Nouveau groupe, nouveau guide, nouveau cuisinier.

Dès le début ça commence mal. Le guide, un jeune avec un peu trop d’assurance, fait la répartition entre les voitures. Il oblige deux du groupe à se serrer sur un siège avant d’un 4*4 alors que, lui, va monter seul sur le même type de siège. Toi t’es assis devant dans un véhicule mi-4*4, mi-camion quand le guide passe te voir et te dit qu’il va falloir être deux sur le siège. Tu lui dis que même pas en rêve. Il y a 8-10 h de pistes et il a qu’à se démerder pour mieux organiser les bagnoles ; Dans ton véhicule, il y a plein de places à l’arrière mais comme rien n’est rangé. Puis il se prend la tête avec le cuistot. Tu sais pas ce qu’ils disent mais ça se passe mal et ils doivent aller chercher le gars de Point Afrique pour régler le problème. Le gars leur dit ‘faites vos preuves et on verra après’. Le cuistot monte avec toi dans le véhicule. Donc aucun touriste, juste le chauffeur, le cuistot et toi alors qu’il y a plein de places. Les autres sont entassés dans les deux autres 4*4 sauf le guide.

On part, on est déjà en retard. Mais on s’arrête pour aller remplir les bidons d’eau. Le guide avait eu tout le temps de le faire avant mais non… Pareil, il s’arrête pour aller récupérer de l’argent. Résultat on perd 30 minutes alors qu’on était déjà à la bourre. Le cuistot est super énervé contre le guide. Il porte des gants en polaire dans la bagnole alors qu’il doit faire au moins 35°. Tu lui demandes pourquoi? C’est parce qu’on lui a offert. C’est con que t’avais pas une doudoune en plume d’oie en trop… Bon, il les portera pas longtemps.

Le chauffeur a reçu une balle en pleine mâchoire lors de la guerre contre la Libye et il a dû être soigné en France car il connaît tous les hôpitaux parisiens. En tout cas, il a des petits beignets super bons et t’as passé une grande partie du trajet à les grignoter.

On est pas sorti de la ville que sur la première dune, un des chauffeurs s’ensable. Putain, on est pas arrivé. Le vent s’est levé, on voit pas grand chose. Premier stop pour le déjeuner. Il y a tellement de vent qu’on mange dans les bagnoles. On devait avoir des sandwichs mais il y en a pas, un oubli ??? Du coup, on prépare la popote dans les voitures car trop de vent. On s’est arrêté à côté d’un gros camion qui est en panne. Les gars sont là depuis plusieurs jours en attente d’une pièce de rechange pour le moteur. Sont pas arrivés, les gars. Un peu plus loin un vieux tank ensablé, un mec y roupille à l’abri de la tempête.

Traversée en direction sud-est. Le chauffeur de tête est le seul qui ne connaît pas le chemin. Entre lui et le guide, ça fait la paire. Ils se repèrent aux énormes bidons noirs qui bornent la route pour indiquer le chemin mais la moitié sont ensablés.

Je vous passe les différents ensablages et pertes de chemin où ton ami le cuistot dort pensant qu’on essaye de désensabler les bagnoles. Vu le retard qu’on a pris, grosse discussion avec le guide sur la suite ; on est très loin de l’arrivée, il commence à faire nuit et on est censé commencer à marcher demain matin. Donc grosse discussion. Les chauffeurs sont payés pour rouler de 8h à 17h et si on veut être demain matin assez tôt pour démarrer le trek il faut qu’on roule encore. On roule deux heures dans la nuit, sympas les chauffeurs !!!

On s’arrête dans un coin qui doit être les chiottes des dromadaires. Tu te trouves un coin à peu près ‘propre’ mais il faut qu’il y en ai un autre qui s’installe à un mètre de toi, en plus un gros qui doit ronfler. Comprends pas !! Du coup, tu te barres ailleurs.

Le cuistot fait ce qu’il peut, il est plein de bonne volonté mais c’est pas un éclair. En plus, on n’a pas de quoi faire le feu. Comme chacun a pris son matelas en mousse pour son lit, il y en a plus assez pour s’installer pour dîner. Donc tu proposes que pour les prochains bivouacs, on ne prenne les matelas qu’après le repas. Ça parait pas trop con comme idée. Mais non, comme il sont pas tous de la même épaisseur, chaque soir, on se dépêchera de prendre en premier les bons matelas et de laisser les autres. Tu te fais avoir une fois, deux fois, après, tu fais comme comme les autres.

Lendemain matin, avec qqs herbes et merdes séchées, le cuistot a pu faire du feu, il s’est levé à 4h du matin pour nous faire le thé. On remballe tout pour repartir rapidement. On commence à voir de plus en plus de chameaux. Les paysages sont superbes : de très grands blocs et pitons de pierre rouge, du sable orangé, de l’herbe jaune et des acacias verts. Arrivé au point de ralliement à 8h30 comme prévu, pas de chameau. On est à l’extérieur d’un petit village. Une cahute a été construite pour les chauffeurs qui vont attendre notre retour.

Les chameliers arrivent vers 10h. Euh quel intérêt d’être arrivés si tôt finalement ?? Grosses palabres entre le guide et les chameliers, plus un local qui vient s’en mêler. On apprend que notre guide est un homme de la ville, qu’il n’est jamais venu dans la région. Putain, on est pas arrivé !!!! Finalement, une fois qu’ils se sont mis d’accord, on doit attendre les voitures qui sont allées remplir les bidons d’eau. Ensuite il a fallu tuer la chèvre même si on la mangeait pas de suite. Puis le cuistot, en rangeant ses cartons, s’est aperçu qu’il manquait les boites de thon, le chocolat en poudre et pas mal de trucs. La dream team…

Tu sens que ça va pas le faire ce trek et tu vas pas avoir tort. On part devant avec le guide et le pisteur (ouais un local, vu que notre guide ne connaît pas le chemin). Et on reprend le chemin par où on est venu en bagnole. C’est con, on aurait dû récupérer les chameaux avant, on aurait fait moins de bagnole.

En fin d’après-midi, on s’arrête pour attendre nos chameaux mais rien, pas un, alors qu’ils auraient dû nous rattraper depuis longtemps. Le pisteur avait voulu qu’on marche avec les chameaux, nous on voulait pas attendre. Du coup, il nous fait la remarque qu’on aurait dû rester avec eux. Ouais, c’est la première fois de ta vie qu’en trek tu restes avec les chameaux. Généralement, on se retrouve à l’arrivée car chacun prend un chemin différent. Tu dis au pisteur que peut-être, ils ont pris un chemin différent et qu’ils nous attendent au camp. Non, c’est impossible, il n’y a qu’un seul chemin. Ah, si un spécialiste le dit, alors…

Il commence à faire sombre presque nuit, et finalement le pisteur décide d’aller au camp tant qu’on y voit quelque chose. Et oh miracle, qui nous attend ? Notre équipe de chameliers qui est là depuis plus de 2 heures et qui a pris un chemin différent !!! Oulala, ça part mal !!!

Les gros blocs de pierre rouge sont de vrais radiateurs, ils emmagasinent la chaleur du soleil pendant la journée et le soir tu sens la chaleur dés que tu es à moins d’un mètre d’eux. Incroyable !!!