Salam aleikoum,

Comme mes petites misères vous font rigoler…

Y a des règles de base à connaître dans le désert. Ne jamais partir avec une seule bagnole. T’imagines facilement la raison en cas de panne. On doit rejoindre le village de Soleb pour voir encore des ruines. Juste avant on s’arrête dans un bled, dernier point pour acheter de la bouffe et de la flotte pour les 2 prochains jours. Moubarak s’installe tranquillement pour prendre un café et te laisse te démerder. Oui t’as signé pour en chier. Tu prends 15 litres de flotte, un peu de pain, des falafels et une boîte de thon.

On commence à s’engager sur une piste direction plein désert. Bon… Au bout de qqs kms, on voit une sorte de camp fait de branches, de cartons, style camp de réfugiés en plein désert. En fait ce sont des chercheurs d’or. Il est 12h trop chaud pour bosser, ils sont tous allongés dans le peu d’ombre qu’ils trouvent. On tape facilement les 40 degrés. Plus loin un bâtiment avec des broyeuses de pierres avec lesquelles ils espèrent extraire de l’or. Puis plus rien, on est sur une piste en plein désert. Personne. A la moindre merde… bon t’as 15 litres d’eau et comme le Soudan est super moderne, tu captes avec ton tel. Incroyable. Au bout de 20 kms, on retrouve une nouvelle route asphaltée et on rejoint le bled de Soleb.

Il est 14h, Moubarak te montre la maison où tu vas dormir. Lui, va voir des amis dans un autre village et il ne revient que demain vers 8h,inchallah et démerdes-toi. C’est une maison traditionnelle immense de couleur gris clair et ocre avec une grande cour avec des chambres puis une deuxième cour intérieure. Et pas très loin de la mosquée… Il y a le grand-père Mohamed, quasiment sourd, sa fille et son petit-fils. Moubarak te présente à la famille, t’expliques 2-3 trucs de base et se casse. Même si le vieux monsieur voit passer des touristes, il connaît pas deux mots d’anglais.

Ça va être folklorique car en plus tu y passes deux jours. On t’apporte du thé et du pain traditionnel et le vieux monsieur vient te faire la conversation. Faut un peu imaginer la situation. 1h de discussion avec un vieux monsieur quasiment sourd où personne ne parle la langue de l’autre…en plus il faut crier pour qu’il entende. Ça aurait mérité d’être filmé. Il te montre les photos des précédents touristes et toi celles que tu as prises ici. Tu comprends rien à ce qu’il te raconte mais tu souris et tu lui dis « tamam » qui a le sens de bien, bon, ok.

Ouais ici après les salamalec d’usage, on te demande tamam et tu réponds tamam.

1h de sieste brûlante plus tard. Même à l’ombre tout ce qui est en métal est brûlant. Papy est de retour pour t’accompagner à 100m sur le site dédié au dieu Aton. Il essaye de te dire plein de choses, tu fais le mec qui a compris et c’est reparti pour du tamam.

La différence entre la maison et le site ? Environ un million de mini moucherons qui en ont rien à foutre de ton anti-moustiques. Mais alors vraiment rien à foutre. Tu comprends pourquoi ils portent un turban les locaux, sinon ils squattent dans tes oreilles. Y a même un local qui s’est fabriqué une moustiquaire pour la tronche. Un cauchemar. Juste à côté du site archéologique, il y a le Nil et les plantations. Le vieux t’y emmène car il doit faire boire son âne. En fait, les millions de moucherons, c’était juste l’avant-garde. Ils sont des milliards dans la verdure. Encore heureux qu’ils te bouffent pas le sang sinon tu serais mort en 5 minutes. T’es retourné chez le vieux prendre ta moustiquaire pour tête (oui ton expérience au Kamchatka, jamais voyager sans elle). Et encore, même avec ça c’est à peine tenable. Après le coucher du soleil, plus une bestiole.

Le petit vieux a vu que t’avais pas grand-chose à bouffer, il t’apporte un bol de soupe faite maison avec leur pain traditionnel, fin comme une feuille de brick. Délicieux. L’accueil soudanais. Y a pas la lumière dans le village donc chacun a son groupe électrogène. Celui de la maison est à 20m de ton lit. Tu l’entends bien, trop bien. Faut espérer que la mosquée n’en a pas.

Le vieux repasse te voir pour te filer une couverture et voir si tout va bien. Tamam. Et bon, la couverture avec 30 degrés, c’est gentil mais bon… T’es installé dehors dans la cour. Tiens, le vent se lève, cool, t’auras pas de moustiques. Ouais il devient de plus en plus fort et c’est plus vraiment tenable. Au bout de deux heures, tu te dis que tu vas pas dormir. Tu vas dans une chambre mais l’air est suffocant de chaleur et de poussière. Tu te réinstalles dehors en te disant que la nuit va être longue, très longue. Mais c’est pas fini… Le vent commence à être frais et tu commences à te peler. Du coup merci papy pour la couverture.

Bah, t’as bien du dormir une heure. Et le comble, c’est que pendant ce temps, un chat est venu bouffer tes falafels et ton pain pour demain.

Seul point positif, hé hé, t’as pas entendu la mosquée. Faut bien trouver un truc bien sinon…dur..

Ce matin, t’as même dû sortir ta polaire à cause du froid. Ils connaissent pas la neige ici mais avec ta chance.

Ricardo qui dort que d’un oeil