Tous les matins, c’est petit-déjeuner à 6h30 pour départ max 7 heures. Ce matin, vu le merdier de la nuit, tout le monde est levé tôt. Il y a encore un peu de vent. Tu gardes ta polaire et gore-tex. Le vent continue à souffler. En plein désert à 10h30 du matin, avoir une polaire et une gore-tex, ça fait quand même chier… T’as du sable plein les yeux et plein l’appareil photo. Il n’apprécie pas trop et il rendra l’âme en fin de journée. Obturateur définitivement bloqué.

On marche vite, car le vent nous use et on est pressé de s’arrêter. Le guide nous emmène dans des rochers où la rébellion tchadienne a résisté (oui, c’est pas un pays qui a été très calme les décennies précédentes). Il reste des impacts de balles sur les rochers, des douilles un peu partout. Ça a soufflé toute la journée pour se calmer en fin de journée. Ce coup-ci tu montes la tente au cas où…

Nuit de récupération, plus de vent.

Le matin, on a droit aux mouches et dès qu’il fait soleil, elles disparaissent. Tant que tu n’as pas sorti ton nez du sac de couchage, t’es tranquille, à peine tu es dehors, elles sont sur toi. Le vent avait un avantage…

On remarque que le guide évite systématiquement les villages. On a dû le travailler au corps pour qu’il accepte de nous faire passer près des villages, surtout qu’il est du pays, donc ça devrait pas être un problème pour lui, à moins qu’il ait honte de nous. Finalement, on y est arrivé. En fait, dans les 2-3 villages qu’on a vus, il n’y avait que des jeunes filles et des femmes. Aucun homme à l’horizon, ils sont soit en train de s’occuper des troupeaux, soit à Faya pour travailler. Une des femmes vient d’avoir un bébé, il doit avoir 2 mois. Notre ami Louis, qui est un ancien médecin, le prend dans ses bras. La femme s’y attendait pas, à la fois de la part d’un homme et en plus d’un étranger. C’est aussi l’occasion de faire une pause shopping. Les femmes apportent de la vannerie qui semble locale, et des colliers avec un petit côté ‘made in China’. Et oui, jusqu’ici. Pour aider au business local, on repartira avec une pastèque, des galettes de pain toutes chaudes et de la vannerie. Alors, quand on parle de villages, c’est plutôt des campements en osier recouverts de bâches. Étonnement, les maisons sont jamais près des palmeraies, mais plutôt en plein cagnard. Peut-être à cause des bestioles…

Du coup, comme ça s’est bien passé au village (on a demandé l’autorisation avant de faire des photos), le guide nous fera passer par les autres villages sans qu’on lui demande. Deux des jeunes chameliers ont sorti leur tenue du dimanche. Oui, comme on passe près des villages, ils ont besoin de se faire beau pour se montrer auprès des filles. Comme quoi, même au bout du monde… Y en a un qui a une djellaba orange, du coup son surnom, clémentine.

C’est difficile à décrire mais les paysages sont fabuleux. Le soir, certains bivouacs sont prévus à côté de cabanes fabriquées exprès pour les rares touristes qui passent. La cuisinière s’installe dans l’une, mais on préfère tous dormir dehors sous le ciel étoilé à attendre les étoiles filantes. Un des chameliers est super marrant. Tous les soirs, il se joint à nous, même s’il n’aime pas notre nourriture et rigole avec nous. Il a vu ton tatouage et il ne comprend pas ce que c’est. Il croit que c’est un dessin et il faut qu’il frotte avec son doigt sur ta peau pour essayer de l’effacer. Il croit que tu le pipotes et demande auprès des autres si c’est vrai. Il essaye aussi de nous apprendre la langue toubou et le lendemain vérifie si on s’en rappelle.

Il semble que c’est lui le patron des chameliers et c’est lui qui prépare le repas des chameliers. De la farine de mil, de l’eau et il en fait une boule qu’il fait cuire. C’est leur repas quotidien qu’ils trempent dans une sauce à la viande. Entre hommes, c’est eux qui font la bouffe mais à la maison, même pas en rêve, c’est un boulot de femme.

T’as gouté, c’est pas mauvais, tout dépend de la sauce à base de viande. Pour déconner, tu lui demandes si la viande ça pourrait être son chameau. Oui, il parle tout le temps de son chameau. Au début, on croyait qu’il l’appelait ‘Catherine’ mais non, c’est un mot toubou qui veut dire ‘qui porte beaucoup‘… Il te regarde surpris, genre t’es con de poser une question pareille. Sa réponse est fabuleuse : ‘Mais c’est mon camion’, qui veut dire : ‘T’es con, je mange pas mon outil de travail’.

Une boisson incontournable : le thé. C’est du thé vert mais pas à la menthe. Dès qu’on arrive à midi ou le soir, on boit du thé. Il est super chaud et extrêmement sucré. Notre chamelier a, une fois, préparé le thé. Pour vous donner une petite idée, dans une tasse, il met 8 morceaux de sucres. Ça laisse imaginer ce qu’il met dans une marmite.

On s’est arrêté près d’un lac, au milieu de nulle part mais impossible de se baigner..