Deux jours de voiture pour rejoindre quasiment la frontière chilienne. Sur la route des superbes lagunas de différentes couleurs, bleue verte, rouge. C’est assez incroyable. Il y a soi-disant des milliers de flamands roses. Bon, on va dire des petites centaines. Les autres devait être en RTT ce jour là. Plutôt peureuses ces bestioles, même à 4-5 m du bord, elles s’écartent quand tu essayent de les photographier. Beaucoup de touristes et surtout des français.

Moment magique, un bassin d’eau chaude au milieu de nulle part. Bien sur il a été un peu aménagé et on a ouvert un bar-resto à coté mais faut s’imaginer dans une eau à plus de 30° alors que dehors t’es en pull. Que des français dans le bassin. Y a que la chiante qui se baigne pas et personne ne la pousse à nous rejoindre. Bruno en faisant le con dans le bassin s’est cassé un petit doigt de pied. Un bout de sparadrap et pas un mot au guide, sinon il pourrait vouloir l’empêcher de faires les ascensions.

Bon c’est bien sympa, ces lagunas et ces baignades mais ont est venu pour marcher. Alors le Licancabur, c’est là où ca a commencé à merder pour toi.

Le Licancabur tape les 5916m et est au pied de la laguna verde. La couleur verte serait lié à l’arsenic qu’elle contient et donc pas de flamands roses dans le coin. Le refuge où on dort est glacial, c’est bien, ça nous prépare.

Réveil le matin vers 3h, le temps de se préparer, puis il y a une heure de bagnole pour aller à 4600 qui est le point de départ. Il y a un vent monstrueux, on avait jamais eu ça !!! La chiante s’est levée mais a décidé de ne pas venir.

On aura le guide, un des chauffeurs qui fera assistant guide et une des cuisinières qui a déjà tapé des plus de 6000m. Pas de neige donc tu peux monter avec tes pompes. Par contre, ce coup-ci, pas con le gars, t’as sorti tes bâtons de marche (et dire qu’il y a encore peu de temps, t’avais dit que tu arrêterais le trek si tu devais utiliser ces fameux bâtons. Mouais, y a que les cons qui changent pas d’avis). T’as 5 couches de vêtements, une bouteille d’eau dans la poche intérieur de ta goretex et ton sac de feuilles de coca dans la poche droite. C’est bon t’es paré !!!

On part de nuit, à la lueur des lampes frontales et on suit le guide tranquillement, tu fermes la marche, tu entends la cuisinière et l’assistant guide qui rigole, pour eux la montée devrait être une formalité.

Bon, y a quand même du vent et ça n’a pas l’air de se calmer. Au bout de 2h de marche, tu en as marre de faire des stops avec les autres, ça te casse ton rythme donc tu dis au guide que tu pars devant mais lentement. Il y a de plus en plus de nuages, la neige commence à tomber. La bouteille d’eau commence à geler dans ta veste et les feuilles de coca sont devenues rigides. Depuis le premier jour, on a toujours eu beau temps, ca ferait chier que juste ce jour on ait un temps pourri.

Tu laisses le guide te rattraper et tu t’aperçois que certains ne sont plus là et d’autres commencent à être à la ramasse. Même les deux Ferrari Linda et Sébastien sont sur les rotules. On est sur une arête et le vent est de plus en plus fort, il faut parfois s’appuyer sur les bâtons pour se tenir. C’est là qu’a commencé la merdouille.

Il y a devant toi celle qui se prend pour la pro de la montagne, on l’appellera ‘jemelapete’ et qui commence à s’inquiéter car il y a beaucoup de vent. Elle s’arrête, tu la rejoins et elle te dit qu’il faut faire demi tour, c’est trop dangereux. Mouais…L’arête fait 30 m de large et il n’y a pas d’à-pic sur les coté donc le risque pour l’instant ne te semble pas grand. Le guide nous rejoint et elle lui fait tout une histoire sur les risques. Le guide est surpris mais bon, il te demande ce que tu en penses ; Toi, tu pètes la forme, tu vois pas où est le risque et t’as aussi envie de faire chier ‘jemelapete’. Tu dis que t’es prêt à continuer et que la neige tient pas surtout avec le soleil qui nous réchauffe un peu. Et ‘jemelapete’, comme elle ne veut pas redescendre si tout le monde ne redescend pas, ben non son statut ne lui permet pas voyons, elle insiste. Du coup le guide nous fait nous arrêter, pour réfléchir et attendre les autres. Dix minutes à te refroidir, finalement tu pousses le guide à se décider et il te dit qu’on va continuer et qu’on verra plus haut comment c’est.

Le guide repart suivi de ‘jemelapete’ et de toi un peu plus loin. Mais tu t’es refroidit, t’as perdu le rythme, t’es en train de te cramer, et tu te dis quel intérêt de continuer si de toute façon on ne va pas au sommet et de toute manière le sommet n’est pas à 6000. En plus, dans trois jours, on tente un 6000. Vaux mieux garder tes forces. Donc tu fais signe au guide que tu lâches l’affaire et tu fais demi tour. En redescendant tu croises ceux qui sont encore là mais qui hésitent. Y en a un qui a le nez complètement gelé.

La plupart dont ‘jemelapete’ font demi tour (ben oui, elle ne fait pas demi-tour toute seule). Sauf que finalement le guide s’est arrêté et a attendu, sans nous dire que finalement il allait tenter le sommet. Donc 2 gars sont montés avec lui sans qu’on le sache car on pensait qu’on redescendait tous. Tu rattrapes à la descente Linda et Sébastien qui sont à la dérive. Seb est en train de pisser face au vent…et Linda et sur les genoux, n’a rien mangé ni bu. Il faut que tu la forces à manger et boire un peu. C’est ça les jeunes, dans les bonnes conditions, ils galopent, dés que c’est plus compliqué, il y a plus personne.

Histoire de redescendre plus vite tu passes par les pierriers et tu laisses le groupe plus haut. 300 m avant d’arriver à la bagnole tu t’exploses le tibia sur un rocher. Retour au refuge mais il manque le guide et deux personnes et à ce moment comme on croyait qu’on allait pas au sommet, on se demandait ce qu’il se passait. Ils sont arrivés 6h plus tard. La soirée a été un peu tendue sur le comportement sur la montée mais celle qui est la vraie responsable c’est ‘jemelapete’. Elle n’aurait pas foutu le doute, on aurait au moins essayé l’ascension.

Ah oui, t’as mis un petit coup de désinfectant sur ta plaie, ca devrait le faire…