Kassala, dernière étape avant le retour vers Khartoum.

Lever à 5h pour arriver à 15h. Après trois jours dans la fraîcheur de Port Soudan, le choc en sortant du bus. Une chaleur. T’as choisis le top du top comme hôtel. Et bien, euh, vaut mieux pas aller voir la catégorie en dessous. Même en fermant les yeux tu vois la crasse dans la salle de bain. Imaginez le matelas quand vous soulevez les draps.

Kassala est au pied d’énormes blocs arrondis en granit très impressionnants. Tapez Taka Mountain sur Google. Et au pied, le village de Toteel qui a tout compris au business. Ils ont peint des rochers de différentes couleurs, arrangé des petits coins pour boire du thé et manger du popcorn. Et comme par hasard il y a une source qui favoriserait la fertilité. Du coup c’est le hot spot pour les nouveaux mariés. Faut éviter de venir le week-end car c’est blindé. Le souk de Kassala est impressionnant, très traditionnel à part la petite partie de fringues et chaussures made in China. T’as dû déambuler au moins 3h. C’est vrai que t’as du temps. Il y a un monde incroyable. Il y a plein d’ethnies différentes que tu reconnais à leur tenue. Les hommes Rashaida portent en plus de leur djellaba un veston. Oui il fait pas assez chaud ici…. Tu reconnais les femmes Rashaida à leur tchador tout noir agrémenté de plein de brillants. T’es allé voir les couturiers, ils ont voulu faire des photos, ça vous permettra de voir la tête des futurs Marc Jacobs et Lagerfeld soudanais. On t’a passé commande pour un de ces voiles. Comme t’as sympathisé avec les couturiers, ils t’ont emmené voir les femmes qui vendent ces tissus. C’est super cher et t’arrives pas à te décider. Du coup une cliente qui voulait rentrer dans la boutique mais qui ne voulait pas parce qu’il y avait des hommes a commencé à piquer un scandale dehors. C’est un mec qui est sorti pour la calmer. Oh putain, on est au Soudan ou pas, qui dirige ici !!! 🙂

Tu croises parfois des Beja toujours très dignes avec leur vieille épée traditionnelle. Certains ont une coupe à la Jackson Five. Et toujours ces femmes avec leur voile très coloré. Par contre grosse déception. T’es rentré dans les magasins où ils vendaient ce type de tissus pour en ramener, c’est du made in India.

Le souk est blindé de monde, même le soir. Une particularité, au-dessus des échoppes, il y a des bars. Un soir, tu voyais du monde à l’étage, de la musique et des escaliers. Bah, allons voir. Bon, y a bien sûr que des hommes, des jeunes assis sur des petits tabourets en train de regarder des clips locaux à la tv. Pas un clip de Rihana, pas une Pinacolada où un Mojito. T’as le choix entre thé et café. Ils ont été surpris en te voyant débarquer et t’asseoir. Ton voisin a essayé de faire la conversation mais pas simple.

Ce matin, t’as décidé d’aller marcher dans les montagnes. Il est 9h ça cogne déjà. T’as pris 5 litres de flotte au cas où. Trop chaud pour mettre des pompes, tu pars en sandales, grosse erreur. Vous vous rappelez du film où un gars, dans les montagnes, se coince un bras entre deux rochers. Et il doit se couper le bras pour s’en sortir. Et bien t’y as pensé et du coup t’as vérifié que ton téléphone captait. Bah, on sait jamais.

L’idée est de partir du pied de ces montagnes et de monter à un col entre deux pitons. Il y a pas de chemin et faut essayer de passer entre les rochers. Au bout de 45 minutes, tu peux plus monter, trop pentu et pas confiance dans tes pompes, surtout qu’après il faudra redescendre. C’est en redescendant que ça a merdé. Ta sandale s’est accrochée à quelque chose et t’a bloqué le pied. T’es parti dans la pente la tête en avant. Et bien à ce moment tu t’es dit « merde, t’as pas d’assurance ». Plus de peur que de mal. Mains et jambes un peu écorchées. C’est la sandale qui s’est déchirée. Impossible de continuer, t’es dans l’échec, plus qu’à redescendre. Un de ces jours faudra que tu prévois quand même un antiseptique et surtout que tu le laisses pas dans la chambre. Parce que se désinfecter au jus de citron, ça pique très fort. Retour en ville pour trouver un cordonnier qui te les répare pour 50c. Un passage à la poste qui a refusé de prendre tes cartes postales. Trop compliqué pour eux…ah les fonctionnaires, tous les mêmes.

Du temps à buller, t’es retourné voir une vieille mosquée soufi Khatmiyah. Elle est tout en brique au pied des montagnes, au calme. Avec le coucher de soleil, elle prend une teinte orange très jolie. Il y avait 3 jeunes femmes tout en noir qui se prenaient en photo devant la mosquée. Mais impossible de se prendre toutes les trois. Elles t’ont demandé que tu les prennes avec leur téléphone. Quelle erreur. Un mec est intervenu, un connard que t’avais vu la veille, en gueulant, les faisant partir d’un côté et toi de l’autre, à deux doigts de la lapidation ou d’être marié avec les trois d’un coup, à choisir, mouais…

Demain 7h de bus minimum pour Khartoum.

Stoneman, l’homme qui a vu les rochers de près.