Bande de mécréants,

bien sûr que t’as eu ton billet d’avion et en plus à un prix cassé. Trop fort le mec de l’agence de voyage. Il a un look particulier, il se laisse pousser les poils mais il est pas très barbu, donc il a 10 poils sur le menton, chacun de 7-8 cm et autant à chaque oreille, ça lui fait un petit côté Maitre Yoda !!! Bon, le vol est sur la compagnie KBZ, ça doit être pour ça ce prix si bas. Jamais entendu parlé. Elle doit être sur la liste noire celle-là et appartenir à un mec de la junte. T’as jeté un œil sur internet, il semble que ça lui arrive d’atterrir alors que c’est pas prévu. Mais bon, après des vols intérieurs papous et mongols, t’es blindé !!! Départ lundi aprèm et retour samedi, InchBoudha ! ( Inch allah, c’est pour les pays musulmans)

Et mea culpa pour la langue birmane, le bled s’appelle Mrauke U. Ça doit être le U à la fin qui fait le côté miaou.

Parlons un peu de tes petits malheurs : En moins de 2 jours tes sandales m’ont filé des cloques, donc t’as acheté des tongs qui elles te font mal ailleurs. Putain, va falloir que t’alternes sinon tu pourrai plus marcher. Et avec l’humidité (t’as laissé des feuilles de papier dans ta chambre, en rentrant elles étaient toutes molles à cause de l’humidité), faut pas imaginer que les cloques vont sécher. On dirait un vieux qui se traîne dans la rue.

C’est clair qu’il y a rien à foutre au centre ville de Rangoon, donc t’as décidé de sortir de la ville. La bible (Lonely Planet) parle d’un petit village Twante mais il ne te le vend pas vraiment. Généralement quand ils te le survendent dans le guide, c’est pas top, alors tu t’attends au pire. Bah pourquoi pas. D’abord tu prends un ferry pour traverser le fleuve. Ça doit être 20 centimes le prix local et c’est 2 $ le prix touriste. Sur le ferry (le trajet dure juste 5 minutes pour traverser le fleuve) y a quasiment autant de passagers que de vendeurs de bouffe et de babioles.

T’es le seul touriste sur le ferry, forcement à l’arrivée on essaye de t’alpaguer. Toi, tu cherches une sorte de pickup pour y aller mais finalement tu te rabats sur une moto-taxi. Alors, pour les parisiens, les moto-taxis ici, ce sont pas les Goldwin tout confort de Paris. Ce sont des scooters. Tu trouves un mec qui t’y emmène pour 3$ mais t’as aucune idée de la distance. Si ça se trouve c’est à 2 minutes. Pour la sécurité, il y a un casque. Imaginez un casque en simili plastique de la même forme que les casques de la 2eme guerre allemande et le chauffeur en a un style camouflage avec un filet dessus. Le tien, il est 3 fois trop petit.

On a pas fait 300m que le gars s’arrête pour faire le plein. Bon, ça doit pas être à côté ce bled.

Et on repart. Alors, est-ce que c’est la pression d’avoir un touriste, mais on a jamais dépassé les 30km/h. On s’est fait doublé par tout le monde. On a juste doublé une charrette, oui !!! On a baissé la tête et profité de l’aspiration. Y a même un mec en bagnole en nous doublant qui nous a fait signe d’accélérer. Rappelez-vous Defunes et Bourvil, on a fait le remake de la grande vadrouille version birmane. L’avantage, tu sors ton appareil photo et tu fais des photos tranquillement. On est passé devant des flics, il y a eu un coup de sifflet, est-ce que c’était pour toi ? Bah, en tout cas, on s’est pas arrêté. De toute façon, ils auraient voulu nous arrêter, il suffisait qu’ils marchent un peu vite pour nous rattraper.

Grande ballade au milieu des rizières. Ouais, le trajet à cette vitesse a pris presque une heure (rappel, t’as payé 3$). Sur le bord de la route, il y a devant chaque maison sur pilotis, une sorte de marre boueuse où tu oserais pas foutre un pied dedans et derrière des grandes rizières à perte de vue. T’alternes des baraques en bois brinquebalantes avec des maisons en brique. A un moment on se fait doubler par un pickup (ben oui..). Je sais pas si vous connaissez les transports locaux en Afrique, mais là-bas le taxi brousse prévu pour 10 personnes fait rentrer 25 personnes et pour être sûr que tu es bien bloqué, on te rajoute 2-3 mamas. Là, c’était pire, les gens étaient dehors. Ici, les motos et voitures sont construites autour du composant le plus important, le klaxon. Les mecs klaxonnent pour tout. Si t’en as pas, t’es mort. Ils ralentissent juste quand il y a des vaches, car elles s’en foutent du klaxon.

Juste avant d’arriver à Twante, tu vois sur la gauche un complexe en train de se construire autour d’une immense piste de skateboard. T’es au milieu des rizières et y a un mec (forcement de la junte) qui a construit une immense piste de skateboard et il construit des bungalows autour. Va comprendre.

Bon alors Twante, comme pressenti, pas grand chose à faire. Ton chauffeur/pilote repart (il doit encore être sur la route vu sa vitesse). Il y a juste un immense stupa doré de plus de 50m qui a plus de mille ans. A l’entrée faut faire un don (c’est pas obligatoire mais très fortement conseillé). Au moment où tu cherches ton pognon, le moine à l’entrée se lève et regarde combien tu mets dans la caisse et t’as le droit à un ‘thank you for your cooperation’ puis il se rassoit. Mouais il a fini de bosser pour la journée. Ici, dans les lieux de culte, tu enlèves tes chaussures. Seul problème il est 13h, le soleil a cogné dur (t’as choppé des coups de soleil..) donc le sol est brûlant.

Contrairement aux églises, les lieux de culte ici sont plus, comment dire… open. T’as des familles qui viennent apporter leur repas, d’autres font la sieste. Donc voici une petite proposition : A ton retour, on organise un pique-nique à Notre-Dame. On verra si le cureton est aussi open. Une fois que t’as fait 3 fois le tour du stupa, tu dis que tu vas passer à autre chose. Bon, la rue principale, une fois que tu as fait un aller retour, acheté un beignet et une bouteille d’eau, tu peux te dire que tu as vu les hot-spots du coin.

Il fait chaud et lourd, tu te dis que tu vas raccourcir ta tignasse. Le matin, t’avais cherché un coiffeur à Rangoon mais il y avait la queue. Et là, il y a une bicoque en bois, un vieux fauteuil, 3 miroirs et 3 posters donc tu y vas. C’est certainement la première fois qu’un touriste se pointe. Tu rentres dans le « salon ». Oui t’as mis salon entre guillemets. Il y a des morceaux de bois par terre, des restes de composants d’une TV. Le coiffeur, plus que surpris (tu m’étonnes) t’installe, te met un truc autour du cou, puis c’est la tentative de comprendre ce que tu veux comme coupe. En plus, il utilise que la tondeuse. Va lui faire comprendre que tu veux des mèches avec un dégradé. Tu te bases sur sa coupe pour essayer de lui faire comprendre la longueur que tu veux et puis InchBoudha. Alors ici, pas de désinfection des outils de travail, on ne te lave pas les cheveux, pas de séchage et pas de gel. Et ça a coûté 50 centimes. Jean-Philippe, tu as vu la marge que tu fais sur tes coupes !! Et va pas me sortir Hollande et ses taxes. Bah finalement, c’est pas catastrophique mais ça gratte un peu. Ce soir shampoing…

Maintenant, il faut retrouver une moto pour le retour et tu te dis que ça va être cool le retour. Que nenni, t’es tombé sur un Fangio. Ton casque est trop grand et avec le vent il s’envole donc tu le tiens avec une main sur ta tête et de l’autre tu te tiens désespérément au scooter. Le problème est quand tu t’approches des ponts, ça fait comme une petite bosse et il ne ralentit pas. T’as le choix, soit tu te tiens au scooter pour pas tomber soit tu tiens ton casque, un dilemme.

Y a pas un mec qui nous a doublé, ton chauffeur doit être pressé de retourner voir maman pour rouler aussi vite. T’as pas regardé le paysage, t’as juste regardé les trous sur la route en espérant de ne pas te vautrer. Oui, t’as oublié de préciser que la route est très déglinguée et qu’un scooter français rendrait l’âme au bout de 3 jours. Véridique, t’as repensé au fait d’avoir ou pas pris une assurance sur ce voyage. T-shirt, tongs et short, à la moindre gamelle, t’avais plus de peau. A un moment, Fangio prend un trou, gros bruit de ferraille dans le scooter. Le mec tend l’oreille pour voir si ça vient bien de son scooter. Oui, tu confirmes, ça vient bien du scooter où t’as le cul posé dessus. Bon, il freine, tu te dis qu’il va s’arrêter pour voir ce qui va pas. Même pas, il repart de plus belle. C’est con, on aurait pu vérifier si on allait perdre la roue avant ou la roue arrière en premier, ça aurait permis d’anticiper la gamelle. Ensuite il a envie de cracher. Oui, ici, ils mâchouillent une feuille avec un bout de noix de bétel, ce qui leur fait les dents et gencives toutes rouges et ils crachent donc beaucoup. Bon, ben, essaye de cracher en conduisant une moto sans te le reprendre sur la gueule (ou pour ton passager). Donc pour cracher, il se penche fortement sur la gauche et de la main gauche pousse le guidon et donc on tourne a droite direction le bas côté. Il a pas recommencé. On a du mettre trois fois moins de temps au retour et pas un pékin nous a doublé !! Fier le gars. Et en plus il essaye de t’entuber sur le prix. Pour se remettre, une bonne tranche d’ananas frais. Ils trempent un morceau de citron dans le sucre et frotte l’ananas avec. C’est pas mauvais.

Sur le ferry au retour, tu transpirais tellement, qu’un ado à côté de toi t’as refilé un mouchoir…surprenant, non ? Ouais il fait super moite ici, c’est pas le contrecoup de la trouille sur le scooter!

Retour dans les embouteillages de Yangoon et tu décides d’aller voir la pagode Shwedagon. Immense, dorée, c’est impressionnant. Bien sûr le touriste est ponctionné de 8.5$. L’argent va certainement à la junte. Et là, c’est le choc, toi qui avais quasiment pas vu de touristes, ils sont des centaines ici. Quelques routards mais surtout des groupes. Ici c’est plus ‘moderne’ : tout autour du stupa, il y a une sorte de tapis sur lequel tu peux marcher si le sol est trop chaud. Trop fort, ils ont pensé aux touristes.

Il y a enfin d’autres touristes à la guesthouse, j’ai dîné avec un couple de français. C’est elle qui décide de tout et lui suit… On a pris des plats au hasard, ben..certains piquent…mais piquent très forts…Ça te chauffe tellement la bouche que tu en oublies tes coups de soleil dans le cou et tes cloques au pieds…

Il y a enfin d’autres touristes à la guesthouse, t’as dîné avec un couple de français. C’est elle qui décide de tout et lui suit. On a pris des plats au hasard, ben, certains piquent, mais piquent très forts. Ça te chauffe tellement la bouche que tu en oublies tes coups de soleil dans le cou et tes cloques au pieds.

Aujourd’hui, comme tu as du mal à marcher avec tes cloques, t’as décidé de faire ta seule action ‘culturelle’ du voyage au musée et ensuite un tour en train. Il y a un musée où tu peux voir de très grosses pierres précieuses. Donc, tu vas au musée national. Quatre étages de musée poussiéreux et pas une pierre précieuse. C’est quoi ce bordel ? C’est en rentrant au centre ville que tu t’aperçois que tu t’es gouré de musée, le boulet.

Tu fonces à la gare de train (Delphine, t’as pas fait de photos car rien d’intéressant). Tu vas au guichet pour les touristes. Devant toi, 2 vieux kiwi (pas le fruit, ni l’animal, les habitants de NZ). Ils ont les infos, il y a 2 trains. Un qui part dans un sens avec des wagons climatisés et un autre dans l’autre sens avec juste des ventilateurs. Ils prennent l’option clim. C’est con de prendre un train local avec la clim. Tu vas être derrière des fenêtres fermées (Guy, ça te rappelle le Mozambique). Tu prends l’option normale. Tu t’attendais à avoir plein de locaux avec des sacs de fruits, des poulets mais pas du tout. C’est même super propre à l’intérieur, c’est normal, ils balancent les bouteilles vides par la fenêtre. Pas de portes, pas de fenêtres fermées. T’as des gamins qui se baladent dans le train, des fois il sont très prêts des marches et tu te dis que s’ils trébuchent, ils sont sur les rails. Les parents disent rien.

Le train fait le tour de Rangoon. Vu la vitesse à laquelle il roulait, tu t’étais demandé si c’était pas ton premier chauffeur de scooter d’hier qui conduisait le train. Dès qu’on est sorti du centre ville, c’est nettement plus pauvre, des cahutes en bois en mauvais état. T’as des étals de fruits à 50 cm du bord des rails mais c’est pas un pb. La boucle prend 3h, il y a une vingtaine de stops. Au début, c’est sympa, après ça fait long. En plus avec ce putain de pantalon qui te colle au banc (voir la partie Point Boulet). 3h de train pour 1$. Birman railways va arriver en France et planter la SNCF !!

Demain envol pour Sittwe et après il faut trouver un bateau pour remonter un fleuve pendant 2h (ou 6h, c’est pas encore clair) pour aller à Miaou ville. Selon le patron de la guesthouse à Rangoon, il y aurait dans cette région un couvre-feu à partir de 18h et les musulmans n’auraient pas le droit d’aller dans cette région. T’as essayé d’appeler un hôtel pour réserver mais ça marche pas. On verra si tu peux envoyer des emails.

Quelques infos sur les locaux :

Concernant les fringues locales, les hommes et les femmes portent une pièce de tissu enroulée autour de la taille (un langwi) mais de plus en plus de jeunes sont passe aux jean’s. C’est con, ils doivent avoir trois fois plus chaud en jean’s.

Certaines femmes et les enfants se mettent une sorte de pate jaunâtre (qui vient d’un arbre) sur les joues. Ah oui, je sais plus si je vous ai dit comment on attire l’attention de qqun, comme un serveur, un taxi., tu fais le bruit appuyé d’un bisou. Oui, ça surprend au début.

Sur Rangoon, les motos sont interdites. La raison : 2 versions. Un big boss de la junte aurait eu un accident à cause d’une moto donc depuis c’est interdit. 2eme version, les mecs de la junte ont peur qu’un mec en scooter les flingue et s’enfuit.

Point opportunité de travail :

Véro, j’ai enfin trouvé ta guesthouse. En plein centre ville de Rangoon, au milieu d’un parc. Un très vieux bâtiment colonial à retaper (y a du boulot). La taille ? 20 fois la taille de la mairie de Menton (3 fois celle de Paris pour ceux qui n’ont pas eu la chance de venir à Menton). Donc, belle guesthouse style palace, certainement la possibilité de faire une piscine. Hé !! Vero, ça change des trucs pourris que j’avais auparavant trouvé. Bon, y a un petit hic, si tu veux monter un business ici, faut être maqué avec la junte locale. Fais une recherche sur Meetic, y a peut-être un colonel qui cherche une française. Promis, je viendrais te voir.

Point shopping

Coco, j’ai trouvé ta grenouille en osier, j’ai pris un plus petit modèle sinon elle rentrait pas dans le sac. Par contre, je te laisse acheter la peinture rouge.

Dorane, c’est un peu plus compliqué. Au marché, les boites laquées avaient un look made in China. Du coup je suis allé au Strand Hotel. Pour info, c’est un des hôtels mythiques de l’époque coloniale anglaise. Tout anglais qui se respecte va y dormir au moins une nuit. Effectivement, il y a que des groupes de touristes là-dedans. Tu rentres dans l’hôtel (même habillé comme un pouilleux, du moment que t’es un touriste ça passe), il fait -15°, c’est plus de la clim, c’est du congélateur. T’es allé à la boutique de l’hôtel en ski de fond entre 2 congères, mais bof, pas convaincu. Je regarderais sur Mandalay mais envoies moi une photo.

Point boulet

Pour ceux qui sont pas familiers de tes emails, généralement à chaque voyage, tu tombes avec un boulet qui aurait mieux fait de rester dans son pays. C’est un peu le fil rouge du voyage.

Et tu crois avoir trouvé le boulet de ce voyage, il est en train de taper sur ce clavier.

– Après 2 jours, tu viens de m’apercevoir que ta montre n’était pas réglée à la bonne heure.

– T’as des cloques à chaque pied et les nouvelles tongs te font encore plus mal.

– Erreur sur le musée.

– Comme t’as un coup de soleil, t’es parti avec ta crème solaire dans la poche de ton pantalon. Tu sors du taxi, le tube était ouvert, j’en avais plein le pantalon. Dans le train, t’étais collé au banc.

Et tout ça en deux jours !!!

Le boulet Ricardo.