Une fois de plus le chauffeur N°2 ne veut pas respecter la règle et prend un autre chemin et c’est à nouveau une engueulade.

Une fois de plus, qqun a voulu se prendre une photo et a failli se prendre une pierre.

On doit rejoindre le village d’Ahmed Ela, qui est le point de départ pour aller voir le fameux volcan Dallol dans le désert du Danakil à une quinzaine de kilomètres de la frontière de l’Erythrée.

On arrive mais plus de place sympa pour notre groupe, on doit s’installer dans un endroit pourave. Le groupe de japonais arrive après nous et eux ont une belle place…Putain d’organisation. Toujours luxe les japonais, ils ont droit a un groupe électrogène et une tente pour la douche et une pour les toilettesIl existe une douche publique, mais un autre groupe de français est déjà et on a failli y venir aux mains. Tout ca pour se nettoyer un peu. Notre guide a décidé de se bouger un peu et a fait monter une tente pour prendre la douche, mais contrairement aux japonais, elle ne tient pas avec le vent et il faut être à deux pour la tenir.

On est tous un peu inquiet car demain matin nous allons voir le Dallol qui est le point le plus important du voyage et depuis 2 jours, le temps est très couvert dans la matinée. Le guide nous apprend qu’on ne va y rester que 45 minutes. Grosses discussions car hors de question de rester aussi peu de temps. On est prêt à se passer du repas de midi pour y rester plus longtemps. Surtout que les japonais restent 3 jours. Eux qui ont l’habitude de voir l’Europe en 5 jours, ils restent ici 3 jours alors que toi tu auras juste le temps de faire des photos.

Le village est très petit mais c’est le seul endroit proche du Dallol. Il y a qqs boutiques qui vendent des vêtements et des boites de conserveret un ou deux bars où, grâce aux groupes électrogènes, on peut trouver de l’eau et des sodas frais. On est en région musulmane donc pas vraiment d’alcool. Les caravanes de chameaux revenant de la banquise de sel traversent le village et payent à chaque passage une plaque de sel, puis partent en direction des hauts plateaux.

Après un bon repas de pâtes, tu proposes aux autres de ‘descendre en ville’ pour aller boire une boisson fraiche. Personne. Le guide ne veut pas que tu y ailles seul, donc tu y vas avec le militaire qui te tient la main. Et oui, les hommes se tiennent la main dans ses régions, mais n’imaginez pas faire de même avec une femme. Arrivé au troquet, une hutte de bois et de paille sur de la terre battue, tu rentres, tous les gens te regardent car bien évidemment, t’es le seul blanc. Ils sont assis par terre, sur un tronc d’arbre et regardent une TV qui passe des clips. Ce sont les travailleurs sur la banquise de sel qui récupèrent de leur dur labeur de la matinée. Miracle de la modernité, au milieu du trou du cul du monde, tu peux regarder des clips…

Le lendemain, c’est le grand jour mais ca commence mal, le ciel est très nuageux. Ca va être pourri pour voir les couleurs incroyables du Dallol. 4 militaires plus un guide Afar nous accompagnent. On est proche de l’Erythrée (les deux pays sont encore en guerre) et il y a 3 ans il y a eu des enlèvements de touristes

Les caravanes de chameaux et d’ânes sont déjà parties en direction de la banquise de sel et s’étirent dans le désert et les brumes de chaleur.

Number 2 commence à déconner en sortant de la piste de la voiture de tête où il n’y a que le guide et les militaires. Il se fait ramener à l’ordre car, il y a qqs temps, une voiture a sauté sur une mine, donc on rigole plus maintenant. Coup de chance, une crevaison. Ca nous fait perdre 15 minutes. Ce qui laisse un peu de temps au ciel pour se dégager. La voiture N°1 avec les militaires part devant pour s’assurer qu’il n’y a pas de risques puis nous fait signe de venir. Tout le monde est impatient de rentrer dans le volcan. Et les nuages commencent légèrement à se dissiper.

Une centaine de mètres pour atteindre le bord du volcan et déjà on commence à en avoir plein les yeux. Imaginez comme des nénuphars de calcaire de couleur blanc/brun puis de couleur jaune. Le guide essaye de nous faire rester ensemble et de nous dépêcher mais personne n’en a rien à foutre. Au fur et à mesure qu’on se ballade dans ce volcan, les couleurs apparaissent et le soleil aussi.

Chaque endroit est différent. Le spectacle est assez difficile à décrire. C’est un mélange de rouge, vert, brun, ocre, toutes les nuances de jaune, d’orange, tous les dégradés de blanc…cristallisations cubiques ou en aiguilles… fleurs de soufre… piliers de sel, totalement surréaliste. C’est vraiment un endroit unique. Et on est à -130 m au dessous de la mer, il fait entre 40 et 45° à l’ombre. Puis on atteint un autre endroit où des mares d’acide sulfuriques apportent d’autres couleurs supplémentaires. On est dans les tons dégradés de différents verts. De très nombreuses sources chaudes colorées « ornent » le site en permanence

Apparemment, tu peux venir tous les jours et tous les jours ca sera différent. Tout le monde mitraille de photos ce site unique au monde. Et dire qu’on va y rester peu de temps, juste 2 heures.

Le guide Afar nous amène sur les différents sites et marche en sandales entre les flaques d’acide. Par moment, les vapeurs d’acide irritent la gorge mais personne ne pense à mettre le masque à gaz (en fait, un masque pour peintre en bâtiment). Des mini geysers rejettent par petits jets de l’acide. On traine des pieds pour rester le plus longtemps possible mais on doit avancer au gré des ‘yallah, yallah’.

Enfin, on s’approche d’une ancienne usine d’extraction de potassium utilisée par les italiens pendant l’invasion du pays, puis abandonnée aux alentours de 1930. Les quelques machines rouillées qui restent donnent un air de désolation dans ce paysage impressionnant. Puis on part avec regret sur un autre site, un petit canyon fait de sel. Très particulier mais en comparaison du site avec les couleurs.

On arrive aussi à un lac d’hydrocarbure, « l’eau » bouillonne et a des couleurs rouges et oranges. Plein de petits insectes et oiseaux sont morts tout autour, soit par les gaz mortels soit s’ils ont cru qu’ils pouvaient boire de l’eau. Il y a plusieurs mares avec un liquide couleur ocre.

Puis, on reprend la voiture pour aller sur la banquise de sel et voir les mineurs découper les plaques de sel avec des grands bâtons, puis les découper en petites plaques et les charger sur des chameaux. Il est midi, la température est extrême et les gars n’ont rien pour se protéger ni du soleil ni du sel qui attaque leurs mains et les pieds.

Voilà le Dallol, c’est déjà terminé. On passera sur le fait qu’on n’est pas allé au lac Karum, qu’on n’est pas allé voir les autres sites. Certains d’entre nous sont très remontés, mais on savait à l’inscription qu’on restait peu de temps.

Après un copieux déjeuner, on reprend la piste pour retourner vers la ‘civilisation’… En cours de route, on passe prés de petites cascades et on s’arrêt 45 pour que les chauffeurs lavent les voitures. Sans déconner, c’est pas du foutage de gueule, perdre 45 minutes pour laver des bagnoles alors que l’on aurait pu rester plus longtemps sur place.

Faut pas être parano, mais pendant qu’on lavait les bagnoles, un gros pick up avec des militaires/miliciens est passé, s’est arrêté, a commencé à faire marche arrière pour revenir vers nous. Ils ont hésité et finalement ils sont partis. Bizarre….