse. Les cahutes en feuilles séchées zont les séchoirs pour les feuilles de tabac.
Quelques photos sous un ciel qui commence à s’assombrir. Il va pas pleuvoir quand même !
Direction la vallée del silencio. Bon, le chemin est plutôt prévu pour les chevaux. En VTT, c’est plus folklo. Si tu crèves ici, t’es pas dans la merde pour revenir à la civilisation. Et même si tu croises un cowboy à cheval, il n’y a pas de porte vélos à l’arrière du bourrin.
Puis direction la cueva del indiano, la grotte de l’indien. Elle porte bien son nom, il y a un gars avec un pagne qui vend de l’artisanat devant l’entrée. Rien que ça, t’adores. On t’a prevenu, c’est un attrape touristes. Tu marches 200m dans la grotte éclairée pour rejoindre un petit embarcadère où un groupe de russes attend pour prendre une barque à moteur et naviguer 300m dans la grotte pour ressortir par un autre endroit. Oui, c’est un gros spot touristique ici. Et vous savez ce qui est le top du top ? Quand tu ressors, il pleut ! Bah c’est quelques gouttes et la pluie est tiède. T’es à moins de dix kilomètres, t’es pas en sucre, ca devrait le faire. Ouais, sauf que les quelques gouttes se transforment en averse et pas un endroit pour s’abriter. Mais le pire, c’est que la pluie forme parfois de grandes flaques marrons sur toute la largeur de la route. Alors tu passes où ? A droite, à gauche, au centre ? T’es passé juste à l’endroit le plus profond, résultat, t’es couvert de boue. A un kilomètre de Viñales, la route est sèche, la pluie ne s’est pas pointée jusque-là. Toi, t’es une serpillière et même le pognon dans ton sac à dos est trempé. Et en plus, t’apprends que la France a perdu la finale. Ici, ça se chambre gentiment entre les supporteurs des deux équipes, ils ne connaissent pas la violence.
La rue principale est encore fermée car c’est la matinée du marché. Les paysans sont venus directement en tracteur pour vendre leur rare production, quelques tomates, ails et oignons. Par contre c’est la foule sur deux stands. Le premier vend de la bière et l’autre des carcasses de cochon. Tu fais la queue à la bière pour ensuite faire la queue au cochon une bière à la main. C’est très compliqué de trouver de la viande ici, donc il faut pas rater l’occasion.
Ce soir, ils remettent la musique dans la rue.
Dernière opportunité d’aller à la plage, tu prends un collectivo pour rejoindre cayo Jutias à 50 bornes de Viñales.
Une dizaine de collectivos sont déjà là, on doit être une cinquantaine de pingouins sur la plage. La plage est encore sauvage avec un seul restaurant.
La plupart des touristes commencent par Viñales donc c’est souvent leur première plage. Une grande plage de sable, beaucoup d’arbres déracinés en bord de plage, et une mer plutôt laiteuse. Pas la peine de sortir le masque et tuba, tu verras pas à 50 cm.
Manque de pot, il y a du vent et la mer n’est pas du tout transparente comme sur les photos d’Internet. Alors, si t’arrives de Dunkerque, forcément tu vas lâcher un waouh. Mais après avoir fait trempette à Varadero, playa Ancón, Playa Larga, euh… comment dire.
Tu peux longer la plage en direction du bout de la péninsule en essayant de te frayer un chemin entre les racines ou tu peux passer par un petit chemin qui doit malheureusement servir de poubelles à tous les alcooliques du coin. Ouais c’est surtout des bouteilles de rhum et des cannettes de bières qui traînent entre les racines. Dans l’autre sens, une longue plage.
Un gars t’alpague sur la plage. Il a une queue de langouste à la main. Il a monté un grill sauvage à 500m du resto. Ouais, tout est réglementé, le gars n’a pas le droit de pêcher de la langouste et la revendre aux touristes. Il te propose une langouste à 10 euros mais faut pas le dire aux américains plus loin car eux vont payer 15 euros. Motus et bouche cousue. Mais euh, mon gars, y a pas d’américains ici ! Comme d’hab tu lui balances qu’en un mois à Cuba, t’as jamais payé ce prix là pour une grosse sauterelle maritime. Au mieux t’es prêt à lâcher le prix que tu payes normalement dans un resto. Le gars a continué à faire le tour des gus allongés sur le sable et au retour il repasse te voir en te disant en baissant la voix ok pour ton prix mais surtout tu le dis pas autres. Ahah, t’as certainement dû payer le double des autres mais c’est pas grave ! 1h plus tard, il te rapporte une assiette avec la bête. Euh, ça rétréci de moitié une langouste cuite au grill ? T’as l’impression qu’il t’a apporté la petite soeur.
Apparemment le gars a pas eu beaucoup de succès avec ses langoustes.
Voilà, c’était ta dernière langouste au bord de la mer. De toute façon, t’as fini ton flacon d’anti-moustiques et t’as pas envie de finir comme morceau de barbaque pour moustiques, mini mouches et autres bestioles.
Demain, retour une journée à la Havane puis retour dans le froid français. Ouais, t’as vu les températures, en solidarité, t’as baissé la clim à 18 degrés et t’as déjà attrapé froid.
Ricardo, sans bottes et chapeau mais plein de boue